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Si les disques vinyles ont été supplantés par les CD, puis la dématérialisation, ils symbolisent encore pour beaucoup l’essence même de la musique en général et du Rock en particulier.
Le disque vinyle, qui s’est généralisé après la seconde guerre mondiale, constituait une réelle amélioration vis-à-vis des supports existants (moins de chuintements, plus de durée d'écoute, plus légers et solides, meilleure reproduction des aiguës, moindre usure du saphir et du disque…). Ce qui a largement contribué à sa popularisation.
Il est généralement noir pour une raison pratique : on ajoute au PVC un colorant noir afin de permettre de mieux distinguer le microsillon sur lequel déposer le saphir.

Mais là où cela devient amusant, c'est que, sans surprise, des petits malins se sont vite employés à faire preuve d’imagination et d’originalité pour jouer avec ce support et en tester les possibilités.
Tout d’abord en utilisant d’autres colorants afin de proposer des disques de toutes les couleurs, voire même transparents, pour ensuite développer des disques décorés d’images (Picture-discs).
Dès 1918, la firme Vocalion a l’idée d’ajouter des couleurs à la cire noire utilisée pour la fabrication de ses disques. Deux ans plus tard, une équipe de techniciens parvient à insérer une feuille de papier métallisé illustrée entre le support-disque et la fine pellicule où le sillon est gravé. En 1928, la RCA-Victor décide d’acheter ce brevet, une idée du directeur du département technique, un nommé David Sarnoff, un radioamateur devenu célèbre pour avoir capté le S.O.S. du Titanic en 1912, ce qui n’empêcha pas le paquebot de sombrer mais sauva néanmoins 700 passagers.
Il faut attendre cinq ans pour que la firme produise ses premiers picture discs qui étaient souvent ornés de portraits des stars du cinéma muet, raison pour laquelle on les appelait Talk O’ Photos.
En 1946, Tom Saffady lance le label Vogue avec pour objectif d’établir la synthèse des expériences antérieures en matière de disque-illustré tout en y apportant une meilleure qualité sonore et de la robustesse. Pour cela, il utilise un support en aluminium. En moins d’un an, une centaine de disques sont produits, mais l’aventure est de courte durée. D’importants retards de livraison et un prix prohibitif l’amènent à la faillite.
L’un des picture discs les plus rares demeure l’édition brésilienne du Dangerous de Michael JACKSON, dont une des faces comporte, par erreur, du Richard CLAYDERMAN, le parfait mistaken-disc.

Un autre délire consiste à jouer avec les formes (shaped-discs) pour aboutir à l’antinomie absolue d’un 'disque' carré. Les premiers paraissent en France, en forme de petits carrés pouvant être glissés dans un paquet de cigarettes. Ils étaient surtout utilisés comme supports promotionnels. Dans les années 60, des sociétés et des artistes utilisent des disques ayant des formes et des tailles différentes comme support de communication.
Parmi les plus célèbres, on peut citer le single "Africa" de TOTO, qui épouse la forme du continent. Le single de POLICE, "Message In a Bottle", qui représente une étoile de policier, ou l’étrange et magnifique mi-tigre, mi-papillon qui décore le "Living In Another World" de TALK TALK.
Un autre détournement du vinyle traditionnel consiste à produire des disques souples qui étaient souvent offerts comme cadeaux publicitaires, à l’intérieur de magazines ou bien joints à d’autres produits.

