Ce qu'il y a de bien avec les anthologies tirées de manière collector, c'est qu'elles offrent un potentiel de publications ultérieures, surtout chez Klaus SCHULZE. En effet, entre 2009 et 2015 ont été publiés les 16 volets de la saga La Vie Électronique, versions fragmentées, ordonnées et bien évidemment plus courtes du coffret The Ultimate Edition (2000), lui-même compilation de trois anthologies sorties entre 1993 et 1997. Et alors que Klaus SCHULZE continue de mener sa vie dans son coin, voilà qu'en 2016 une série de rééditions massives du catalogue du musicien est annoncée. Dans un véritable déluge de publications, outre les grands classiques, voilà que MiG s'attaque de nouveau au coffret Contemporary Works sorti en l'an 2000. Je dis bien 'de nouveau', car le mastodonte de 10 CD contenant de la musique alors toute fraîche a déjà été partiellement réédité, via les albums Vanity of Sounds et The Crime of Suspense ainsi que la série des Ballette, tous sortis entre 2005 et 2006. Dix ans plus tard, le bal des rééditions reprend avec Privée, à l'origine 4ème CD de Contemporary Works.

Privée est un disque qui ne chamboulera pas les habitudes d'un fan de Klaus SCHULZE. Enregistré à la fin du siècle dernier, il sonne de manière complètement typique de l'époque, sans que cela ne puisse interpeller durablement. Est-ce à dire qu'il s'agit d'un album décevant ? Non, car aussi connues soient les terres sur lesquelles on rôde ici, il ne faut pas oublier qu'on parle de Klaus SCHULZE, un musicien capable de sortir un très bel ouvrage quand il s'y met. La beauté, c'est ce qui peut caractériser Privée. Pendant près d'une heure (une durée raisonnable chez K.S), c'est une musique moderne (pour l'époque) et planante qui débarque, nantie d'un sens du rythme plutôt solide. Certes, on est loin des fresques dantesques des années 70 et 80, mais à l'apparat à la fois épique et minimaliste s'est substituée une musique plus organique, voire plus liquide, comme si K.S cherchait une forme d'onirisme. Les quelques touches de mellotron que le claviériste dissémine aident également à rendre le tout intéressant.

Le moins qu'on puisse dire en ce qui concerne Privée, c'est que c'est réussi. Loin des expériences musicales clairement ratées de la fin des années 90, SCHULZE offre un disque pouvant être conseillé, y compris pour ceux qui tiennent encore au 'carré magique' de 1975-1978. Cela dit, il faut avoir une bonne assise pour l'apprécier au mieux, et ce n'est pas dit qu'un néophyte puisse y trouver son compte. Et u fond, quel est l'intérêt d'acheter des pièces détachées de coffrets ? Pour La Vie Electronique, c'était logique, (après tout un coffret de 50 CD ne peut que difficilement être produit et écoulé à moyenne et pourquoi pas grande échelle), mais en ce qui concerne Contemporary Works, la question se pose de manière d'autant plus légitime qu'en parallèle, la série The Dark Side of the Moog n'est pas rééditée volet par volet, mais bien en blocs. On pourrait dès lors accuser la maison de disques de chercher à adopter une stratégie commerciale douteuse, peut-être pas autant que TANGERINE DREAM, mais quand même.

Privée est donc un album qui pousse à se poser des questions, mais reste intrinsèquement bon. Il faut dire qu'à l'époque Klaus SCHULZE avait réussi à se reprendre, même s'il faudra par la suite attendre longtemps avant qu'il ne propose un contenu aussi fascinant.