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Une nouvelle fois, le bar d'Antoine/Long John Silver et de sa dulcinée, qu'on connait sous le nom d'Orange Amer à Domaize (Puy-de-Dôme, Auvergne), est le théâtre d'un événement musical plus que sympathique auxquel s'ajoutent des retrouvailles chaleureuses et bienvenues dans un quotidien bien tracé. Arrivé en fin d'après-midi, vers 16h30, je salue mon collègue chroniqueur comme je n'ai pu le faire depuis cinq mois.

Le groupe HEGOA vient d'arriver de Lyon/Bourgoin-Jallieu et s'installe en attendant les retardataires : l'un des deux guitaristes, Gabriel, doit arriver avec l'ingénieur du son Clément et la plus grande partie du matériel. Seule manque à l'appel leur manageuse, Julie Ciapin, nous n'aurons pas le plaisir de la croiser cette fois. Tout se fait assez rapidement, non sans le petit apéritif gracieusement offert par Long John, tandis que son infatigable compagne Guilaine s'affaire à droite à gauche.

Malgré le ciel bien couvert et le froid dehors, le pirate sent que le vent est bon, que les flots sont cléments, et au cours de la soirée, avant le repas, il nous passe Broadsword and the Beast de JETHRO TULL, ainsi que le dernier disque de GENTLE STORM, en bon admirateur d'Anneke qu'il reste devant l'éternel. Il n'y a que chez lui qu'on peut entendre ce style de musique, et c'est une raison de plus pour vous donner envie d'y aller !

Après que le groupe a fini la balance et pris possession de ses quartiers pour la nuit, le repas servi par Guilaine nous offre de nouvelles sources magiques de concentration et de plaisir. Ces pâtes et ce sauté de veau, on s'en souviendra ! Et la brioche en dessert !... Les discussions fusent avec le groupe et les liens se créent : passer de ANGE aux jeux Zelda reste un secret de passionnés. Puis le groupe va se changer avant de commencer son concert, laissant peu à peu le temps aux gens d'arriver.

Ils seront une soixantaine environ, venus ce soir pour applaudir HEGOA qui n'attendait pas tant de son premier vrai récital de début de tournée ! Les voici donc sur leur 31 tous les cinq, façon garçons/serveuse de cabaret chic, certains avec des gilets, d'autres non. Ils en jettent, et cela va de pair avec la musique proposée.

Du rock progressif, comme on le sait, habilement distillé à travers leur premier EP, Rêve de Papier, vendu à prix libre ce soir-là. Comme sur disque, les bruits urbains et la voix de Christian Décamps, le père d'ANGE, introduisent l'ensemble, mais en lieu et place de la première chanson, ce sont « Les Lilas Dérobés ». Seule occasion pour Gabriel Keller de tenir autre chose qu'une guitare, avec l'intervention aussi courte que réussie de l'harmonica, elle fait prendre d'emblée conscience du niveau exceptionnel du groupe.

Puisqu'on parle du guitariste, parlons des guitaristes. Deux tueurs, trois même puisque la basse de Jonathan Camara n'est jamais en reste, allant jusqu'à introduire l'un des morceaux comme toute bonne six-cordes l'aurait fait. Le son lourd de la chanson « Rime à Rien » et de « Stranded Minds » sont de beaux exemples pour des musiciens qui maîtrisent leur sujet sur le bout des doigts (et des pieds, au niveau des effets), c'est bien le cas de le dire. Je remarque certaines personnes dans le public, prêtes à headbanguer ! Quand on connait le disque, on se demande qui de Charlie Henry ou de Gabriel Keller va jouer telle ou telle partie, tel ou tel solo (un par chanson, au moins), c'est à la fois ludique et impressionnant en termes de son, d'échange, de coordination.

Ce n'est pas un hasard si ces épithètes conviennent à l'univers du groupe, dont l'univers n'est pas des plus évidents par sa spécificité et sa notion de concept rock progressif, mais le public profane y adhère totalement. C'est qu'HEGOA fait fort en adaptant sa virtuosité et son exigence à un tel contexte, bar populaire, gens venus danser : plus d'une fois, ça n'a pas raté ! Grâce à des rythmes funk (sans cuivres), reggae, folk et autres, cette musique s'est communiquée avec brio à une assemblée conquise, qu'elle ait (ou non) plongé dans les histoires contées par Marine Poirier.

Les chansons du premier EP se mélangent avec les premères versions du deuxième, dans un ordre quelque peu bouleversé. Après « La Fin des Madones » et les autres, il y a une partie de deux ou trois morceaux (dont le grandiose « Stranded Minds ») plus lents, sombres et « bruitistes », plus difficiles à appréhender et je craignais que le public décroche. C'était sans compter sur la capacité du groupe à ramener le soleil et la chaleur, grâce à un instrumental inédit, joyeux et léger qui a ravi tout le monde, grâce à son rythme enlevé, son format simple et la présence d'une quatrième guitare, acoustique, tenue avec brio par une chanteuse fantastique.

Marine Poirier a une présence aussi gracieuse sur scène qu'en musique, le sourire aux lèvres du début à la fin et une capacité à rester discrète, assise sur des caisses durant les passages instrumentaux, quand elle ne s'adresse pas au public avec aisance, jusqu'à le faire participer. Le même public a pu s'émerveiller en voyant le batteur Julien Giet exécuter un solo de batterie étendu et pas seulement en terme de durée sur « Anitha », final du concert et souvent réclamé par des membres du public déjà au fait. Il en a quitté son siège et tapé comme un fou sur tout ce qu'il pouvait trouver, déclenchant l'hilarité générale.

Autre point évocateur de la générosité du groupe, de manière plus évidente que sur disque, c'est l'emploi des harmonies masculines, conjointement ou non, des trois guitaristes, en soutien de la chanteuse. Cela rend parfaitement bien et la petite cerise sur le gâteau, à la fin d'« Anitha », ils se retrouvent tous au micro, a-cappella et avec le batteur, pour conclure le show d'une manière inattendue et très belle ! Clément, leur ingénieur du son, avait dû jouer avec les contraintes du lieu et du volume pendant la balance, mais le résultat en valait la chandelle.

Grâce une musique créative et inspirée, plutôt facile d'accès malgré les apparences, HEGOA fait la preuve d'une belle adaptation à un contexte live, des arrangements moins riches qu'en studio mais mieux concentrés sur l'essentiel : des musiciens hors-pair et aussi unis que ce que leurs discussions laissent plâner de gentillesse et de simplicité. Le pirate et moi sommes d'accord, c'est même mieux que sur disque encore ! Espérons qu'ils iront loin, plus que Clermont-Ferrand où ils doivent jouer le soir suivant, plus loin que Bourges où ils auront déjà un gros événement prévu au mois de juin... Ils le valent bien !

Le concert vient de se terminer, les membres du groupe restent encore une heure ou deux pour échanger avec le public, puis chacun va se coucher – enfin, pas les patrons, eux ils en ont encore pour un moment, les pauvres ! -. Moi j'ai une grosse route à faire demain, mais de tels moments, brefs et intenses sont à la hauteur de tels efforts que l'on accomplit avec le plus grand plaisir. Merci au groupe HEGOA, merci à Guilaine et à Long John !



Le 27/03/2018 par LONG JOHN SILVER

Un concert tout simplement magique. De très belles choses sont à venir à l'Or@nge Amer, plus d'infos sur ce site, au fur et à mesure, avec en Avril deux événements les 14 et 21.



             



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