Exception faite de la Missa Cellensis (Hob XXII:5), les premières messes de Joseph HAYDN n’offrent que rarement de quoi s’enthousiasmer. La missa in Honorem Beatissimae Virginis Mariae (Hob XXII:4), également appelée grande messe pour Orgue (Große Orgelmesse) a pourtant faillit se hisser au rang de réussite. Initialement numérotée faute de connaissances approfondies sur sa date de composition, on suppose qu’elle fut écrite aux alentours de 1768 ou 1769, soit après le Stabat Mater.

Son surnom n’a rien de mystérieux. Par grande, comprenez que sa durée est comparable à celles des 6 dernières messes composées de 1796 à 1802. Bien qu’une nouvelle fois la Missa Cellensis la surpasse sur ce point, Il s’agit en effet de l’une des messes les plus longues de HAYDN, notamment comparativement à la Missa brevis sancti Joannis de Deo (Hob XXII:7) de 1775, également surnommée Kleine Orgelmesse (Petite messe pour orgue). Dans l’une comme l’autre, l’orgue en effet prend la part belle, bien plus que dans le précité Stabat Mater où il faisait déjà une apparition remarquable.

Cette messe n’a donc rien d’une Missa Brevis, mode alors en vigueur, bien qu’elle en partage le nombre de mouvements. Ceux de la Missa in Honorem sont de longueur très variable, allant jusqu’à dépasser les 10 minutes pour le Credo. Contrairement à ce qu’il réussissait alors dans ses symphonies ou quatuors, HAYDN ne cherche pas à concentrer ses forces dans un travail thématique. En résulte une messe un peu fourre-tout, qui multiplie les épisodes sans trouver de point d’accroche. La missa Celensis elle aussi, cherchait tout autant à varier son propos. Cependant, la Missa in Honorem, contrairement à cet essai précédent, ne parvient que rarement à trouver une mélodie marquante.

Si elle a faillit se hisser au rang de réussite, c’est que par instants HAYDN parvient à itérer quelques prouesses. On se souvient en particulier du Credo, mouvement globalement bon, dont le final est tout en force. Un passage qui n’est pas sans rappeler le formule adoptée par HAENDEL dans ses oratorios. Le gratias, au sein du Gloria, imprime sa marque de façon succincte avec ses binômes vocaux, on pense ici plus à l’efficacité sobre de PERGOLESI.

On évoquera également le fait que dans son orchestration figurent également 2 cors anglais (1) et que sa tonalité de mi bémol était très rare à son époque. Deux particularités qui prouvent que HAYDN cherchait réellement à créer une œuvre originale. Malheureusement, malgré une interprétation de haute volée par Simon Preston et son academy of ancient music, la missa Honorem ne parvient pas à convaincre. Le compositeur lui-même admettra que son propre frère le surpassait dans l’exercice de la musique sacrée. Faute d'enthousiasme, passé les années 1766-1769, la production de Joseph HAYDN dans le domaine sacré va ainsi peu à peu s’estomper.

(1) Cf. chronique de la symphonie n°22, le philosope de 1764