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TANGERINE DREAM - Electronic Meditation (1970)
Par BAKER le 1er Octobre 2019          Consultée 724 fois

La marmite bouillonnante de l'Allemagne (de l'ouest) de la fin des 60's a été probablement le plus gros vivier d'expérimentations musicales au monde, devançant le free rock psychédélique américain et le progressif protéiforme à l'anglaise. Et la rencontre entre Edgar FROESE, guitariste pop-rock brillant, Klaus SCHULZE, batteur expansif, et le violoniste avant-gardiste Conrad Schnitzler a donné naissance à la toute première incarnation vinyllique, semi-officielle, de TANGERINE DREAM, un des principaux actes de bravoure de cette Allemagne électrisée. Une incarnation qui n'a pas duré longtemps : SCHULZE a très vite mis les voiles pour trouver sa propre voie, et Schnitzler, électron libre, est parti également mettre son violon et son grain de folie au service d'autres formations.

Mais surtout une incarnation qui n'aurait pas dû naître sur acétate, et en tout cas ne pas faire d'Electronic Meditation le premier album du groupe - à tel point qu'Egdar FROESE a toujours refusé de le considérer comme un vrai album fini de T.DREAM, lui qui pourtant a validé nombre d'atrocités par la suite. Non seulement la musique n'était pas censée atterrir sur nos platines, mais le disque est sorti sous conditions, l'une d'elles étant le titre imposé : MEDITATION ELECTRONIQUE !

...Sauf qu'il n'y a pas un atome d'électronique là-dedans. De l'électricité, oui. Dans les amplis, dans le jeu nerveux, frénétique, halluciné (on s'approche du free rock extrême parfois), dans les effets aussi puisque tout et n'importe quoi est branché n'importe comment (sur le début de "Cold Smoke", difficile de savoir qui d'Edgar ou de Conrad émet ces murmures écharpés). Mais de l'électronique, point. Les synthétiseurs, ça attendra le prochain album (et encore). Ce qui n'empêche pas le trio de pratiquer une musique concrète, très imagée, loin, aux antipodes même, du "rock" de l'époque. Il n'y a quasiment pas de mélodie, uniquement des improvisations de flûte ou de guitare (dont celui du milieu de "Cold Smoke", le sommet du disque avec un Edgar très HENDRIXien). Il n'y a pas non plus de rythme, SCHULZE se servant de sa batterie plus comme d'un violent exutoire que comme un vrai instrument rythmique.

En revanche, il y a, de façon brute et mal organisée, deux bases du futur groupe : les plages ambiant et les séquences. Pour l'ambiant, comptez sur "Genesis", organique, strident, macabre, malsain, chaotique, primal, pour vous plonger 5 minutes durant dans une espèce d'évocation post-mortem de notre chère vieille météorite qui a décimé tout un rang de Kikis à écailles. Pour les séquences, c'est très bref et un peu dévoyé, mais c'est pourtant là : au milieu de "Journey...", une guitare électrique en son clair entame une litanie répétitive qui, dans son effet, préfigure "Phaedra". Non, il y a des choses intéressantes dans ce disque, on sent déjà une folie créatrice incanalisable, la volonté de s'affranchir de toutes les barrières.

En revanche, au-delà de l'aspect historique, je n'ai jamais aimé et n'aimerai jamais ce L.P. Ce n'est pas faute d'avoir essayé : après 20 ans et 20 écoutes, le jusqu'au-boutisme de l'expérience ne me touche pas. Le krautrock a toujours été barré, mais ici on est plus dans la musique atonale, concrète et totalement expérimentale entre SCHAEFFER, XENAKIS et LIGETI, en plus sale, en plus rageur. Son écoute est difficile et, à dire vrai, un peu trop pour en tirer pleine satisfaction : la promesse de "Genesis" n'est pas tenue, et le disque finit par se traîner. Je ne suis même pas certain que l'aspect cyclique de la fin ait été fait exprès, tant le tout sent plus l'heureux événement que le concept à dessein. Alors, on sourit quand SCHULZE entame un rythme de chacha ("Ashes to Ashes"), on tend l'oreille quand le début de "Resurrection" tente de donner une légitimité à l'oeuvre, mais la pression finit toujours par retomber.

A la fin du frénétique "Cold Smoke", la musique s'arrête soudainement et l'on entend un musicien (Edgar ?) respirer avec peine, comme oppressé. Comme si l'arrêt de la musique l'avait libéré d'une torture. Or, si les plus hardis d'entre vous se délecteront d'une ambiance aussi macabre, beaucoup, dont votre serviteur, trouveront l'exercice à la fois trop torturé pour attirer une maigre attention, et pas assez pour réellement faire peur. En tant que disque, Electronic Meditation, qui est donc autant électronique que méditatif, est un drôle de zèbre plus culte que réellement bon. En tant que document sonore d'une jeunesse flinguée et aux abois, c'est une autre paire de manches. Dans tous les cas, rien ne préfigure ce que ce groupe alors éphémère va devenir.

Note finale : 1,5 / 5

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- Edgar Froese (guitare, claviers, effets)
- Klaus Schulze (percussions, effets)
- Conrad Schnitzler (violoncelle, violon, guitare, effets)


1. Genesis
2. Journey Through A Burning Brain
3. Cold Smoke
4. Ashes To Ashes
5. Resurrection



             



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