Si Mirage n'est pas forcément le meilleur album de Klaus SCHULZE, il représente en revanche un aboutissement du point de vue esthétique dans sa carrière, dans le sens où il a rarement fait d'albums aussi beaux. De plus, la fausse simplicité des morceaux cache bien des oeuvres monumentales et impressionnantes.

En face A, "Velvet Voyage" nous emmène en effet dans un monde incroyablement Beau – et pas seulement beau – avec des nappes de claviers froides et déconcertantes, mais qui se chargent d'une émotion à la fois forte et mourante, comme s'il s'agissait de raconter le voyage d'un thanatonaute vers un idéal de calme paradoxal, d'illustrer une marche somptueusement morbide à destination d'un autre niveau de conscience. Et il ne faut pas se fier à la première écoute, qui donne une impression de monotonie, dans ce titre est cachée une montée en puissance subtile qui n'apparait qu'au bout d'un certain nombre d'écoutes.

Changement de face, et c'est son frère, "Crystal Lake" qui arrive. Il ne démérite pas son nom en effet, c'est un titre vraiment beau, certes plus sec car présentant une séquence cristalline sans claviers pour l'accompagner. Un autre titre à ce morceau serait en fait Hypnose, car c'est l'impression qui domine, une fois qu'on l'entend, il est impossible d'en décrocher. Quelques effets ponctuent çà et là, histoire de donner quand même un peu de relief, même si avec le recul cela paraît supplémentaire sans être superflu. En tout cas, c'est une merveille à écouter d'urgence.

Mirage est un album qui, sans pour autant représenter la quintessence de SCHULZE, demeure on ne peut plus intéressant à écouter et qui, de facto, mérite une attention particulière. Contrairement à son aspect peu engageant, il convient très bien pour découvrir le compositeur allemand.