Recherche avancée       Liste groupes



    


[-] 2025
2024 : la sélection de la rédaction !
Par GEGERS
Le 26 Janvier 2025

Gabriel Yacoub, Malicorne et moi...
Par MARCO STIVELL
Le 23 Janvier 2025

2025 commence bien mal, David Lynch s'en est allé.
Par PSYCHODIVER
Le 19 Janvier 2025

2025 commence bien mal, David Lynch s'en est allé.
Par PSYCHODIVER le 19 Janvier 2025 Consulté 531 fois

2025 commence bien mal. David Lynch s'en est allé.

Vous me direz : qu'est ce qu'un cinéaste vient faire en nos contrées mélomanes ? Ce serait oublier que la frontière entre la caméra et l'orchestre est dans certains cas inexistante. Et Monsieur Lynch fut l'une des plus éloquentes personnifications de ce principe.

Quand je pense que j'ai fait sa connaissance par l'intermédiaire de son projet le plus tumultueux. Gamin, le DVD de "Dune" tournait régulièrement. Bien entendu, je ne saisissais pas tout, mais le souffle épique du métrage, le décorum entre rêve orientalisant et cauchemar industriel, les riffs de Steve Lukather et un casting d'exception ont suffit à me convaincre que j'étais en face de l'œuvre d'un cador. Puis vint, bien des années plus tard, le premier contact avec Lumberton, ses insectes nécrophages et ses rouges gorges. Coup de cœur définitif. Annonciateur de moult découvertes. Mais David Lynch, c'est surtout la réconciliation de votre serviteur avec le septième art outre-Atlantique. En délicatesse (pour ne pas dire défiance voire rejet) avec les "arts nationaux" inhérents à l'hexagone, résolument tourné vers l'archipel du soleil levant et l'ancien empire du Tsar, peu enclin à idéaliser la pop culture US notamment sur grand écran (à quelques exceptions près : Paul Schrader, Godfrey Reggio, Michael Mann, John Carpenter, David Cronenberg pour le Canada) : David Lynch a su me redonner foi en un art que j'estimais fondamentalement médiocre et pernicieux, en dehors donc de quelques glorieux représentants, pour la plupart hors Occident.

Mais l'artiste n'était pas uniquement un seigneur de la mise en scène doublé d'un observateur insolite et perspicace du genre humain : il excellait également d'un point de vue parolier / compositeur. En créateur d'ambiances irréelles, obsédantes et inégalées dans le septième art, il lui fallait bien les agrémenter (renforcer) de bandes sons qui sauraient se distinguer du tout venant classique et, admettons le, terriblement rasoir une fois arrivé à six décennies de cinéma US conventionnel. Précurseur du dark ambient et du drone via la bande originale de son "Eraserhead" (à mon sens le sommet du film d'épouvante, parce qu'il n'y a pas pire horreur que l'horreur moderne et quotidienne) jusqu'à la dream pop de ses complices les plus précieux Angelo Badalamenti et Julee Cruise à partir de l'extraordinaire pied de nez à Hollywood et coup de maître qu'est "Blue Velvet" : David Lynch n'a eu de cesse d'innover et de concilier l'audace de la série B américaine avec une patte visuelle et hautement personnelle qui contemple et explore l'homme sous toutes ses facettes. Une exploration dans laquelle les sons tiennent une place primordiale. L'occasion de vivre des trips sombres, farfelus, oniriques et fédérateurs pour quiconque souhaite assister à des expériences immersives totales où l'on croise Kyle McLachlan en Muad'Dib impérial (dans mauvais jeu de mots) consacré par la partition prophétique de Brian Eno, puis plus tard en Dale Cooper, prodige de charisme aux prises avec l'incarnation du mal absolu lors d'une enquête où là encore la paire Badalamenti / Cruise se taille la part du lion. Ce sont également des autoroutes et des motels perdus où Trent Reznor et Barry Adamson basculent de l'autre côté (en parlant d'un ex MAGAZINE, suis-je le seul à penser qu'Howard Devoto aurait été grandiose en Mystery Man dérangeant à souhait ?) ou encore une certaine Amérique profonde fourmillant de personnalités aussi atypiques que touchantes (le périple d'Alvin Straight ne sera pas oublié de sitôt). Ce sont enfin des pointures du rock catapultées au sein d'un FBI cartoonesque tragi comique, de Chris "Chester Desmond" Isaak à un autre grand David qui lui aussi nous aura quitté un sombre mois de janvier. C'était cela l'univers lynchien.

