En 2017, Klaus SCHULZE a 70 ans. Un âge canonique et vénérable pour l'un des génies musicaux de ces 50 dernières années, mais qui petit à petit a pris sa retraite. En effet, si chaque année n'est pas exemptée de sorties d'albums estampillés K.S, le dernier opus avec des compositions inédites, Shadowlands, date tout de même de 2013, et tout ce qui a suivi n'est que réédition sur réédition. Ce n'est pas plus mal pour les fans, mais même TANGERINE DREAM fait de son mieux pour sortir du nouveau contenu.

C'est alors, pour célébrer les 70 ans de K.S, qu'arrive Eternal. L'album est présenté comme un nouvel opus, une nouvelle pierre dans la discographie de l'ex-batteur de T.D et ASH RA TEMPEL devenu un maître des claviers. Oui mais voilà, sur ce point, c'est faux. Oui mesdames et messieurs, formellement, Eternal est une arnaque. Ce n'est qu'une compilation à peine déguisée. Remarque, on aurait dû s'en douter, rien qu'à la pochette qui n'est qu'une réinterprétation de Mirage (1977), album culte s'il en faut. Et dire que je comptais arrêter de vous saouler, amis lecteurs, avec toutes les rééditions de SCHULZE.

Passons au contenu. Eternal est un double-album qui a quand même le mérite de contenir l'intégralité de Ion, un album promotionnel sorti de manière confidentielle en 2004. Il s'agit d'une bonne petite heure de musique électronique, avec le genre de morceaux auxquels on aime bien s'attendre de la part de K.S. Rien que pour ça, on peut se dire que ça vaut le coup d'acquérir Eternal plutôt que de fouiller dans les méandres des brocantes ou de faire son pirate de la toile. En revanche, pour "Rhodes Romance", c'est une autre paire de manches. Il s'agit d'un des deux morceaux bonus de Shadowlands, qui était paru dans une version 'deluxe' ajoutant un disque supplémentaire à l'album de base, et qui était alors nommé "The Rhodes Violin". Alors oui, le morceau est légèrement plus court, et vaguement mixé de manière différente, il n'en reste pas moins superflu, d'autant qu'il me semble que la version 2 CD de Shadowlands n'est pas si difficile que ça à trouver. Mais vous voulez encore pire ? "Minority Report". Non, ce n'est pas un inédit faisant référence au film de Spielberg, mais tout simplement le remix d'un extrait de Rheingold (2008), lui-même sorti de Live@KlangArt (2001). Quelle arnaque, sérieusement !

Du coup, les seuls vrais inédits sont "Mongolia" et "Schrittmacher". Le premier, sans aucun doute une chute de studios des Contemporary Works (2000-2001), ne mérite pas qu'on s'y attarde. C'est du Klaus SCHULZE des années 2000, sans plus. Par contre, "Schrittmacher", conçu pour un sampler CD, est plus intéressant, car montrant un K.S plus dynamique qu'à l'ordinaire (c'est relatif), même si pas forcément plus inventif. Disons qu'on a là, une fois de plus, le travail méticuleux d'un artisan passionné mais qui ressasse toujours la même chose.

Pour être franc, j'aurais pu frapper Eternal d'un 1/5 de la honte, vendre cette compile comme un nouvel album studio relevant clairement de l'arnaque. Mais la présence de morceaux très rares dans la discographie de K.S pousse à une grande indulgence, et même à dire, du bout des lèvres, d'y jeter une oreille. Mais c'est tout.