Rétrospectivement, le premier album de TANGERINE DREAM vend du rêve. Imaginez : Edgar Froese, Klaus Schulze ET Conrad Schnitzler ensemble dans un studio pour enregistrer un album entier. Eh oui, voilà un supergroupe avant l’heure et ce n’est pas rien de le dire - de la même manière que ce n’est pas anodin d’être devant un disque au nom mensonger.

Electronic Meditation, c’est avant tout du krautrock pur et dur. Plus dur qu’autre chose en fait, avec cette production granuleuse et sentant bon la dèche. La guitare de Froese est abrasive, la batterie de K.S brutale, les cordes de Schnitzler rugueuses. Outre le fait que l’album est sorti de par la volonté du producteur plus que celle du groupe, force est de constater qu’il jure complètement avec le reste de la discographie de T.D, ne serait-ce qu’au sein des Pink Years (1970-1973).
Pourtant, Electronic Meditation fait amplement partie des meilleurs albums toutes périodes confondues. L’ambiance sinistre et rituelle, rythmée notamment par des constructions plus ou moins répétitives annonçant effectivement le futur de TANGERINE DREAM, est complètement réussie de bout en bout, notamment à travers "Journey through a Burning Brain", soit le pilier définitif, la colonne vertébrale de l’opus.

Soyons honnête toutefois : Electronic Meditation n’est pas un album adapté à tous. Ce qui fait sa force en fait aussi sa faiblesse pour quiconque ne s’y connaît que peu ou prou en musique expérimentale, et même un amateur de krautrock pourra préférer quelque chose de plus accrocheur ou sympathique, à l’image du premier KRAFTWERK par exemple - encore un premier album radicalement différent du reste. Et quand bien même, les sonorités d’orgue, en particulier sur "Ashes to Ashes", sont assez datées et risibles, assez pour laisser sceptique.

Pas un chef-d’oeuvre, pas un album représentatif ni facile d’accès, mais une pépite délicieusement âcre : voilà ce qu’est Electronic Meditation.