AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

1994 est une année riche pour Klaus SCHULZE. En cette année, ce sont pas moins de quatre albums qui sortent sous son nom, cinq si l'on compte le WAHNFRIED. Il ne faut toutefois pas croire qu'ils ont été composés à la va-vite : K.S les a créés entre 1992 et 1994. Tout ceci sort donc d'un coup en une seule année, et c'est Le moulin de Daudet qui ouvre le bal.

Le moulin de Daudet est la troisième bande originale de film composée par K.S, après Body Love et Angst. Cette fois, le musicien allemand est sollicité pour accompagner une énième adaptation de la vie du célèbre écrivain français, youpi. Le film a dû passer de manière inaperçue à l'époque, et aujourd'hui, dire que plus personne ne se souvient de lui n'est pas une contre-vérité, loin de là. Quant à sa B.O, elle a eu un peu plus de chance, ceci étant notamment dû au fait qu'elle peut s'écouter comme un album studio, et non comme une musique dénuée de sens sans l'image.
Le moulin de Daudet est une oeuvre complètement déconcertante pour qui connaît bien l'univers de K.S. En effet, si l'album dure une bonne petite heure, il faut savoir que le morceau le plus long dure moins de 7 minutes. Eh oui, Le moulin de Daudet est une fresque décomposée en 21 petits mouvements, comme une B.O standard. Les plus puristes d'entre les fans, ceux qui ne jurent que par de longs mouvements, peuvent donc passer leur chemin. Ah, et détail étrange, alors que le film est une production 100% gauloise, les titres sont en anglais. Cela renforce d'autant plus un détachement musique/film.

Le moulin de Daudet sonne pourtant bien comme du SCHULZE. Il s'agit même d'un album en plein dans la veine du MIDI, avec toutes ces imitations d'instruments de toute sorte. D'ailleurs, les simili-flûtes sont assez nombreuses sur cet opus. L'ambiance générale qui se dégage est celle d'un album assez beau. Mais tout ce qui est beau n'est pas forcément bon, et ce n'est pas cet album qui fera dire le contraire.
De temps à autre, certains titres arrivent à concilier les deux. Ainsi, "First Church Sequence" est une merveille d'ambient, une vraie sucrerie de 2 minutes où K.S fait montre de talent. De même, "Folk Dance" donne une idée de ce que pourrait être un grand morceau, dans tous les sens positifs du terme. Dommage qu'il soit si court, mais il ne faut pas oublier qu'il se trouve sur une B.O. Le reste est assez ennuyeux, voire bâclé. Dans le haut du panier, peuvent être également ajoutés "Paradise & Inferno", avec une voix féminine splendide et efficace.

Les morceaux défilent, se succèdent sans qu'à aucun moment l'auditeur soit happé par la musique, à part les exceptions citées plus haut. Ce qui est remarquable en revanche, c'est l'absence de morceaux vraiment mauvais. Dans l'ensemble, Le Moulin de Daudet ressemble plus à une gentille récréation qu'autre chose. Le caractère anecdotique ressort en premier lieu, malgré quelques coups d'éclat et le talent de Klaus SCHULZE qui ne faiblit pas. A écouter par curiosité.

Note réelle : 2,5/5