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Les étoiles ne savent pas mourir
Par GEGERS le 10 Juin 2012 Consulté 4907 fois

Lorsqu'une étoile meurt, boum ! Elle explose, en emportant avec elle des myriades de galaxies, dans le silence assourdissant de l'univers infini. La matière disparaît, se diffuse, se propage, et continue de flamboyer encore longtemps sur la lentille des télescopes. C'est dégueulasse, c'est violent, mais c'est clair, net, et définitif. Les artistes, eux, toutes étoiles qu'ils sont, ne savent pas mourir. Attention, il n'est pas question ici de la mort « physique », un exercice dans lequel, paradoxalement, les artistes semblent particulièrement inventifs et doués. Une arme à feu, un avion pris dans la tempête, une cuite un peu trop violente, et voilà que les idoles passent de vie à trépas avec la délicatesse d'un pachyderme dans un magasin de porcelaine, mais avec toute la classe due à leur rang. Rarement entend-on parler de morts paisibles, survenues doucement durant le sommeil. Pour ce qui est du décès, il faut reconnaître que les musicos savent y faire.

Savoir tirer dignement sa révérence, prendre sa retraite est, en revanche, une autre paire de manches. Les artistes ne savent pas faire. Comment leur en vouloir ? Après tout, eux qui ont passé leur vie et consacré tous leurs efforts à essayer d'atteindre le sommet, puis à tenter d'y rester, n'ont pas eu le temps de s'y préparer. Lorsqu'un artiste arrive au moment de prendre sa retraite, c'est qu'il a goûté au luxe d'une carrière accomplie, aux joies de la réussite et au bénéfice de la postérité. Ce n'est qu'alors, lorsque les os se font rouillés, l'énergie moins présente, qu'il peut penser à l'après, préparer sa dernière révérence, et repartir pour un dernier tour de piste.

A ce petit jeu, il y a plusieurs écoles. Il y a la méthode Kiss, sans doute la plus célèbre : celle-ci consiste à annoncer votre retraite imminente, et ainsi engendrer un intérêt tel qu'il serait financièrement très intéressant de poursuivre, encore un peu, sa carrière. Gene Simmons, en bon businessman, l'a rapidement compris lorsque, entre 2000 et 2003, les premiers adieux de Kiss ont valu au groupe de clôturer la même années les Jeux Olympiques et le Superbowl, et de réaliser la tournée la plus rentable de sa carrière. Marche arrière, on arrête tout. Pourquoi arrêter de tirer le pis de la vache alors qu'il est encore empli de lait ? Sous couvert d'une inspiration retrouvée, le groupe bâcle un ou deux albums, puis repart sur les routes, le « space tiroir-caisse » devenant son cinquième membre permanent.

Il y a donc le faux départ. Exercice favori de notre Johnny national également, qui a bien compris qu'en annonçant en 2009 à ses fans qu'il cesserait bientôt de se produire sur scène, il réussirait à leur faire ouvrir leur porte-monnaie en grand, tout en leur soutirant un large sourire et en leur écartant la raie des fesses. Une belle performance, que le bonhomme ne va sans doute pas manquer de réitérer bientôt.

Le syndrome du faux départ semble par ailleurs l'apanage des rockers. Les artistes blues, de soul ou de jazz n'annoncent que très rarement leur départ en retraite, certains préférant par ailleurs continuer de brûler les planches jusqu'à ce que mort s'en suive. Exception notable, BB King, dont la tournée d'adieux de 2006 l'emmène aux quatre coins du monde, avant que l'artiste ne se rétracte, usant d'une pirouette cinématographique fort bien sentie : « Un de mes acteurs préférés est écossais, il s'appelle Sean Connery. La plupart d'entre vous le connaissent dans son rôle de James Bond, 007. Un de ses films s'appelle Never Say Never Again »*. Un revirement plein de classe, à l'image du bonhomme.

