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La technologie m'a tuer
Par GEGERS le 1 Mai 2011 Consulté 4704 fois

Désormais, il y a donc la Journée des disquaires. Si si, le 16 avril, peut-être en avez-vous entendu parler. Après la journée des zones humides et la journée du pied, le bon vieux vinyl et le CD ont eux aussi droit à leur célébration en grandes pompes, censée rebooster un secteur en crise, et dont le déclin semble de plus en plus inéluctable. Les enseignes indépendantes ferment les unes après les autres, et même les chaînes se retrouvent en difficulté, forcées de diversifier leurs activités pour continuer d'attirer le client. « La technologie m'a tuer », pourrait-on lire sur les façades désormais vierges de tout article des petits magasins de centre-ville. Aujourd'hui, l'acheteur lambda va à Carrefour se procurer le dernier Johnny, savamment classé dans le bac « hard rock » par le chef du rayon fruits et légumes. Ou bien il se rend encore, de temps en temps, à la FNAC, car tout de même, le dernier album de Julien Doré accompagnerait bien le livre illustré des « 100 blagues racistes bidonnantes » offert par mémé à Noël...

Le regard abattu, le disquaire s'enfonce, fier et digne, dans l'imaginaire populaire. On ne le croise plus dans les rues. Lui qui était de bon conseil, prêt à faire écouter avant d'acheter, prêt à commander l'album désiré à l'autre bout du monde s'il le fallait, ne fréquente même plus les foires au disque, qui perdent leur intérêt pour l'amateur de musique, devenant de simples bourses de collectionneurs, élitistes et confidentielles. Mes disquaires sont morts. Ils étaient logés, dans une petite ville du centre de la France célèbre pour sa porcelaine, juste en périphérie des rues les plus commerciales de la bourgade. Suffisamment bien placés pour bénéficier d'un bon trafic piétonnier, mais suffisamment excentrés pour éviter les musicophages de supermarché. Ils faisaient de tout. Du neuf, de l'occasion, de l'import, du merchandising, et avaient toujours une petite découverte en réserve. Pas de pochette, pas de code-barre, la nouveauté du moment en écoute sur des hauts-parleurs discrets, et le nom des artistes inscrit à la main sur les séparateurs de bacs. Une caverne d'Ali-Baba, une corne d'abondance stimulant l'imaginaire et la soif de découvrir du musicophile averti. Que de fantasmes naissaient au regard de ces visuels fascinants, que d'espoirs fébriles lors du chemin entre le magasin et le domicile. Surprise ? Découverte ? Déception ? Le disquaire se faisait le garant des émotions. Mes disquaires ont baissé leur rideau à quelques années d'intervalle. Le spécialiste hard rock/metal tout d'abord, dont les bacs en bois restaient désespérément pleins. Je lui dois entre autres Helloween, Saxon et Cheap Trick. Le généraliste ensuite, miné par la présence proche d'une FNAC, et handicapé par le prix exorbitant du CD, la galette de plastique se moyennant régulièrement autour de 20 euros... Je lui serai reconnaissant d'avoir pour la première fois mis entre mes esgourdes Jethro Tull et Blue Öyster Cult. Le magasin de disques devient une curiosité, dans lequel seuls quelques bobos se voulant puristes et ventant les mérites et les formidables qualités d'écoute du microsillon se rendent encore. Aux États-Unis, un site recense les photos de ces devantures de magasins définitivement closes, aussi mornes et tristes que l'état actuel de l'industrie musicale.

Aujourd'hui, mes disquaires s'appellent Amazon, Musicbuymail et EMP. Généralistes ou spécialisés, ils partagent cette froideur des bacs impersonnels et bordéliques dans lesquels les labels indépendants peinent à se faire une petite place. Le prix de la rondelle reste le même, la qualité de service en moins. Il y a le téléchargement illégal bien sûr, communément admis et permettant d'épancher sa soif de découverte, permettant ensuite d'investir ses deniers de manière sûre, sans crainte d'avoir foutu en l'air le prix d'un demi-plein d'essence. Le téléchargement légal ? Une dizaine de fichiers mp3, vendus arbitrairement une dizaines d'euros, ne remplaceront jamais le plaisir d'apprivoisement de l'objet, tout comme l'absence de pochette nuit à l'appréciation de la musique dans sa globalité.

