1984 est pour Johnny HALLYDAY le deuxième temps des publications de ses enregistrements réalisés à Nashville, et même le troisième, le quatrième, le cinquième. Il est difficile d'y voir clair, même avec le recul et surtout maintenant que la mode des rééditions a été adoptée par le patron.

Déjà à l'époque, c'est problématique. En février 84, Johnny sort un double album appelé Nashville 84, avec plein de nouvelles chansons sur une partie et, sur la deuxième, des refontes de celles-ci en duo ainsi que sur d'anciens titres, voire des reprises.

Les deux disques sont édités séparément fin mars, sous les noms Drôle de Métier et Spécial Enfants du Rock, avec l'émission du même nom pour trame visuelle. Entretemps, un L.P court de reprises de morceaux récents en Anglais paraît à son tour (En V.O.). Malgré cela, il y a plein d'inédits et les diverses rééditions du projet changent encore les listes de titres.

Drôle de Métier reste à ce jour la part la plus simple à dénicher. Ce n'est pas un disque formidable, loin de là. Johnny HALLYDAY semble hésiter entre le bon vieux rock'n'roll des familles et un son plus moderne, les années 80 traitées de manière soft à travers des ballades et qui annoncent la remontée fulgurante, artistique et commerciale, du chanteur en 1985. Pour l'heure, il est encore "abandonné", en studio du moins.

Dommage que le public n'ait pas reconnu une œuvre comme celle-ci en raison d'une efficacité certaine. Bien sûr, il y a du Johnny lourdingue et bateau comme "Saoûle à Mourir", malgré une bonne mélodie et d'excellents chœurs féminins. Le "Je veux te voir..." suggestif et insistant du patron sur fond de cuivres massifs, c'est une formule qui marche plus ou moins selon les moments.

Le rock'n'roll avec saxo rageur "Je Sais Que Tu Ne Peux Pas Trouver Mieux Ailleurs", emprunté à Jerry Lee LEWIS ("I Betcha You Gonna Like It") se laisse apprécier pour sa fraîcheur et le fait d'entendre la voix actuelle de Johnny sur des chansons comme il en faisait 20 ans plus tôt. Ce n'est déjà pas mal, mais d'un point de vue qualité, on préfère largement "Mon P'tit Loup (Ça Va Faire Mal)" emprunté à Bob SEGER, où Johnny beugle et qui déménage bien comme il faut.

"Toi Tais-Toi", "Nashville Blues", le country "La Tournée" et son texte amusant sont d'autres exemples sympathiques chacun dans son style, puisant chez les grands noms américains (les EVERLY BROTHERS pour "Nashville Blues") ou dans l'alchimie qui règne encore entre Johnny, Pierre Billon, Claude Lemesle et Eric Bouad, tous ensemble ou non. Bouad joue de la basse sur les morceaux plus récents, alors qu'on retrouve l'équipe d'Entre Violence et Violon.

"J'aimerais Pouvoir Encore Souffrir Comme Ça" est l'un des derniers textes – forts - de Long Chris, le vieil ami qui s'effacera de bon par la suite, même s'il reste proche de Johnny et présent indirectement. Sur le plan sentimental/mariage, Johnny est dans ses "années Nathalie Baye", mais plus tard, il épousera Adeline Blondieau, fille de Christian "Long Chris".

On entre là dans le domaine ballade soft 80's, conduite par la batterie réverbérée et le piano Fender Rhodes, marque des futures années 85-86. Si cela fonctionne peu sur "Génération Banlieue", dont on ne retient que le message prémonitoire, c'est très fort sur la chanson "Drôle de Métier" et sa belle mélodie. Johnny parle beaucoup de lui en tant qu'artiste dans ce disque, avec plus ou moins de sérieux, et on approuve.

Ensemble moyen, comme sur un bulletin scolaire. Le caractère hybride nuit moins ici qu'à un Solitudes à Deux (1978), mais en plus de certains titres médiocres, on reste en présence d'une collection de chansons. Un clin d'œil rétro sympathique et de bonnes expériences qui trouveront une meilleure unité et davantage d'efficacité à l'avenir.