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Gabriel Yacoub, Malicorne et moi...
Par MARCO STIVELL le 23 Janvier 2025 Consulté 458 fois

En bas-âge, mon père, pour m'endormir le soir, me chantait quelques chansons dont "Rossignolet du Bois" et surtout "Pierre de Grenoble" qu'il connaissait en entier. Cette dernière me faisait un peu froid dans le dos, avec cette histoire sombre de soldat parti pour la guerre et laissant "sa mie se mourant de regrets", recevant des lettres pleines de fleurs d'abord, puis pleines de pleurs... Quand il revient enfin, elle est morte... Du sentiment, de l'émotion pure en quelques mots sur une mélodie lancinante et qui m'est restée en tête pour toujours...
Grâce à cela, tout en aimant ensuite plutôt la variété, Renaud, Goldman, Voulzy..., et même si cela reste attaché aux nuits d'enfance pendant longtemps, j'avais déjà un pied dans la chanson française la plus proche de l'Histoire, la tradition. Grâce à Gabriel Yacoub, même si pas tout seul.

À l'adolescence, découverte d'Alan Stivell (grâce à Voulzy et mon père encore qui en parlait, quand Manau a sorti "La Tribu de Dana") avec son Olympia Concert de 1972, le disque qui a lancé toute forme de mode pour la musique celtique. Un grand choc pour moi, avec là aussi la continuité que l'on sait. Dedans, les noms des musiciens, Dan Ar Braz - que je connaissais de loin -, Pascal Stive, René Werneer... et Gabriel Yacoub, mais dont le nom pour moi n'évoquait rien puisque mon père ne m'avait jamais rien dit des chansons qu'il me chantait.
Au lycée, par hasard en lisant des livres à la maison et à la bibliothèque, sur la chanson française et la musique folk, je vois revenir plusieurs fois les noms de Gabriel Yacoub et de MALICORNE. Yacoub donc, et ce qu'il a fait en quittant le Stivell Band après l'album Chemins de Terre (1973). D'abord, l'album Pierre de Grenoble (avec la chanson du même nom et aussi la mignonne "Rossignolet du Bois"), la même année, et que comme par hasard, je déniche dans la discographie vinyle de mes parents, sans pouvoir alors l'écouter car on n'a plus de platine.
En revanche, en 2004, mon père étant déjà "parti", nous avions Internet à la maison, et là, avec peu de recherches, découverte de MALICORNE, lancé un an après Pierre de Grenoble en 1974, avec des albums emblématiques jusque sur leurs pochettes. Je m'empare notamment d'Almanach en CD, troisième album du groupe en 1976, qui dédie chacun de ses 12 titres à un mois de l'année, avec une pochette très détaillée à ce sujet (ah, les "gatefold"/ouvrantes des années 70...). Quel charme dans ces chansons traditionnelles, médiévales ou baroques, simples comptines ou chroniques parfois sanglantes, revisitées a la sauce folk-rock progressive. Le tout porté par les voix magnifiques du couple Marie & Gabriel Yacoub.
Le reste suivra vite, grâce à la Fnac de Montpellier (où je me rends chaque mois en 2004-2005 pour ma première psychothérapie), et son rayon folk-celtique qui me fait dépenser tout mon argent de poche. Dans la voiture ensuite, plus tard, ces disques m'ont pour la plupart, bien accompagné de la sorte. Et même après, pendant ma seconde thérapie, beaucoup plus houleuse celle-là, en 2008-2009 au nord de Montpellier, j'avais avec moi dans la chambre privative des disques de MALICORNE, TRI YANN que je découvrais très modestement encore...

