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Clip et musique...
Par STREETCLEANER le 6 Novembre 2010 Consulté 4711 fois

La télévision pervertit-elle la musique ? Je vais poser la question différemment : la musique a-t-elle besoin d’un support vidéo, a-t-elle besoin d’être mise en boîte, en images ? C’est vrai qu’on ne compte plus le nombre de groupes qui, à l’instar des Dead Kennedys, ont lancé un gros « fuck off » à MTV et consorts. Alors MTV et Cie responsables de la chute du niveau d’exigence musicale ? Mais au fait, y a-t-il baisse générale de la qualité musicale ? Certains diront qu’il y a toujours eu de la merde à profusion, et c’est vrai que les années 80 en ont été de grosses pourvoyeuses avec leur pop bas de gamme et leur variétoche parfaitement formatée pour l’écoute facile et la consommation industrielle ou de masse. Mais au fait, n’est-ce pas pendant les années fin 70 / début 80 que les clips se sont développés et ont été ensuite diffusés en masse ? Et puis, au fond, les gens recherchent-ils en général une musique de qualité ? Et les consommateurs du Top 50 aiment-ils véritablement la musique ? C’est quoi une musique facile ? Au fait, que signifie « aimer la musique » ? Voilà comment à partir d’une question qui semble simple on déclenche une vague d’autres questions successives auxquelles il est complexe d’apporter une réponse parfaitement objective, voire scientifique… Et pourquoi quand on est jeune passe-t-on beaucoup de temps à écouter de la musique (souvenez-vous, vous avez-vous aussi peut-être passé des heures, enfermé dans votre chambre, à vous évader grâce à la musique) ? A contrario, pourquoi quand on vieillit a-t-on tendance à voir la musique comme une simple passion ou loisir de « jeunesse », une chose en quelque sorte désormais superflue liée à l’adolescence ? Un ancien loisir, passion, art ou intérêt qu’on répudie aussi facilement qu’une femme dans certains pays ? Et puis, n’est-il pas paradoxal de voir certains artistes (comme Zazie) dénoncer ou déplorer le fait qu’il n’ y a de nos jours seulement qu’un ou deux bons titres dans un album, le reste étant du remplissage, et dans le même temps refourguer sans vergogne au public sept EP de sept morceaux, soit 49 titres en quelques mois ? Zazie serait-elle touchée par la grâce de l’inspiration au point de sortir autant de bons titres ? Moi j’ai la réponse, et je suppose que vous aussi…

Revenons aux fameux clips vidéo… Quand vous observez des enfants ou des ados scotchés (eh ouais moi aussi j’ai des gosses !) devant les émissions diffusant les clips musicaux ne peut-on pas en déduire quelques enseignements ? Essayons… j’ai observé plusieurs choses.