Il y a ensuite l'école Cher, qui consiste à réaliser plusieurs tournées d'adieux. Une belle performance non ? Après avoir battu la campagne entre 2002 et 2005, annonçant à qui voulait l'entendre que l'on ne la reverrait plus, la chanteuse était repartie pour un tour de manège quelques années plus tard, fière sans doute d'avoir de nouveau réussi à attraper la queue du Mickey (et réalisé la tournée la plus lucrative de sa carrière). Du coup, lorsque l'interprète de « I Got You Babe » annonce que sa prochaine tournée, prévue à partir de septembre 2012, sera la dernière, elle se sent obligée de préciser via son compte Twitter : « Celle là sera la vraie tournée d'adieux. Je veux la faire "bien" juste une fois de plus ». Risible. Et entre les lignes, cela donne : « Ce sera la dernière occasion que vous aurez de me donner votre pognon. Je veux vous l'enfoncer profond juste une fois de plus ».

Passons maintenant à la méthode du « Vous croyiez qu'on était partis ? ». Maîtres à penser : Queen et Black Sabbath. Les premiers, via l'album Made In Heaven de 1995, avaient rendu un hommage suffisant au regretté Freddie Mercury. Seulement, l'utilisation du nom étant synonyme de poches pleines, Brian May et Roger Taylor remettent le groupe au tapis dans la deuxième moitié des années 2000, accouchant au passage d'un The Cosmos Rocks qui réussit l'exploit de s'imposer comme le plus mauvais album du groupe. Et paf, le groupe de s'éclipser de nouveau, indiquant qu'une nouvelle reformation n'aurait pas lieu d'être si elle n'était pas motivée par des raisons artistiques. Ah, Ah, Ah (rire jaune).
Black Sabbath se payait pour sa part le luxe d'être passé à la postérité comme un des groupes fondateurs de la mouvance heavy metal, et bénéficiait jusque là d'une aura intacte. Bien sûr, Ozzy et Tony Iommi ont longtemps continué de graviter autour, notamment dans le courant des années 2000, mais avaient la décence de ne pas réveiller le géant sagement endormi au fond de son Angleterre natale. Et bam ! Voilà le Sabbath Noir ressuscité par l'appât du gain, quoi d'autre ? Un rabibochage fait de bric et de broc, trop fragile pour être sincère, en témoigne le départ quasi-instantané d'un Bill Ward qui ne sentira pas la bonne odeur des billets verts.

Évoquons également le cas Scorpions, équivalent de Black Sabbath en matière de hard rock. Le groupe allemand pratique une méthode toute personnelle, à savoir le « On part en retraite, c'est sûr et certain, par contre, on ne sait pas encore trop quand ». Depuis cette annonce en 2010, le groupe n'en finit plus de rajouter des dates à sa tournée, de livrer des shows identiques date après date, et les promoteurs de ramasser les miettes en augmentant régulièrement le prix des places de concert. Une variante ? Judas Priest, qui part faire ses adieux après le départ d'un de ses membres fondateurs, avec un nouveau guitariste sous le bras. Vous avez dit « foutage de gueule » ? Vous avez probablement raison...

Et puis, il y a les autres, les sincères, qui annoncent leur départ et qui, effectivement, s'en vont la tête haute. Quasiment une exception. Le grand Eddie Mitchell fait partie de ceux, droits dans leurs bottes, qui ont tiré leur révérence sans profiter de l'engouement généré, et sans susciter de faux espoirs. Une sortie digne, sans échappatoire. Car si la mort des étoiles fait grand bruit, elle ne connaît pas d'alternative, de « peut-être », de « on remet ça ? ». Malheureusement, pour beaucoup, la dignité s'arrête à partir d'un certains nombre de zéros sur un chèque...

* : http://fr.wikipedia.org/wiki/B._B._King#Tourn.C3.A9e_d.27adieux



Le 27/06/2012 par POWERBEAUF

Je n'ai jamais écrit que c'était grave de voir des milliers de gens accepter de leur plein gré de payer pour voir et écouter leurs idoles. J'ai simplement écrit que je refuse de rentrer dans ce business (car c'en est un, avant tout).

Si la musique et la scène constituent l'alpha et l'oméga de la vie de certaines de nos idoles, alors je les plains. Pour moi, savoir vieillir, c'est accepter que lorsque l'on n'est plus capable de faire une chose, il faut tourner la page et passer à autre chose. En gros, c'est savoir se remettre en cause . Mais pour cela, il faut vraiment se regarder dans une glace et visionner avec un oeil critique ses propres prestations, de temps en temps... Désolé, mais s'extasier devant des zicos à 10 ou 20% de leurs capacités passées, sans moi ! Après, si certains y trouvent leur compte, grand bien leur fasse.