Début 2010, quand j'arrive sur Forces Parallèles, tous les albums ont depuis longtemps déjà été chroniqués (par le même collègue qui a fait TRI YANN, merci à lui!), ou presque ! Il manque Les Cathédrales de l'Industrie (1986), le dernier du groupe même si celui-ci était déjà séparé depuis 1981, avec son album décrié Balançoire en Feu, aux paroles plus variété signées Etienne Roda-Gil (Julien Clerc notamment). C'est au même moment que je m'achète une platine vinyle. L'occasion de découvrir enfin ces Cathédrales de l'Industrie dont le CD rare se vend vraiment trop cher. Un de leurs meilleurs albums, et pourtant, malgré la présence de Marie (redevenue Sauvet, car le couple, bien que toujours en bonne entente, a divorcé) et des autres, il s'agit d'un Yacoub solo.
D'ailleurs, en parallèle, j'achète aussi Trad. Arr. (1978, 'traditional arrangement' signifie le titre), son premier album sorti pendant MALICORNE. Un bel album folk beaucoup plus dépouillé que ceux du groupe. Et durant cette faste année 2010, je réussis à trouver tout Yacoub en solo, le difficile Elementary Level of Faith (1987, mélange de folk, pop et musique contemporaine), le très joli Bel (1990, retour aux sources total), le sublime Quatre (1994, au son pop-rock années 90 très produit), le presque aussi bon Babel (1997), l'album éponyme de l'année 2000 qui calme le jeu et revient vers des éléments contemporains avec réussite, et enfin De la Nature des Choses (2003), album posé et feutré dans la lignée du précédent. Beaucoup de poésie et de profondeur, par cette voix qui demeure l'une des plus belles en France - en 'soul' mais de notre cru, sans besoin de forcer dessus -, dans ces chansons la plupart originales depuis la fin de MALICORNE.
La voix d'un éternel grand frère, dont le nom évoque ses origines libanaises mais qui, après une jeunesse plutôt tournée vers le folk américain, s'est recentré sur notre bon pays grâce à sa rencontre avec Alan STIVELL, même s'il s'est vite écarté du côté breton-celtique. Pourtant, il ne s'en est pas tenu très loin, en bon résident du Berry (région Centre, en dessous de Bourges, la ville de Malicorne n'étant d'ailleurs pas très loin en Auvergne !) pour le restant de sa vie.
Et moi, début 2011, je l'ai vu enfin, en mars, un mois après TRI YANN à Aix-en-Provence, pour la première fois aussi, mais pour lui, ce devait être aussi la dernière... C'était à Beaucourt, dans le... Territoire-de-Belfort ! Je n'ai jamais été aussi loin niveau "Grand-Est", mais vu les dates de ses concerts habituelles, c'était celle qui me semblait la plus proche... un sacré road-trip pour l'époque où je commençais d'en faire beaucoup, passant par toute la Drôme de bas en haut (j'avais d'ailleurs pris :Yacoub: 2000 pour commencer la route très tôt le matin, puis le live double Je Vois Venir), la région de Lyon, m'égarant un peu avant de suivre les très belles routes longeant le Jura, pour arriver à Besançon ou une très gentille dame me logeait pour la nuit, tout en m'accompagnant au concert avec un autre monsieur, en bon fans de Yacoub qu'ils étaient.
Le concert dans la salle des fêtes a commencé en retard et il y a eu pas mal de couacs, d'oublis de paroles... Apparemment, Gabriel avait passé une mauvaise journée et fait un mauvais trajet. Mais qu'importait pour moi, j'étais aux anges, je l'écoutais raconter ses histoires, chanter ses chansons... et après le concert, par un tour à la buvette, j'ai pu échanger quelques mots avec mon idole que je n'ai pas hésité à appeler "dieu vivant", même si, avec bonhommie, il a voulu tempérer la chose...

Après Marie Sauvet, il a eu d'autres compagnes, la Canadienne Nikki Matheson qui a sorti un très joli album solo (Invisible Angel en 2011), Sylvie Berger qui est aussi très connue dans le Berry avec son groupe La Bergère... Tout cela a figuré en chroniques sur Forces Parallèles avec le temps mais en 2011, le dernier écho malicornien en date se trouvait être avec Marie, la toujours superbe Marie, aux Francofolies de la Rochelle pour une reformation exceptionnelle du groupe, avec Laurent Vercambre (membre du Quatuor, bande de musiciens humoristes), Olivier Zdrzalik-Kowalski et monsieur Hughes De Courson, devenu producteur et à qui l'on doit tous les disques de croisement musique classique-traditionnelle : Bach to Africa, Mozart l'Egyptien, O'Stravaganza (Vivaldi et Irlande)... concert filmé, avec plein d'invités...