Au bout du compte, si je dois émettre quelques regrets, outre celui de n'avoir jamais pu converser avec le maître : ce serait de n'avoir pas vu le non moins immense Dennis Hopper revenir dans sa filmographie une fois "Blue Velvet" achevé. Et allez, celui de n'avoir pas non plus assisté à une collaboration entre John Lydon et Lynch, musicalement comme question acting. Le John en esprit inquiétant squattant la black lodge : ça aurait eu de la gueule.

Le vide que le natif du Montana va laisser dans le paysage culturel de valeur sera considérable. Il n'y en avait qu'un comme lui.

Dire que l'on ne verra plus jamais la gestuelle si particulière du Directeur Cole. Ni n'entendra désormais plus son élocution au volume sonore élevé.

Bon voyage Monsieur Lynch. Votre place est au ciel. À n'en point douter.

_____________________________________

D'autres chroniqueurs ont souhaité rendre hommage à David Lynch :

ELK :
Beaucoup à déjà été joliment dit sur ce très grand cinéaste, mais aussi sur l’artiste complet, peintre ou musicien à ses heures, qui n’a jamais considéré qu’il devait y avoir de frontières entre les différentes façons de communiquer et exprimer ses élans artistiques.
Mais au-delà d’une filmographie souvent brillante, parfois géniale, trône « Mulholland Drive » son chef d’œuvre absolu, film ultime sur LOS ANGELES et la débâcle du rêve Hollywoodien. En reprenant les codes des films noirs, LYNCH nous y entraîne dans une vertigineuse descente dans les abîmes de la psyché humaine, un voyage vertigineux illustrant par ailleurs la puissance et le mystère des rêves ainsi que la force de l’imagination au service du remords et de la souffrance liée à l’absence de l’être aimé.
Cette inoubliable leçon de cinéma trône au panthéon de mes films préférés et son côté énigmatique, très difficile à décrypter et à suivre en un seul visionnage, ne fait que renforcer son mystère et son charme vénéneux.
Rien que pour cela, mais aussi pour tout le reste, merci M. Lynch, vous resterez à jamais avec nous car vos œuvres ne cesseront pas de nous accompagner et de nous fasciner.

Marco Stivell évoque en quelques mots sa filmographie :
Eraserhead : Pas aimé, mais premier film courageux.
Elephant Man : Sublime, un de mes quatre favoris.
Dune : J'accroche difficilement sur la longueur ou non (Denis Villeneuve me convient mieux) mais c'est bien qu'il l'ait fait, et puis la révélation Kyle MacLachlan...
Blue Velvet : Un de mes quatre favoris, bel équilibre entre une forme de simplicité et la noirceur qu'il développera ensuite, MacLachlan/Rossellini, les premiers 'bourdons' et autres ambiances sonores frissonnantes de Badalamenti...
Wild at Heart/Sailor & Lula : Un de mes quatre favoris, encore différent avec son bel aspect road-movie, l'arrivée de Laura Dern toute jeune et Nicholas Cage un peu rocky barjo sympa...
Twin Peaks - Fire Walks With Me : La noirceur s'installe vraiment mais, trop rude pour moi. Le début des films qui auront toujours deux moments 'jump'/effrayants à donner des cauchemars.
(eeeeeeeet je précise très humblement que je n'ai toujours rien vu de la série !...)
Lost Highway : Très bien fait dans son genre mais sans plus pour moi.
The Straight Story/Une Histoire Vraie : Effet contemplatif aux antipodes des précédents, effet Disney tout gentil mais... j'adore !
Mulholland Drive : Le dernier de mes favoris, malgré les deux moments 'jump' inévitables, superbe réalisation et super duo féminin.
Inland Empire : Trop long, trop éprouvant, même si fait de main maître, et puis ces déformations du visage de Laura Dern me restent en tête comme un traumatisme qui fait que je n'ai aucune envie d'y revenir.

