Quand Johnny parle de sortir un album blues, sous-entendu "roots", fidèle à ses racines et à "toute la musique qu'il aime", il ne faut pas le croire. Enfin, pas sur parole ! Regardez "Always", ballade sucrée désormais typique pour lui, elle est mignonnette, mais ce n'est pas parce qu'on nous sert quelques guitares slide et pedal-steel que nous sommes dupes ! Meilleure est "Que Restera-t-il", peut-être parce que Johnny la dédie à sa mère Huguette Clerc, décédée un an plus tôt ?

Pour le reste, l'artiste ne ment pas, et ce disque dont le son est géré par monsieur Bob Clearmountain (Bruce SPRINGSTEEN) garde une couleur bien plus seyante à Johnny que Ma Vérité (2004). Avec "Chavirer les Foules" et son harmonica promeneur, l'idole des désormais plus très jeunes retrouve une fraîcheur qui nous avait bien manqué depuis une dizaine d'années. Ce n'est pas non plus exceptionnel, loin de là, et il y a néanmoins sur l'ensemble un côté grosse production dont Lorada (1995) se passait fort bien.

La voix de Johnny est particulièrement belle sur ce disque, notamment sur "Être un Homme", où le texte est plutôt bien tourné, ainsi que la musique country-folk. On apprécie également la présence de grands musiciens : les Laboriel, Le Mesurier, Cassar, Keb' MO', Greg Leisz, Paul PERSONNE, Tony Joe WHITE (que Johnny avait chanté en 84 et 91)... En revanche, la plupart des retours au rock sont très passe-partout, que ce soit le duo avec Taj MAHAL, "Vous Madame" (seule la fin avec les guitares est très bonne) ou la reprise de "Sarbacane".

Valable pour une poignée de morceaux, si Le Coeur d'un Homme était mieux enraciné et imprégné, il aurait pu se démarquer des autres disques de Johnny durant les années 2000.