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Klaus SCHULZE - Totentag (1994)
Par WALTERSMOKE le 6 Juillet 2013          Consultée 3108 fois

Les génies ne sont pas infaillibles. Ils ont tous des faiblesses ainsi que des périodes où tout ce qu'ils entreprennent est un échec. Les génies sont humains et, par syllogisme, Klaus SCHULZE en est donc un. Il a eu dans les années 80 un gros coup de mou qui a donné un Megatone des plus curieux et surtout le catastrophique Inter*face (mais aussi le magnifique Dreams), mais ce n'est pas arrivé qu'une fois. En effet, en 1994, après un Moulin de Daudet anecdotique et un Goes Classic sympa mais sans plus, le compositeur allemand sort Totentag, soit le deuxième pire album de sa carrière. C'est d'autant plus regrettable qu'il s'agit d'un projet des plus originaux, à savoir un opéra.
A force d'admirer ses idoles, K.S a fini par faire comme elles. Pendant un an et demi, il a travaillé sur un opéra romantique, mais avec une musique entièrement électronique, dans la lignée de ses travaux habituels. Attention, il ne s'agit pas de dire qu'il fait la même chose qu'avec Goes Classic, il va encore plus loin pour le coup. Mais il ne va pas jusqu'au bout bien sûr, vu que les interprètes dudit opéra sont de vrais humains.

Totentag est un opéra qui parle de la vie et de la mort de Georg Trakl. C'est alors qu'arrive la question à 100 000 euros : c'est qui ce Georg Trakl ?. Réponse : Georg Trakl est un poète autrichien né en 1887. Grand nom de l'expressionisme, sa vie fut des plus mouvementées, entre son addiction aux drogues qu'il se procurait dans la pharmacie où il travailla pendant un moment, l'amour brûlant pour sa sœur, ses poèmes assez sulfureux. Avec un tel parcours, Trakl n'a pas eu le temps d'avoir du recul pour analyser tout ceci : en 1914, guerre oblige, il est envoyé dans les tranchées où il se suicidera trois ans plus tard, par folie et désespoir. Un sujet de choix, donc, surtout pour un opéra romantique. Notons que K.S lui avait déjà rendu hommage sur X en 1978, avec un morceau qui portait son nom.

Totentag dure une centaine de minutes découpées en sept tableaux, étalés de facto sur deux CD. Mais il ne faut pas être dupe, il paraît beaucoup plus long que ça. Pour commencer, K.S le reconnaît lui-même, les interprètes chantent beaucoup trop. On ne pourra pas dire qu'on ne les entend pas, c’est sûr. Ce serait un problème moyen si leur jeu était bon, mais ce n'est clairement pas le cas. Seule Wilhelmina van der Helm, l'unique interprète féminine, semble sobre, les autres surjouant et exagérant à mort. Il n'y a qu'à écouter le dialogue de "Apotheke Zum Weissen Engel" pour s'en convaincre, ou encore "Im Bordell", avec les gémissements ridicules en prime (quoi qu’adaptés au propos).
Et la musique ? Klaus SCHULZE joue toute la musique avec ses claviers et ordinateurs, choix très original, mais au résultat pour le moins étrange qui pourrait servir de blind-test pour qui connaît bien les autres albums du compositeur. Outre les effets sonores dont K.S use et abuse à cette époque, des extraits entiers sont rejoués ici. Prenez "Grodek", par exemple. Il s'agit ni plus ni moins que d'une version avec chant de l'ouverture du Royal Festival Hall Vol.2, tout simplement. C'est osé et audacieux, mais ça ne rend pas très bien.

Pas la peine de s'éterniser dessus, Totentag est un échec. Le projet était superbe sur le papier, mais le produit final est tristement lamentable. Rien ne plaide en faveur de l'album, ni les chanteurs ni la musique, un vrai désastre. Heureusement, ce n'est pas le dernier album de 1994 puisqu'un autre projet tout aussi original arrive pour la fin de l'année, cette fois bien plus satisfaisant.

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- Klaus Schulze (claviers, ordinateurs)
- Peter Christoph Runge (baryton)
- Wilhelmina Van Der Helm (mezzosoprano)
- Rölof Östwoud (ténor)
- Harry Peeters (chant basse)
- Dennis Lakey (contre-ténor)


1. Prelude/apotheke 'zum Weissen Engel'
2. Liebsszene
3. Im Bordell
4. Das Leere Theater

1. In Venedig
2. Grodek
3. Der Freitod



             



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