Cornelius :
Qu’est-ce que la peur ?
Columbo parlait toujours de sa femme comme d’une inépuisable source de référence culturelle, scientifique, culinaire et même musicale. Mais la femme de Columbo n’existe pas ; du moins je ne l’ai jamais rencontrée. Ce concept d’avoir une femme qui n’existe pas (sûrement un clin d’œil à Psycho) m’a très tôt fasciné et a grandement contribué à recouvrir la Cité des Anges d’une aura de mystère inquiétant et beau tout en même temps.

Et puis j’ai découvert David Lynch. D’abord, et sous étroite surveillance parentale, Elephant Man et ses suffocantes premières secondes de barrissement sous-marin, avant que de tomber, de manière parfaitement préméditée par moi-même, sur Twin Peaks : Fire Walk With Me. Nous étions trois potes inséparables, c’est-à-dire unis par les films d’horreurs et les Zweifel au paprika. Mais ce fameux samedi de 1993, nous n’étions plus rien d’autre que les spectateurs pétrifiés d’un film qui n’était pas à proprement parler un film comme les autres films « étranges » – une expérience paranormale, pour le moins.

Le Rital - J’ai absolument rien compris à ton film.
Le Yougo – LOL
Moi (encore habité par le radieux, l’angélique sourire de Laura Palmer) – On comprendra plus tard qu’on avait tout compris.

Plus tard :
La Femme à la Bûche - Que seriez-vous devenu si, au lieu d’emprunter la sortie nord, vous vous étiez engagé dans la sortie sud, ou si, au lieu de suivre la brune, vous aviez suivi la blonde ?
Le Nain – La Femme à la Bûche.
L’Indien – La réponse est sans importance.
Le Vieux – Je serais redevenu moi-même sans m’en rendre compte.

« Nous vivons dans un rêve » disait celui dont plus aucun rêveur n’ignorera désormais le nom. Je l’ai toujours su et nous n’en avons jamais douté. Nous avons aimé et nous continuerons d’aimer David Lynch avec le même fanatisme innocent et sûr que celui de l’Enfant pour sa Mère – comme une évidence



Le 22/01/2025 par CLANSMAN57

RIP Bertrand Blier:)


Le 21/01/2025 par STREETCLEANER

L'univers onirique et étrange de Lynch a inspiré nombre de musiciens dont Trent Reznor (Nine Inch Nails) et Moby, entre autres, parmi ceux qui sont les plus connus. Mais toute une floppée de groupes de dark jazz ou jazz atmosphérique s'en sont ouvertement revendiqués, sur ce site on peut notamment lire une chronique de The LOVECRAFT SEXTET avec leur album "Nights of Lust" dans laquelle le compositeur s'est ouvertement inspiré de l'univers de Twin Peaks.


Le 21/01/2025 par MARCO S.

Non seulement Lynch était musicien, mais ses BOs, notamment celles de TOTO ou d'Angelo BADALAMENTI ont bien marqué les esprits.
Ensuite, pour rappel chers amis, sous le gros FORCES PARALLÈLES en haut, il est écrit 'chroniques éclectiques" et non pas 'chroniques musicales'. Même si ces dernières restent notre cheval de bataille, aussi souvent que possible, lorsque nous nous écartons un peu c'est aussi pour bien raccrocher les wagons !

Que Lynch repose en paix (de quoi accompagner l'hommage succinct, plus haut, à ses films, simple message posté sur notre forum privé et sans modification après, d'où cette rupture qualitative avec les textes des collègues, mais tant pis, il restera tel quel !).


Le 20/01/2025 par BORAHKRETH

Il y aurait bien trop à dire sur Lynch, mais effectivement, pour ceux qui se demandent quel est le rapport avec la musique, au delà du fait que la musique a une place extrêmement importante dans sa réalisation, Lynch était effectivement musicien. La photo choisie par la famille pour communiquer son décès via les réseaux sociaux est d'ailleurs une photo de lui avec une guitare.

J'ai pour ma part, à l'annonce de son décès, écouté le morceau "Star Eyes" de SPARKLEHORSE (dont le leader est lui aussi décédé, mais bien trop jeune) sur lequel Lynch vient poser sa voix et dont les paroles collent bien à la situation : https://www.youtube.com/watch?v=HdTZRotcthA


Le 20/01/2025 par JEF DE LA LUNE

En réponse à Concon : David Lynch était aussi musicien...


Le 20/01/2025 par CONCON

c'est un cineaste c'est quoi le rapport avec fp ?



             



1999 - 2025 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod