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Klaus SCHULZE - Babel (1987)
Par AIGLE BLANC le 3 Juin 2015          Consultée 2245 fois

La pochette de Babel se signale par sa beauté, même si le mérite de son concepteur est amoindri du fait qu'il s'est appuyé sur une reproduction du célèbre tableau de Pieter Bruegel l'Ancien, chef-d'oeuvre de l'art pictural. Le graphiste a su exploiter l'espace que lui réservait le format carré de la pochette en jouant avec subtilité de la superposition d'un motif agrandi de l'oeuvre du peintre flamand. Comme avec Dreams, l'opus précédent de 1986, c'est le classicisme du visuel qui prévaut ici, à l'opposé des ambiances futuristes qui prédominent d'ordinaire et qu'appelle plus logiquement la musique du synthétiste allemand.

Les années 80 ont vu Klaus SCHULZE multiplier les collaborations, au sein de son groupe parallèle RICHARD WAHNFRIED où intervenaient entre autres le guitariste Manuel GÖTTSCHING et le percussionniste Michael SHRIEVE, comme avec le pianiste RAINER BLOSS qui co-signa l'album Drive Inn en 1984 ainsi qu'une tournée mémorable en Pologne ayant donné lieu à un double Live intéressant. C'est à nouveau un double patronyme qui s'inscrit en gros caractères d'imprimerie au-dessus du titre Babel : SCHULZE & GROSSER. L'acolyte est-allemand de SCHULZE avait tenu le poste de pianiste dans Dreams, album auquel il avait conféré l'empreinte plus classique qu'on retrouve ici. Mais force est de constater que ce musicien n'a plus vraiment fait parler de lui depuis.

Parce qu'il s'inspire du fameux mythe de l'Ancien Testament, c'est sans-doute l'album de SCHULZE le plus conceptuel de sa discographie, si l'on excepte la poignée de B.O composées pour des films obscurs. Babel reste le symbole éternel de l'homme arrogant aveuglé par son ambition de défier Dieu le Père. Ce mythe en deux étapes raconte l'érection puis la chute de la Tour de Babel. Décidés coûte que coûte à élever leur cité jusqu'au royaume céleste, les hommes bâtisseurs voient leur outrecuidant projet contrecarré par le tout puissant Créateur qui, pour enrayer cette folie galopante bien trop structurée, fait souffler sur le chantier un vent de discordes qui frappe tous les ouvriers rendus inopérants par l'apparition des langues multiples. Les messages dès lors ne passent plus et se perdent dans le chaos linguistique occasionné... Et c'est à la tour de Babel de s'effondrer, elle qui avait eu l'impudence de dépasser la cime des plus hautes nuées.

SCHULZE et GROSSER suivent scrupuleusement le cahier des charges annoncé par le titre éponyme. la Piste 1 raconte l'ascension de Babel. Disons-le tout net : cette section interminablement monotone provoque le désintérêt précoce de l'auditeur. Depuis ses débuts, la musique de SCHULZE s'appuie avec plus ou moins de bonheur sur le principe de répétition. Je me permets à ce titre de rappeler sa dette envers l'école minimaliste américaine (Terry RILEY, Philip GLASS) de façon à nuancer l'affirmation selon laquelle le Krautrock serait l'émanation exclusive d'une culture germanique affranchie de toute influence extérieure. Mais cette répétition ici demeure stérile. Pourtant, la jolie ambiance qui s'instaure dès l'ouverture (on note l'absence d'introduction) est tenue jusqu'au bout. Le piano joue sur deux textures : des accords graves contrebalancent des touches aiguës sautillantes qui tissent une toile de fond vaguement médiévale, tandis que sporadiquement le Fairlight apporte la touche épique de circonstance. Les belles sonorités déploient tout leur charme. En ce sens, Babel poursuit la palette sonore rétro initiée par Dreams. Cependant, l'absence de variation dans les rythmes et des vagues de synthés un peu poussives finissent par instiller un sentiment d'ennui poli qui ne lâchera plus l'auditeur jusqu'au bout des 25 trop longues minutes. A moins que cette monotonie laborieuse ne traduise l'effort vaniteux des bâtisseurs eux-mêmes qui, inlassablement, poursuivent sur le chantier leurs lourdes taches répétitives. Dans ce cas, d'aucuns pourraient estimer réussie cette première partie.

En décrivant la colère et la punition divines puis la destruction de la tour, la Piste 2 n'a aucune peine à se montrer la plus dramatique, la plus saisissante aussi. On retrouve ici le chœur synthétique qui avait marqué d'une empreinte cauchemardesque le titre éponyme de Dreams. Cette fois, l'absence de batterie électronique ne laisse la place qu'à la ample et solennelle ondulation d'un chœur menaçant qui parcourt les trois quarts de la composition et lui confère son intensité. Inlassablement, GROSSER assène au piano une marche funèbre de 5 notes qui traduit à la fois la mégalomanie de l'homme condamné à l'échec et la souffrance de celui-ci à la vue de ses rêves bafoués. Le chœur et autres nappes de synthés nous immergent au-delà des nuées, là où les hommes ont réussi à élever leur tour, où l'air se raréfie et où les efforts démultipliés n'accouchent plus que de rêves stériles. Il y règne le même sentiment d'ambition démesurée qui suintait du film Aguirre ou la Colère de Dieu (1972) de HERZOG dont POPOL VUH avait admirablement traduit avec son chœur solennel et éthéré le caractère dérisoire. Sans recourir au Moog de Florian Fricke mais en utilisant les instruments digitaux en vigueur en 1987, SCHULZE parvient à un rendu similaire mais avec un retard de dix-sept ans qui n'impressionnera plus personne et retire à son chœur une partie de sa saveur.

Le dernier tiers de la Piste 2 introduit le passage le plus expérimental de l'opus. En effet, tandis que le chœur s'estompe, s'amplifie un capharnaüm de ferrailles marquant l'effondrement du chantier frappé par la malédiction divine. Cette longue partie sans musique, striée par les blocs d'échafaudages qui s'écroulent les uns sur les autres et produisent en se percutant des grincements métalliques amplifiés par les vibrations, rejoint les travaux de Pierre SCHAEFFER, l'inventeur de la Musique Concrète. Le chaos sonore résonne magnifiquement à l'oreille. La poésie qui s'en dégage me donne vraiment l'impression d'entendre les râles agonisants de la Cité effondrée dont le ballet renouvelé des outils abandonnés frappant la pierre serait le râle de la créature malfaisante engendrée par la mégalomanie de l'homme.

Les 13 titres affichés au dos de la pochette permettent de suivre le programme mais ne rendent absolument pas compte de l'expérience auditive à laquelle nous invite Babel. Il s'agit plutôt de deux longues plages ambiantes dont les divers mouvements s'enchaînent imperceptiblement et sans discontinuité. Dommage que l'ennui domine l'ensemble.

Note réelle 2,5/5.

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   AIGLE BLANC

 
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