1/ ce sont toujours les mêmes clips qui sont diffusés. Parfois la même chanson passe au moins deux fois dans la même heure. Changez de chaîne musicale. Que retrouvez-vous ? Encore les mêmes clips ! En gros, et sans exagérer, il est possible de voir le même clip quatre fois ou plus dans une même heure ! Un mot me vient à l’esprit… matraquage ! Mis de côté le fait que de voir de la musique (je parle pas des concerts) est déjà en soi une aberration, il n’est pas difficile de comprendre que sans un clip qui tourne sans cesse il deviendra très difficile à un artiste de percer auprès du grand public, celui de la TV, celui des jeunes et ados, celui qui permet, au-delà de l’occupation d’une trop rare niche un peu rentable, de vivre malgré le piratage de masse. Piratage de masse certes, mais c’est statistique... Piratez beaucoup un artiste qui se vend par caisses entières il n’en demeurera pas moins, vu le nombre de ses ventes, qu’il s’en sortira confortablement malgré tout. Grossièrement, multipliez l’infini par un petit pourcentage (de ventes restantes) cela donnera encore un nombre à l’échelle de l'infini… A ce propos, la récente loi Hadopi ne profitera qu’aux gros majors et artistes ayant déjà commercialement pignon sur rue (internationale). Hadopi a pour vocation de vous empêcher de télécharger illégalement Lady Gaga, David Guetta ou Justin Bieber, pas Amebix… Juste une précision quand même : dans une interview récente, Marie-Françoise Marais, Présidente de l'Hadopi, n'excluait pas de contrôler les sites de téléchargement direct comme Megaupload ou Rapidshare. Mais les experts ne sont pas dupes. Pour l'instant, l'Hadopi se limite au peer-to-peer sur les artistes les plus connus... Bon, pour revenir au sujet, c’est vrai que les clips n’ont pas toujours été désagréables pour l’œil. Déjà, dans les années 80, Sabrina nous chantait dans la piscine « Boys Boys Boys » (une grosse merde soit dit au passage évidemment) et on se souvient qu’elle avait une bonne grosse paire de loches qui sortait quasiment de son maillot deux pièces, avec un beau ralenti dessus pour bien faire baver le jeune mâle en rut plein d’acné. A l’inverse, tout le monde connaît le clip -réussi pour le coup- de « Thriller » de M. Jackson, un vrai petit chef-d’œuvre (mais trop rare) cinématographique, qui nécessita des moyens techniques et financiers colossaux pour l’époque (et qui le restent encore) et fit l’effet d’une bombe. L’un était une merde racoleuse, l’autre est devenu un classique incontournable. Dans ce dernier, si le clip n'était pas indispensable à la musique (comment pourrait-il l'être d'ailleurs ?), il n'était pas non plus sans apporter une plus-value artistique...

2/ le clip, forme de matraquage publicitaire, vise donc essentiellement le public jeune et à l'oreille peu éduquée à ce que peut être la diversité et la richesse musicales, relativement peu représentées à la TV. D’ailleurs, la publicité fonctionne très bien auprès des enfants, très réceptifs aux sons, musiques et images ou plans qui défilent rapidement. Il faut que ce soit animé et coloré si possible. Et la publicité télévisuelle s’inspire souvent des clips, qui eux-mêmes s’inspirent en retour des montages publicitaires. Au-delà du simple montage audio-vidéo, et comme le rapportait récemment la revue Decideurs, "Lady Gaga a fait de ses clips de véritables émissions de télé-achat dansant. Près de 10 produits de différentes marques apparaissent dans son dernier clip "Bad Romance". Mieux encore, à chaque fois, le nom de la marque apparaît ostensiblement". Musique et publicité marchent main dans la main. La boucle est bouclée. Et puis, savez-vous que certaines majors disposent de logiciels qui permettent de fabriquer des mélodies qui plaisent immédiatement à l'oreille ? Ces logiciels enregistrent des milliers de chansons qui ont bien fonctionné auprès du public, compilent cette énorme base de données pour ensuite en sortir des combinaisons d'airs et de mélodies susceptibles de plaire à ce grand public. Bienvenue dans l'ère de l'industrie musicale qui n'a jamais aussi bien porté son nom ! Finalement, je fus tout heureux lorsqu'un jour ma fille avoua que "oui c'est vrai, t'as raison papa, une bonne chanson n'a pas besoin de clip". Bien entendu, comme je l’ai évoqué plus haut, il n'est pas question de prendre un raccourci intellectuel en assimilant systématiquement le clip à une musique de merde. Certains artistes n'ont pas le choix d’ailleurs, leur maison de production les oblige à en produire, car celles-ci savent bien que sans le clip, sans le visuel, volontairement provocant ou pas d'ailleurs, il sera plus difficile de vendre. Le pouvoir de l’image est devenu incontournable… Et de jeunes artistes peuvent avoir intérêt à faire un clip, même sur Internet (je pense à « Marly-Gomont » de Kamini) pour faire le buzz. Et même les black metalleux d’Immortal se mettent en scène -de manière ridicule il faut bien le dire- dans des clips pour le coup pas diffusés (faut pas déconner quand même, le clip ne réussit pas encore à faire du black metal une musique grand public, quoi que rien n’est impossible non plus)… En fin de compte, lorsque le jeune entendra à la radio sa chanson qu'il a vu en clip, le matraquage deviendra définitivement acquis et efficient. Le passage statistique à l'achat n'est pas loin de se réaliser... Vous comprendrez que la présomption de matraquage musical n'est jamais éloignée en ce qui me concerne lorsqu'on évoque les clips. Et trop souvent, soigner le clip, l’image, prend le pas sur la composition musicale… le clip musical est destiné d’abord à ceux qui sont attirés par les images, à la génération du tout visuel, la génération bling-bling, du clinquant et pseudo provocant sponsorisés par BanRay et G&D (Lady Gaga, Britney Spears, Black Eyes Peas…) où il faut entasser le plus de bimbos siliconées possible au m² (sinon la fête est pas réussie, on se marre moins), à celle du McDo artistique [Streetcleaner, arrête de faire ton gros con de José Bové de la musique, Ndlr], à celle du Smic culturel [Streetcleaner, arrête de faire ton gros con d'Eric Zemmour de la musique, Ndlr]… Une industrie dans laquelle les maisons de disques US excellent, et qui n’hésite parfois pas à faire appel à des réalisateurs venant du cinéma (déjà au début des années 80, John Landis (Hurlements) s’était occupé du clip de « Thriller »). La musique doit d’abord passer par l’image… alors que, je le répète, voir de la musique est en soi une aberration…