Et dès le 20 février 2013, Gabriel Yacoub, MALICORNE, TRI YANN et bien d'autres choses ont revêtu une importance pour moi, une seule raison et qui porte un nom. La même qui a fait que j'ai acquis, voilà trois ans en 2021, à l'occasion d'une sortie à Bordeaux avec des collègues de travail, lors du passage à la librairie Mollat (où je n'ai acheté aucun livre, du coup), une réédition du coffret 14 Cds (sorti au départ à la fin des années 90) de cette Anthologie de la Chanson Française que l'on doit à Marc Robine (journaliste pour Chorus), des chansons traditionnelles du Moyen-Âge à la fin de la Première Guerre Mondiale avec un thème pour chaque disque (chansons de métiers, de soldats, de femmes, d'enfants, et même paillardes !) avec de nombreux invités plus ou moins connus (Francis Lemarque, Pierre Perret, Anne Sylvestre). Gabriel Yacoub en est l'un des acteurs majeurs, dans la réalisation et parmi les interprètes les plus récurrents. L'occasion de savourer à nouveau l'esprit MALICORNE mais d'une autre façon. Et puis, ce coffret, je l'avais offert à la "raison qui porte un nom". Il me fallait l'entendre un jour tout de même, en parler sur Forces Parallèles...

Après les Francofolies en 2010, sans MALICORNE mais avec Marie, Gabriel Yacoub a continué de donner des concerts, appelant à la nostalgie.
Et c'est elle, Marie, qui m'a appris (comme à tant d'autres personnes), ce jour-même, le triste départ de Gabriel, à l'âge de 72 ans.
Beaucoup, beaucoup d'émotions, mais je m'en tiens là, en ayant déjà assez dit...
Repose en paix, gentil trouvère...



Le 02/02/2025 par MADELEINE

Tous les disques de Malicorne (10 + un live et une compil) et plusieurs disques de Gabriel sont sur Apple Music, Marco. Cela ne vaut pas les vinyls mais, pour les jeunes générations, c’est toujours ça de disponible pour les découvrir ;)

A part cela, Gabriel va vraiment partir ce mercredi 5 février à 15h30 au crématorium de Bourges. Que nos pensées réunies lui envoient un gros cœur de cœur gros…


Le 02/02/2025 par MARCO STIVELL

Merci beaucoup pour tous ces retours/partages, des souvenirs de fan à la simple et belle découverte...

Tout comme mon petit paragraphe sur David Lynch, de base c'était glissé dans un échange entre collègues et pas trop pensé pour être publié, mais c'était important de le faire.
Même si, du coup, je ne suis pas certain d'avoir suffisamment mis en avant l'importance de Gabriel et de MALICORNE dans l'histoire de la chanson française.
Quant à cette dernière, il y a une évidence, c'est que pour bien la connaître et en parler pour exprimer son avis de façon générale, en bien ou en mal, il me paraît indispensable d'avoir écouté un peu de MALICORNE voire YACOUB solo (rien que "Les Choses les Plus Simples", que j'ai souvent en tête, ou bien une merveille comme "Ces Dieux-Là" oui, tout à fait !). Du coup la réaction d'un spécialiste comme notre cher Martin face à un monument comme "Pierre de Grenoble" fait particulièrement plaisir !
Mais non seulement il méritait de si beaux hommages (on passera sur le fait qu'aucun média populaire ne semble en avoir parlé), et en plus vos avis/souvenirs mentionnent bien cette importance. Merci donc. :)

Pour moi on devrait en parler autant que de David Lynch en France, et parce que aux côtés de la chanson de BREL, AZNAVOUR etc, aux côtés de la variété des CABREL, GOLDMAN etc, aux côtés du rock/punk et aux côtés du rap, MALICORNE seul représentait un genre à part entière.
Difficile de faire passer cela auprès d'un jeune public (sans parler de YACOUB solo et ses albums plus dépouillés), étant donné les changements de médiatisation depuis les vingt dernières années surtout.
Tout de même, j'espère qu'on aura de belles rééditions vinyles/CD, même si pareil, cela ne semble pas gagné.