Mais l’imagination humaine n’ayant pas de limites, certains se sont également amusés à chercher comment jouer avec les microsillons.
Initialement, un sillon en spirale parcourt chaque face, en commençant par le côté extérieur, pour s’achever sur une plage lisse située au centre du disque, qui marque la fin de la face. Mais ce format classique n’est adapté qu’aux gens paisibles dans leur tête. D’autres ont imaginé un sillon sans fin qui, placé à la fin d’une face, évite que le saphir ne s’arrête, et engendre une boucle musicale sans fin.
Ce sont les BEATLES qui auraient initié cette pratique avec le titre "A Day In the Life" (Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, 1967) qui s’achève par une boucle tournant sans fin sur des phrases des membres du groupe, diffusées à l’envers. Dans le même genre, ABBA intègre des applaudissements sans fin sur la face B de Super Trooper.
Parmi les autres utilisateurs de cette technique appelée « Locked groove », on trouve DEF LEPPARD sur certaines éditions de High ‘n Dry, Peter GABRIEL sur la fin de "White Shadow" Peter Gabriel (1978), ou bien PINK FLOYD sur les premières éditions de Atom Heart Mother.
Champions en la matière, les STEREOLAB ont carrément écrit un morceau à la gloire du procédé : "Lock Groove Lullaby" (Transient Random-Noise Bursts with Announcements, 1993).
Le fait d’insérer plusieurs sillons parallèles sur une même face a également stimulé certains esprits. Avec cette technique, selon l’endroit où vous posez le saphir, vous n’accédez pas à la même chanson. C’est le cas dans la face B de "Me, Myself and I" de DE LA SOUL. Sur le premier sillon, on peut écouter deux remixes du titre phare, alors que sur le second, c’est un inédit intitulé "Brain Washed Follower" qui apparaît.
Encore plus fort, le groupe NONE OF YOUR FUCKING BUSINESS a proposé un disque avec deux sillons qui commencent au centre du disque pour se terminer vers l’extérieur. Mais, comme cela n’était pas suffisamment barge pour eux, ils ont poussé le délire un peu plus loin : l’un des sillons tourne en 45-tours, alors que l’autre est en 33-tours.

Des hologrammes peuvent également être gravés sur des vinyles. La technique des « micro-réflecteurs » permet de créer une illusion de profondeur grâce à des spectres lumineux de différentes couleurs. C’est Jack WHITE (WHITE STRIPES), grand amateur d’expérimentations vinyliques, qui initie cette possibilité avec "Lazaret" (2014), sur lequel on peut voir deux anges dessinés par l’artiste Tristan Duke.
Dans sa version ultra, le vinyle Lazaretto propose même la totale : il comporte deux pistes cachées sous son étiquette centrale qui doivent être jouées à des vitesses différentes (78-T pour l’une et 45-T pour l’autre, soit au final trois vitesses différentes pour le même disque !). Il utilise la technique du double sillon pour proposer des introductions différentes d'un même morceau. Mais également la technique du sillon sans fin. Enfin, le support, qui possède une face brillante et une mâte, dévoile des hologrammes.
Il faut dire qu’avec son label Third Man Records, Jack WHITE se fait un malin plaisir de tester les possibilités offertes par les vinyles. Ainsi, le single "Blue Blood Lust" (Sea of Cowards, (2010)) d’un de ses groupes, les DEAD WEATHER, est pressé sur un 33-T qui peut s’ouvrir en deux pour donner accès à un 45-T.

Mais les vinyles permettent également de jouer avec les matières. Ainsi, le groupe HONEY DISCO a proposé certaines éditions de son disque Do Anything sur un 7 pouces dont l’une des faces était recouverte de cire d’abeilles (honey signifiant miel).
Toujours plus fort, le groupe SHOUT OUT LOUDS a sorti son single "Blue Ice" (Optica, 2013) en dix exemplaires… en glace. Il s’agissait en fait d’un kit promotionnel constitué d’un moule à remplir d’eau, puis à congeler, ce qui permettait de réaliser son disque en glace soi-même.
Quant à KRAFTWERK, il a proposé des versions fluorescentes de son single "Pocket Calculator" (Computer World, 1981)
De son côté, le D.J français BREAKBOT a sorti son single "By Your Side" (By Your Side, 2012) en chocolat. Ce qui est bien plus sympathique que le vinyle "The Opium Den (Parts I-IV)" de RA-X, dans lequel auraient été ajoutés de la diarrhée et des extraits d’hémorroïdes, donnant à celui-ci une délicieuse couleur marron, et bien entendu une légère odeur de circonstance.
Certainement inspiré par KISS, qui a donné son sang pour être incorporé dans l’encre rouge de leur bande dessinée (encre qui, pour des raisons techniques, aurait en fait été utilisée pour un autre ouvrage), les PERFECT PUSSY ont poussé le délire plus loin. 300 copies de leur album Say Yes to Love (2014) incorporent du sang issu des menstruations de leur chanteuse, Meredith Graves. Cette dernière déclarant par la suite que seuls 180 copies ont été pressées car elle n’était pas en mesure de fournir plus de sang… Délicieux !
Tout aussi barré, mais plus généreux, les FLAMINGS LIPS ont intégré dans dix copies de leur album The Flaming Lips and Heady Fwends (2012) des extraits de sang de célébrités tels Sean LENNON, Chris Martin (COLDPLAY), KESHA et Justin VERNON. Chaque disque coutait 2500 $, destiné à des œuvres caritatives.
La légende voudrait que le groupe soviétique STILYAGI ait utilisé des radios de corps humains pour presser leurs disques qu’ils revendaient ensuite à des artistes étrangers sur le marché noir. Ce qui leur aurait valu d’être conviés par les autorités à un petit séjour aux travaux forcés en Sibérie.

