En 2014, sortait La Vie Electronique 15, qui était censée fermer le bal de la réédition en plusieurs volumes de l'imposant coffret The Ultimate Edition (2000). Pour rappel, ce coffret était lui-même une compilation de trois coffrets rétrospectifs de la carrière de Klaus SCHULZE. Le long projet initié en 2009 avait donc enfin pris fin... à ceci près qu'il restait des questions pour les fans, et en premier lieu : que faire des morceaux non réédités ? En effet, tout The Ultimate Edition ne s'était pas retrouvé dans La Vie Electronique, et on pouvait du coup se poser la question de savoir si seuls quelques chanceux présents en l'an 2000 allaient pouvoir écouter ces morceaux.

Heureusement, la réponse est arrivée bien vite, en 2015. Solution ? On édite La Vie Electronique 16, tout simplement ! Et les choses ne sont pas faites à moitié, puisqu'il s'agit d'un quintuple album. Un quintuple album ! Voilà donc un investissement qui a de quoi faire peur, surtout pour le portefeuille, mais pas de panique, à 25 € le coffret, ça fait donc 5 € le CD, on a franchement vu pire.

La Vie Electronique 16 part donc du bon pied, mais continue-t-elle sur le même chemin ? C'est plus difficile à dire de manière spontanée. Le coffret réunit plusieurs morceaux de Klaus SCHULZE issus de périodes bien différentes, et hélas mélangés sans ordre chronologique ni cohérence. On passe ainsi de "Landpartie" (1970) à "Berlin Zehlendorf" (1976) sans le moindre sens. Tout juste pourra-t-on noter que le CD 5 rassemble plus de morceaux de la période 1989-1991 de KS. Pour être franc, une occasion de retracer le parcours de Klaus SCHULZE de manière synthétique et complète (rien à voir avec une certaine compilation des années 90) a été ratée avec La Vie Electronique 16.

Tant pis, il faut faire avec ce qu'on a. La Vie Electronique 16 tire son épingle du jeu par rapport à d'autres volets par la présence, en ouverture, d'un morceau postérieur à The Ultimate Edition. En effet, "Chinese Eyes" est tiré d'un coffret indépendant, Contemporary Works II (2002) – dont certains attendent une réédition – et permet de voir un visage encore plus récent de Klaus SCHULZE, ce qui fait assez plaisir à entendre. Le morceau en lui-même est correct, bien qu'il annonce les albums studio assez moyens à venir au moment de sa création.
Du reste, rien de forcément innovant. Bien des morceaux live enregistrés lors de l'âge d'or de KS sont présents, et s'imposent d'autant moins que leur qualité sonore est discutable. C'est limite s'ils n'ont pas été placés tels qu'enregistrés, sans aucun effort de remasterisation, ce qui est dommage pour "Totally Wired" (1977) par exemple. D'autres en revanche, logiquement les plus récents et enregistrés en studio, sonnent bien mieux, à l'instar du sublime "Unikat" (1989) qui aurait très bien pu se retrouver sur Miditerranean Pads (1990).

Au sein de la discographie de Klaus SCHULZE, La Vie Electronique 16 est anecdotique, encore plus que le précédent volet. Le génie allemand a vraiment pris le meilleur dès le début, reléguant à juste titre les morceaux les moins bons pour la fin. La hype que pouvait avoir le fan de KS chutera bien bas à son écoute, mais au moins le catalogue complet de The Ultimate Edition a-t-il pu être réédité, et c'est une performance à saluer. Maintenant, il n'y a plus qu'à attendre une éventuelle nouvelle série d'inédits, qu'on pourrait alors espérer meilleurs.