Je le trouve très intéressant, ce disque qui inaugure l'ère numérique. SCHULZE y propose des climats qui varient d'un titre à l'autre, ce qui infuse à l'album suffisamment de fraîcheur pour en rendre l'écoute agréable. Certes, le fan du son chaud des années 70 (ah l'ère analogique, snif snif !) a de quoi être choqué par un changement de cap radical. Je l'ai été moi aussi, mais après plusieurs écoutes, je dois admettre que Dig It a su me séduire. Même son aspect parfois ringard participe de son charme. Je l'écoute comme une œuvre anticipatrice de son époque mais que les années ont considérablement démodée. Il en reste une impression rétro-futuriste intéressante.
SCHULZE était en train de se réinventer à cette époque, un peu comme TANGERINE DREAM d'ailleurs. Des groupes qui, après 10 ans de carrière fort marqués, ont su renouveler leur palette sonore tout en restant à la pointe du progrès, ne sont pas légions.
Il faut rendre justice à SCHULZE d'avoir osé renouveler ses fondements musicaux. Ici, il aborde plusieurs styles.

"Death of An Analogue" s'apparente à une marche funèbre du plus bel effet. Les percussions et la voix au vocoder impriment un climat très étrange, limite angoissant. "Weird Caravan" surprend par le groove énorme de sa basse et du clavier très jazzy qui chante par-dessus. C'est surprenant certes, mais pas désagréable. "The Looper Isn't A Hooker" vaut surtout par son climat étrange et par une spatialisation des percussions très marquante. "Synthasy", le dernier titre, est celui qui se rapproche le plus du SCHULZE traditionnel, notamment du point de vue formel : une longue introduction improvisée qui donne l'impression que le compositeur ne sait pas quelle direction adopter avant qu'il ne trouve un gimmick aussi simple que séduisant avec lequel il va s'amuser en le poussant, au moyen de la répétition, jusqu'à une forme d'extase. Il avait procédé de la sorte avec le "Voices Of Syn" de Blackdance.
Pas un chef-d'oeuvre certes, mais un excellent opus.