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Joseph HAYDN - Symphonie N°62 (hogwood) (1781)
Par CHIPSTOUILLE le 13 Avril 2017          Consultée 1871 fois

Ma symphonie préférée de HAYDN ? La 97ème, suivie de près par la n°68. La « danse sur un volcan » est de loin en qualité la plus homogène de tout le répertoire du maestro. Son allegro génial constitue l’un des sommets de la carrière de l’Autrichien. Mais s’il fallait parler d’un mouvement seul. Dans quelle symphonie HAYDN, l’espace d’un seul mouvement, brille-t-il le plus ? Si l’on pense à la 97ème, il faut alors également citer l’excellente conclusion de la symphonie n°52, tout aussi barrée dans sa folie, plus douloureuse. Une symphonie plus malchanceuse en ce qui concerne certains de ses autres mouvements. Attention toutefois à ne pas commettre l’erreur classique de faussement s’empêtrer dans nos appétits sombres, lesquels sont parfois nourris par un Joseph HAYDN aventureux. Sans quoi, nous risquons rapidement de comparer et de nous tromper.

Comprenez que si Joseph HAYDN a fourni la boîte à outils de BEETHOVEN, il en fit lui-même un tout autre usage. Résumer BEETHOVEN à un personnage sombre serait se tromper de même, mais avouons que c’est souvent dans ses travers les plus noirs que l’élève a le plus brillé. Quant au maître, ce fut tout le contraire. Mais alors, quel est ce chef-d’œuvre lumineux qu’il faudrait opposer aux élans ténébreux de la 5ème ? Les hautbois divins de la symphonie 41 ? Les cors anglais du philosophe (n°22) ? Le lever de soleil du matin (n°6) ? Peut-être faut-il chercher dans les nombreuses courses poursuites conclusives des symphonies de la maturité ? 68 ? 96 ? 88 ? et 97, encore ?

On vous avait parlé de la symphonie impériale (n°53), il y a longtemps, de son exceptionnel final n°A, rarement mis en avant si ce n’est par un judicieux Nikolaus Harnoncourt. Le final B, également de HAYDN, ne dépareille pas. Mieux, il fit l’objet d’une ouverture isolée. En fait, HAYDN l’aimait lui-même tant et si bien qu’il remodela ce mouvement comme introduction de la symphonie n°62.

C’est un morceau de choix ; quelle joie, quelle fanfare, quelle célébration de la vie que ce mouvement ! Tranquille, il se ballade, avec son rythme échancré, sa candeur, son insouciance, ses élans de joie à peine contenus. Tant pis pour la pastorale, le beau Danube bleu et tous les excès picturaux du romantisme. Le bonheur selon HAYDN n’est qu’émotion. Son développement s’égare, sans courir de danger excessif, suffisamment pour faire poindre des émotions plus contrastées. Un vague doute éprend cet enfant parti jouer au cerf-volant. Cette phrase répétée, qui garde son rythme, mais voile sa lumière de quelques jeux d’ombre, est d’un exceptionnel raffinement. Et ce n’est pas pour rien que nous avions cité les symphonies 97 et 52. La méthode est ici la même, avec cette insistance du phrasé qui varie sa tonalité. Point de folie ici, il est plutôt question d’ivresse, celle d’un parfum et des courbes suaves d’une silhouette féminine, ou enfin de s’égarer dans les méandres infinis de sa pensée.

Las, c’est rappelé à l’ordre de la période classique que nous sommes contraints de revenir dans l’exercice symphonique cantonné à ses 4 éternels mouvements. Rien de honteux ici, on saura même apprécier un Allegro conclusif au tempérament de conquête plutôt réussi. En témoigne quelques passes d’arme fuyantes qui jouent sur le contraste des volumes apportés par l’orchestre complet.

L’allegretto possède bien lui-même quelques particularités qui finissent par produire leur effet. Son premier thème tourne étonnamment sur lui-même, lorsque le second, plein de fougue, semble nous emmener vers des territoires sauvages que l’on aurait souhaité arpenter plus en détail. Malheureusement, tout ceci se répète. Les oreilles les plus attentives remarqueront quelques variations sur le premier thème. On aurait préféré le voir disparaître après avoir joué ce rôle d’introduction qui laissait apparaître un second thème que l’on aurait souhaité plus dominant. Quant au menuetto, pourtant bavard, il semble plus encore rébarbatif.

On en arrive donc à une conclusion tiraillée. L’allegro n’étant pas tout à fait original, déconseiller cette symphonie n°62 semblait logique lors de ses premières écoutes. Pourtant, la version « Impériale », plus baroque dans l’esprit (1), semble si ampoulée face à la légèreté de cette version remodelée que l’on aurait tort de négliger ce chef d’œuvre incomplet. On ne sera pas affirmatif ici sur le summum de la carrière de l’Autrichien (le menuet des sorcières, le tremblement de terre des 7 paroles, l’alouette ou les concertos pour violoncelle sont là pour nous le rappeler), mais côté mouvement de symphonie, on possède là un joyau purement et simplement mésestimé. Le reste est plus dispensable, d’où une conclusion mi-figue, mi-raisin. Comme pour le premier mouvement de la symphonie n°34, ne vous laissez cependant pas détourner du beau par de vulgaires questions de notation.

(1) Elle possède ses propres qualités (plus expansives), mais la présence de trilles, de timbales et d’ornementations rendent l’ensemble bien plus fourni. Le rythme inconstant fait également croire à une version jouée rubato (avec ralentissement et accélérations forcées) de l’allegro de la 62e.

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- Christopher Hogwood (direction)


- symphonie N°62 En Ré Majeur Hob I:62
1. Allegro
2. Allegretto
3. Menuetto
4. Finale: Allegro



             



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