Comme vous le voyez, nos artistes ne font pas uniquement preuve de créativité dans le cadre de leur musique.
Et on est en droit de se demander si à l’ère du digital ils feront preuve de la même imagination.
Une première réponse est apportée par certains artistes qui proposent des albums en format numérique qui évoluent selon l’heure à laquelle on les écoute.
On peut donc imaginer que l’on se dirige vers une personnalisation des morceaux en fonction des goûts identifiés des auditeurs, voire de leur humeur du moment. Et que ce ne soit plus la forme, mais le fond qui fasse l’objet d’une individualisation.



Le 31/12/2021 par BRADFLOYD

Excellent, NESTOR, et merci pour ces précisions.
Ne pas oublier, non plus, le Concert à Central Park de SIMON AND GARFUNKEL qui avait été gravé sur deux faces en 1981 (soit 40 minutes par faces) au lieu d'un double vinyl, quand bien même ce double vinyl a été aussi gravé. L'expérience n'a pas été renouvelée en raison de la fragilité du support, les diamants ou autres saphirs sautant sans cesse.
D'ailleurs, on voit aujourd'hui les rééditions (notamment des PINK FLOYD ou Steven WILSON) qui se font en version 45-tours pour y augmenter la qualité d'audition.


Le 21/12/2021 par BAKER

Souvenir ému mais troublant d'avoir découvert Brave de MARILLION en vinyl et d'être devenu complètement fou en découvrant la face 4.

J'explique : j'écoute la face 4, je chiale (jusque là, normal, c'est Brave), je vais jusqu'au bout. Tiens, elle est tellement sublime cette face, je vais me la réécouter. Je repose le diamant sur le sillon, la chanson commence, ça monte, le solo arrive, je m'apprête à le chanter...

..et là c'est pas le même solo.

Je regarde ma platine comme si le démon s'en était emparé. C'est un autre solo puis la chanson qui se termine plus brutalement puis... plus rien, pas de Made Again, que le clapotis de l'eau : elle a sauté, cette c... !!!

Complètement ébahi, je remets le diamant au début et là.... de nouveau le solo normal et Made Again.

Il n'y avait pas Internet à l'époque. C'est bien des années plus tard que j'ai compris le trucage. Je vous JURE que j'ai cru devenir authentiquement fou.

Sinon la résurgence du vinyl, je n'ai pas de mots assez vulgaires pour dire ce que j'en pense, et oui, c'est pourtant moi, Baker.


Le 18/12/2021 par JEF DE LA LUNE

Edito très intéressant NESTOR. Justement, je parcourais le rayon disques vinyles d'une célèbre enseigne proposant du produit culturel, cherchant un cadeau à offrir pour Noël, et j'ai constaté, en fouillant dans les bacs, que certains albums (édités maintenant en rondelles noires 33 tours) sortis il y a 25-30 ans n'étaient même pas parus en format vinyle à l'époque mais directement en CD.
J'ai connu ado le passage du vinyle au CD, on nous faisait comprendre que le microsillon était un format obsolète et qu'il fallait investir dans une platine CD.
Je ne veux pas prendre position sur quel format a le meilleur son (je pense que les deux ont leurs avantages et inconvénients déjà) mais quand même souligner que tout cela est avant tout affaire de gros sous (du collector pour faire de l'or).
Sinon en matière de "goodies original", je me rappelle que le groupe de Thrash Metal VIOLENCE avait sorti une édition limitée de son premier album "Eternal Nigthmare" avec en bonus un sac de...vomi.



             



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