Ce concert de Johnny HALLYDAY à la Cigale est un peu particulier. Quelques mois seulement après le Flashback Tour : Palais des Sports 2006, on pourrait se dire que même un changement de maison de disques (depuis 2005, Johnny est passé de Philips à Warner) n'est pas une raison suffisante pour enchaîner les publications de disques live, qui plus est afin de promouvoir un album qui ne le mérite vraiment pas. En revanche, il est bon de voir que la star apprécie toujours les "pas trop" petites salles.

Au début du concert, il lance "Nous allons faire du rock'n'roll !", et pour cause, "Je Suis Né Dans la Rue" attaque direct, sans intro spectaculaire d'Yvan Cassar, nada. Geoff Dugmore renforce les effets de batterie, il y a de belles variations sur un rythme binaire d'un classique qu'on connaît sur le bout des doigts. "O Carole" ensuite nous présente le changement le plus important des semaines ayant précédé et depuis le dernier live, le saxophoniste Ray Hermann laissant sa place à George Philip Shelby.

C'est d'ailleurs là que le bât blesse, votre serviteur n'aime pas du tout l'empreinte soliste de l'instrument sur ce live, qui semble toujours "à côté" ou je ne sais quoi. Le constat est le même pour "Tutti Frutti", et chaque fois qu'il revient – pas trop non plus –, mis à part "Blueberry Hill" pour sa douceur. L'harmonica en revanche est flamboyant sur "Fils de Personne" (sans parler du solo d'orgue d'Yvan Cassar !) et peu espéré sur "Quelque Chose de Tennessee", plus country que jamais du coup, pour un beau résultat. Johnny fait chanter le public avant lui-même, sympa !

"Gabrielle" conserve une bonne énergie, tandis que "Blue Suede Shoes" est tout ce qu'il y a de plus pantouflard. J'aime assez le solo de guitare pépère sur "Be-Bop a Lula", mais globalement, c'est un live qui comporte peu d'aspérités, avec pas grand-chose pour le faire figurer en bonne place parmi les meilleurs live de Johnny.

Cependant, il a une particularité qu'on peut lire quelque part dans le piano boogie-woogie de "Whole Lotta Shakin' Goin' On" aussi bien que la touche la plus rurale du band sur "Nashville Blues", assez remarquable. Johnny parlait de rock'n'roll, mais en fait, il s'agit davantage de blues. Le même blues qui fera défaut au futur album, Le Coeur d'un Homme (2007), alors qu'on nous promettait un retour à cette musique. En fait, il est là, à la Cigale !

Johnny, bien qu'en forme vocalement, laisse souvent la place à ses musiciens pour des moments qui tendent à désarçonner son public (sur disque, alors pensez à celui présent ces soirs-là !) à travers une grande intimité, une respiration musicale, comme une envie d'expédier les chansons encore moins rapidement (coucou, Live à la Tour Eiffel ! Tu n'es pas concerné, non) et de tourner davantage en roue libre. Ça plane, nul besoin de substances illicites, et ce qui aurait pu être un concert plus court en réalité prend bien son temps.

Pour nous auditeurs, ce n'en est pas du perdu, mais j'avoue que mon avis sur ce live demeure bancal. Beaucoup de doublons avec le précédent (et encore, nous n'avons pas "Proud Mary"), des versions pas franchement exceptionnelles, mais un bon esprit, et sans y revenir souvent, quelque chose d'attachant qui l'empêche de prendre la poussière.