Et les artistes, dans tout ça ? Ils n'en sortent certainement pas enrichis, et certains se voient contraints de stopper leurs activité, faute de deniers suffisants pour investir dans l'enregistrement d'un nouvel album (cf le cas Celtic Legacy en 2009). D'autres innovent, à l'image de Radiohead, traitant directement avec les acheteurs et leur permettant de fixer eux-même leur prix d'achat des nouveaux albums du groupe. Pour les petits groupes, la disparition des disquaires ne signifie pas pour autant la cessation des activités, mais une prise en main forcée de l'aspect commercial de la chose. Pour l'auditeur, c'est souvent la chance de faire naître un contact direct avec ces artistes forcés de traiter directement avec leur public.

Je range mes albums dans leurs étagères, repensant pour chacun d'entre eux au contexte et au moment de son achat. Un lieu, une époque restent irrémédiablement associés à ces objets que cette exécrable Journée des disquaires tente de rappeler à l'inconscience populaire. Alors que la musique était avant tout un plaisir, elle devient aujourd'hui, faute de soldats pour la servir, un combat militant et conscientisé de la part des amateurs. La matérialité de la musique disparaît, au profit d'un foutoir électronique censé être l'avenir de notre passion. Et, du fond de sa ruelle, désormais déserte, le disquaire écrit en lettres de sang : « La technologie m'a tuer ».



Le 28/06/2011 par MOMO

J'ai rien à voir avec le Bac L mais je retrouve un peu ce que je voulais dire avec des mots plus clairs et mieux décrit à propos de ce sujet-ci et des commentaires précédents.

http://jchichegblancbrude.blog.lemonde.fr/2009/06/19/satisfaire-ses-desirs-est-ce-le-bonheur-texte-de-schopenhauer/


Le 20/05/2011 par OMAR

J'ai acheté des disques noirs chez le disquaire dont tu parles. Je copiais sur K7 ceux des copains. J'avais des copies de K7 aussi, merci la fonction copie rapide de ma stéréo.
Puis j'ai acheté des CD, fallait pas se planter à 99F pièce, prix découverte. Je m'en suis mordu les doigts d'avoir rangé certaines daubes dans ma discothèque d'étudiant parce que ça avait l'air bien à la radio. J'avais passé 1h00 à hésiter à la fnac pour ça ? J'aurai du garder mes francs.
Ca m'est arrivé aussi avec des euros.
Sont donc venues les copies de CD sur K7, puis sur CD-ROM, à 1500F le graveur c'était rentable.
Puis sont venus les DVD musicaux qui ont boosté la catégorie jusqu'alors confidentielle des vidéos de concerts ; avant eux on s'échangeait des VHS de taratata et de metal express, avec de la chance un pote choppait le passage de page et plant à nulle par ailleurs.
Puis est venu le MP3.

Grâce à la vilaine technologie j'ai remplacé mes bacs de vinyls, ma rangée de K7, mon armoire de CD et mon tiroir de DVD et de VHS par un truc qui tient dans la poche.

C'était mieux avant ? Laissez moi rire !

Je n'ai tuer personne et ma culture musicale ne s'est jamais aussi bien portée.

Même Metallica a survécu à Napster et au stupide procès qu'ils lui ont fait, maintenant ils sont dématérialisés de leur plein gré eux aussi.

Je ne regrette pas : ma chaine stéréo, ma TV, mon magnétoscope, mon téléphone filaire, mes disquettes, le passé.

Mon disquaire ? Il n'a pas tout perdu, il a gagné une journée rien qu'à lui et prodigue sûrement ses bons conseils musicaux sur un site de chroniques.


Le 06/05/2011 par BOB LA TAUPE

Avec la dématérialisation, on prendra encore de moins en moins conscience des valeurs des choses.
C'est vrai, quel plaisir y a-t'il maintenant à pouvoir télécharger illégalement, gratuitement, en une petite après midi 5, 6 albums, et dans une semaine une petite quinzaine ?

Pour ceux qui ont connut la façon "old school", il y avait beaucoup plus de plaisir à aller chez un discaire X et Y, de se faire conseiller (comme encore maintenant chez un libraire).
On fait aussi bcp plus attention à ce qu'on écoute.

Le seul avantage c'est actuellement c'est gratuit, et qu'on peut connaitre des groupes super rares sans pour cela aller chez un disquaire et se le faire commander le premier album de Soft Machine et de Amon Duul II en payant cher et vilain et l'ayant pas avant 3 semaines de patience.
Pour la qualité, le flac donne un résultat nettement meilleur que le mp3 et qui se rapproche nettement mieux du vrai CD.

Mais du coup il n'y a plus de mérite à connaitre tel ou tel groupe fort rare, et de se payer une étagere de milliers de disques vierges qu'on a gravés (ou un dossier d'albums sur l'ordi si on ne le fait pas).



             



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