Par contre, je trouve que certaines de tes comparaisons sont bien faciles (pour ne pas dire simplistes) :

__ Bien sûr que l'industrie de la musique sent moins mauvais que celle de l'armement (bien que les liens entre majors et complexe militaro-industriel existent), bien sûr qu'il vaut mieux attraper un rhume plutôt que la peste... On sait bien que, dans l'absolu, la musique n'est pas grand chose à côté des grands problèmes de ce monde. On est bien d'accord, ce débat ne changera rien du tout.

__ Comparer nos idoles passées avec les groupes actuels qu'on essaie de nous vendre, c'est facile, mais également aventureux. Entre un Château-Latour qui a tourné au vinaigre et de la piquette du dernier millésime, quel breuvage préférerait-on boire ? Pas si facile de choisir... En ce qui me concerne, je préfère aller voir un groupe de qualité encore proche de son top (mais plus pour longtemps) comme MUSE, ou des groupes prometteurs comme FUN. ou BIFFY CLYRO plutôt que de chialer devant un quatuor ou un quintette de has-been. Après, comme je l'ai écrit, toutes les règles ont leur exception.


Le 25/06/2012 par A.T.N.

Avec le temps, je suis moins sévère avec ces groupes. Je pense que c'est humain de ne pas pouvoir raccrocher. Il est difficile de se mettre dans la peau de musiciens qui ont vécu la folie des tournées, l'énergie de ces foules, les voyages, les rencontres... Le côté pathétique existe (bien montré dans "Spinal Tap"), mais que pourraient-ils faire d'autre ?

On les imagine dans leur immense baraque avec 12 salles de bains, 3 piscines... que faire de leurs journées ? Boire du thé en jouant au scrabble ? Ils doivent s'emmerder à mourir. Ce qu'ils adorent, ces gens là, c'est faire de la musique. Avec des gros amplis et une foule qui gueule leurs refrains. Je ne pense pas qu'ils aient besoin d'argent, tous ceux que tu cites. Bien sûr, ils pourraient faire le boeuf entre potes, jouer dans des petites salles, incognito, et continuer leur hobby. Mais il n'y pas besoin d'être très calé en psychologie pour savoir que ce succès, ces foules, agit comme une drogue et qu'il est très difficile de vivre sans quand on a connu tout ça. Certains y arrivent très bien, ils sont très équilibrés, sages... Ceux qui n'y arrivent pas, je ne leur jette pas la pierre. Personne ne m'oblige à aller les voir. Les milliers de gens qui vont les voir n'ont pas un flingue sur la tempe.

Ca permet à l'industrie de la musique d'engranger encore quelques millions (ça me paraît une industrie plus sympa que celle de l'armement, au hasard), ça permet à des milliers de gens de passer une bonne soirée en compagnie de leurs idoles passées... Rien de bien grave, si tu veux mon avis.

Et après avoir vu pas mal de groupes "jeunes" jouer une pop-rock poussive et consensuelle, franchement j'ai adoré voir les vieux Deep Purple et leurs cheveux gris me balancer un rock monstrueux en pleine gueule, joué par des musiciens qui partagent un plaisir évident d'être sur scène et de faire la seule chose qui donne un sens à leur vie.


Le 14/06/2012 par POWERBEAUF

Bien vu, Gegers ! Il y a longtemps que j'ai choisi de boycotter toutes ces stars qui ont, pour certaines, superbement ignoré la France pendant leurs années de gloire. Franchement, payer la peau des fesses des billets pour voir des (pré-)retraités complètement à bout techniquement (et parfois physiquement) interpréter laborieusement le greatest hits de rigueur, très peu pour moi... Tant pis, je ne verrai jamais BLACK SABBATH, SCORPIONS, VAN HALEN, JUDAS PRIEST, QUEENSRYCHE, ou ELTON JOHN (j'en passe et des meilleurs) sur scène. Mais à tout prendre, je préfère me repasser des disques ou des images enregistrés à l'époque où ils étaient au top plutôt que de me déplacer, cracher au bassinet et repartir avec la nausée.

Bon, allez, si RUSH venait nous rendre visite durant un été, je ferais peut-être une exception...



             



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