Finalement voilà la recette d’un disque moderne de variétoche ou pop/rnb/rap dégoulinante grand public de merde : 12 titres, 2 morceaux aguicheurs, 10 fillers qui se ressemblent avec des mélodies banales, et cinq clips dorés pleins de bimbos dénudées que même vous avez envie de faire la fête avec, ou plutôt envie de leur faire leur fête pour calmer leurs ardeurs… et que même que c’est vachement mieux réussi que la fête de l’autre ambassadeur avec ses boules sur un plateau…

Mais j'en vois certains me dire "Streetcleaner, t'es qu'un vieux con et has been, t’es plus dans le vent. T'as même pas été foutu de comprendre le génie du dernier Philippe Katerine que t'as descendu comme un gros débile, preuve que t'as rien compris. T’es qu’un gros réac… Peut-être que même t'as jamais rien compris à la musique...". Possible... Je répondrai toutefois qu'une affirmation faite par un vieux con ne vaut sans doute pas moins que celle assénée par un jeune... Non ? Et puis remémorez-vous l’aveu de ma fille de douze ans :

"oui c'est vrai, t'as raison papa, une bonne chanson n'a pas besoin de clip"…

Une bonne oui, elle ne devrait pas en avoir besoin, mais une mauvaise peut-être pas…



Le 18/11/2010 par L

Les clips sont utiles seulement quand on y voit l'intérêt de le voir. Ou bien il y a une astuce, comme Star Guitar des Chemical Brothers mélant séquence musicale electronique avec décors, ou Ok Go avec leur fameuse danse sur les tapis roulant, les clips humoristiques de Henri Salvador, mais à part des cas comme ça il y a une myriade infinie d'autres clips totalement bêtes, inutiles, servant à quoi ? ...

Personnellement à part l'un ou l'autre qui vaille la peine, je déteste les clips car on en voit aucune utilité ... si au moins on voyait les musiciens en concert jouant le morceau (et PAS en playback, PAS retrafiqué à outrance en studio et PAS avec 5 changements de plans par seconde ...). Mais voir les gens du groupe faire leur pseudo acteur parfois dans des décors bizarres ou glauques en articulant leur chansons ... c'est débile ...


Le 12/11/2010 par OPOTITI

J'applaudis et je me lève. Excellent Edito !

C'est tout à fait vrai ce que tu dis sur les clips et les gosses, ils sont super influençables. Il y a un gros effet de mode là-dedans, ma soeur s'est fait avoir d'ailleurs, j'en suis attristé... Heureusement je l'ai convaincue que Justin Bieber=caca.


Le 10/11/2010 par TROUDIF

Excellent édito.

J'ai vraiment peur, si j'ai des enfants, qu'ils se fassent happer par la propagande (car oui, le matraquage visuel, c'est de la propagande) que proposent les maisons de disques.

Comment éduquer une enfant à la noirceur d'un excellent black sabbath quand il a face à lui le bling-bling d'un immonde lady gaga??

Mondialisation quand tu nous tiens...



             



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