"À partir de maintenant, plus rien n'a d'importance, à partir de maintenant, rien ne sera plus comme avant..."

Ces paroles sont prophétiques à plus d'un titre, bien qu'elles parlent de la relation amoureuse, celle qui prend fin après avoir trop longtemps traîné. Le nouveau disque paraît en juin 1980, le mariage entre Johnny et Sylvie se brise quelques semaines plus tard, après deux apparitions communes en concert.

Plus rien n'a d'importance, c'est bien vrai, sauf que l'homme volage l'est aussi sur le plan artistique. Nous attaquons là une période plus que creuse pour Johnny et étalée sur plusieurs années, autant fournie en termes de productions qu'elle manque de qualité et, surtout, de tubes. La photo printanière de la pochette est donc menteuse, le disque n'atteint que la 7ème place des ventes, un des pires classements de sa carrière, sans faire date d'aucune autre manière.

La chanson-titre, écrite par Michel Mallory, jolie dans un registre acoustique qui rappelle les albums C'est la Vie (1977) et Solitudes à Deux (1978), est diffusée pendant tout l'été 80, mais ça ne suffit pas à l'élever au rang de classique. À la fin du disque, la ballade "La Fille de L'hiver" (titre quasi similaire à une chanson de l'album Johnny 67, sauf que la fille n'est plus petite), écrite par Mallory et composée par Johnny, a un certain charme sur le plan musical. Le texte convainc moins.

Après cela, on a deux titres entre blues et country, sans prétention. "Le Chanteur Sans Amour" est néanmoins meilleure que le bancal "À Double Tour". "La Seule Fille Que J'aime" met l'accent sur la basse et des percussions rumba, dans le style soft de l'album Hollywood (1979), ça ne serait pas trop mal s'il n'y avait ces cuivres énervants et la batterie incongrue. C'est une reprise en plus, de Steve GOODMAN ("You are the Girl I Love") et l'adaptation littéraire s'essouffle vite.

Les arrangements sont impersonnels et souvent basiques. Rien de passionnant, que du réchauffé. Sauf que, même quand Johnny essaie d'innover, ça sent le sapin. "Un Diable Entouré d'Anges", avec son esprit disco (l'indigestion de l'année précédente est vite passée !), ses boîtes à rythmes et ses choeurs "chabada" nous laissent perplexes. L'influence italienne est évidente (c'est une chanson de Toto CUTUGNO), et cela ne réussit pas à Johnny, décidément.

Que dire alors des chansons sur lesquelles l'album doit s'appuyer pour meubler une inspiration à bout de souffle ? Si on voulait être méchant, la reprise de "La Poupée Qui Fait Non" aurait pu être un motif de rupture amicale définitive avec Michel POLNAREFF. On n'en parle qu'à demi-voix, c'est du HALLYDAY qui veut toujours en mettre trop. Le début court à la guitare est joli.

Celle de Daniel BALAVOINE, "Je Ne Suis Pas un Héros", n'est pas une reprise contrairement à ce que l'on peut penser puisqu'en fait c'est pour Johnny que le Normand l'a composée. Elle n'a eu ni la finition, ni le succès escompté, et il est vrai qu'à l'écoute, mis à part son énergie, on n'en retient rien, par rapport à sa version future. Sans rancune, BALAVOINE la reprend quelques mois plus tard... sur conseil de Johnny ! Il n'y aurait même pas pensé seul, dit-il alors.

En fait, sur cette chanson comme d'autres du disque, la voix du patron reste ce qu'il y a de mieux à entendre. Elle sonne très bien à l'époque, sans excès et appliquée, tout en gardant l'émotion intacte. Pour le reste, À Partir de Maintenant, comme nous l'avons dit plus haut, ne lui permet pas d'ouvrir la nouvelle décennie sous les meilleurs auspices. Au contraire.