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Foutu comeback
Par GEGERS le 15 Juin 2013 Consulté 4143 fois

La nouvelle a fait l'effet d'une bombe, tout du moins dans le cadre des musicophiles francophones : Sixto Rordiguez, qui a donné deux concerts début juin au Zénith de Paris, n'est plus que l'ombre de lui-même. Sixto Rodiguez, c'est ce musicien folk américain auteur de deux albums au début des années 70, qui n'obtinrent pas un succès suffisant pour lui permettre de poursuivre sa carrière. Devenu maçon, le bonhomme était sans doute loin de se douter que ses opus étaient devenus cultes en Australie et en Afrique du Sud, deux pays dans lesquels il jouissait alors d'une popularité enviable. Justice est aujourd'hui réparée pour ce septuagénaire dont le reportage qui lui est consacré, Searching For Sugar Man, a connu un succès certain lui permettant, donc, de s'embarquer dans une tournée des grandes salles européennes. Sauf que l'artiste, qui a trimé toute sa vie, est usé, à moitié aveugle, et alcoolisé. Incapable de se rendre sur ou de quitter la scène seul, incapable de jouer en intégralité le « Like a Rolling Stone » de Bob Dylan, a qui il fut si souvent comparé. Une prestation douloureuse pour ce bon Sixto comme pour son public. Les bobos y verront bien sûr un concert merveilleux d'authenticité et loueront le sacerdoce d'un homme qui se transcende dans sa médiocrité. « Il lui sera beaucoup pardonné », titre Le Monde. Les autres y verront simplement une tentative risible de capitaliser sur un vieux bonhomme un peu désaxé à qui on a promis qu'une tournée lui permettrait de financer les études de ses petits enfants. Un comeback raté.

Le comeback est souvent raté de toute manière. Si dans le cas de « Sugar man », le comeback tente de donner l'impression de réparer une injustice, d'offrir enfin à l'artiste le succès qu'il aurait du rencontrer il y a 40 ans, le retour d'un retraité sur le devant de la scène est souvent motivé par de basses raisons mercantiles. Au contraire des sportifs, les artistes ne peuvent pas se reconvertir en consultants télé une fois leur heure de gloire passée. Après tout, il faut bien bouffer. "L'air de Rien", excellent film avec Michel Delpech, traite avec dérision et tendresse de ces « basses » motivations qui forcent le musicien, le chanteur, à reprendre ses valises et partir tailler la route. A l'inverse, le comeback peut prendre une dimension solennelle, si les raisons qui le motivent sont valables ou particulièrement touchantes. Comment critiquer les retours successifs de Lynyrd Skynyrd, une première fois en 1987, puis une seconde en 2009, après les nombreuses tragédies que le groupe a connu durant son passé ? Au contraire, le fait que le groupe ose, ait le courage, de tenter de se remettre sur pied et continuer à répandre sa musique force le respect et l'admiration.

A l'inverse, le comeback de Agnetha Fältskog, ancienne chanteuse d'Abba, avec un nouvel album publié en mai, nous en touche une sans faire bouger l'autre. C'est marrant l'empathie. Il faut reconnaître que l'on approuve bien plus facilement le comeback d'un artiste ou d'un groupe jeune. Prenez The Darkness. Les gonzes ont connu un succès mondial en 2003 avec leur tube « I believe in a thing called love », et puis l'argent, la drogue, la célébrité s'en sont mêlées. Un deuxième opus les achève en 2005, et puis plus rien jusqu'en 2012, année où le groupe revient avec un album tout bonnement génial. Dans ce cas, le comeback est à applaudir des deux mains ! Il en va de même pour Europe, dont la deuxième partie de carrière (issue d'une réunion en 2004) a donné naissance à une poignée d'albums bien foutus !

Il y a le comeback réparateur, le comeback financier, le comeback solennel, le comeback « j'avais oublié de vous dire un truc », le comeback légitime, et puis le comeback avorté, à l'image de celui de Michel Polnareff. Après un retour en grandes pompes en 2007, et le déroulage du tapis rouge au Champ de Mars pour le 14 juillet, le chanteur annonce un nouvel album avant de s'en retourner bien sagement dans son Amérique d'adoption, balançant des « Allez vous faire foutre » sur sa page Facebook et ne donnant plus de signe de vie. Finalement, rien de plus qu'un pet de lapin. Le comeback n'est rien de plus qu'un délai, une chance supplémentaire de briller avant que le couperet et le rideau ne tombent définitivement. Une nage à contre-courant souvent usante et improductive et qui, forcément, s'achève par une noyade à long ou court terme. Mais un sacré bonheur égoïste, tout de même, lorsqu'il est réussi.



Le 15/06/2013 par POWERBEAUF

Très bel édito, car frappant juste et avec style ! Un philosophe barbu du XIXè s. nous avait déjà prévenu : quand l'histoire se répète, c'est bien souvent sous la forme d'une farce ou d'une tragédie...



             



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