Le 01/02/2025 par CSAMSA

Merci pour cet hommage. J'ai découvert Gabriel Yacoub lorsqu'il effectua la première partie de Lavilliers au Palais des sports (en 2011 peut-être ? Faudrait que je retrouve mon billet). Il a chanté quelques titres en solo, seulement avec sa guitare. Et son interprétation de "Ces dieux là" m'avait bouleversé. Un moment de grâce. Sa voix me touche particulièrement. Suite à ça, j'ai remonté le temps et parcouru sa discographie en solo et avec Malicorne. Il se dégageait de cet artiste, une sincérite, une modestie et une forme de pureté rare dans ce milieu. J'espère qu'il ne sombrera pas dans l'oubli, comme tant d'autres et que de nouvelles générations feront vivre son répertoire, comme il a su si bien nous faire découvrir des joyaux venus du passé.


Le 29/01/2025 par LéOPOLD

Gabriel Yacoub a fait partie des musiciens qui ont structuré ma vie, m'ont fait tenir dans les moments les plus dur.

La Complainte de Perceval (sur l'album Excalibur) était ma porte d'entrée, qui m'a poussé à écouter Malicorne en boucle toute ma vie. Mon entourage ne comprenait pas, tant cette musique était loin de ce que les autres écoutaient, et pourtant j'ai toujours gardé un amour profond pour cette musique.

C'est à la bibliothèque de Paris, en trio, que j'ai eu la chance de les voir un jour. Un des concerts qui restera gravé dans ma mémoire. Arrivé tout timide… 22 ans, devant la bibliothèque, avec un Gabriel qui me dit bonjour et moi qui fonds tant je suis d'un coup… intimidé de rencontrer une personne qui m'a donné la définition de ce qu'est ressentir une émotion.
Je n'ai pas osé ce jour-là aller au bar avec eux, simplement content d'avoir été subjugué par cet instant hors du temps, avec 20 spectateurs dans cet instant unique.
Aujourd'hui, c'est à mon fils que je chante ces chansons… et mon épouse qui subit mon écoute en boucle de Je vois venir.

Gabriel, ta musique nous manquera.


Le 24/01/2025 par MADELEINE

Merci Marco Stivell, avec toutes mes condoléances sincères à toi et aux proches de Gabriel.

Je ne pensais pas que j’aurais une telle peine d’apprendre cette disparition, comme quoi les gens nous touchent parfois dans des coins secrets de nous, loin de l’intellect. Ce n’est pas lié à l’époque qu’il représentait dans ma vie, c’est vraiment lié à lui et à sa personnalité si attachante, si authentique.

Bon, je ne crois pas qu’on meurt vraiment donc je l’imagine les yeux écarquillés devant tout ce qu’il découvre en ce moment, de l’autre côté de l’image, et ça me console un peu. Mais il va faire un peu plus froid ici-bas désormais.


Le 23/01/2025 par MARTIN LA BOTTE

C'est trop joli Marco. Et ça vient de me faire découvrir "Pierre de Grenoble" et "Rossignolet du Bois". Malicorne, je ne connaissais que vaguement de nom. Pas besoin d'aller "là haut sur la montagne" pour faire le plein d'émotion, ta plume s'en est chargée.
"La raison qui porte un nom", où qu'elle soit aujourd'hui, sera sûrement touchée par cet hommage vibrant, tout comme ce "dieu vivant" qui le restera dans ton coeur à chaque écoute d'un morceau de son répertoire.


Le 23/01/2025 par BAKER

Oh merde....

Décidément 2025 est bien partie pour être une nouvelle 2016 :/



             



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