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Joseph HAYDN - Les Sept Dernières Paroles Du Christ (harnoncourt) (1796)
Par CHIPSTOUILLE le 15 Avril 2007          Consultée 11966 fois

Entendons-nous bien, je voue depuis un nombre assez conséquent d'années un quasi culte à Joseph HAYDN. Ca m’est assez difficile à expliquer, ce compositeur a été surpassé dans bien des domaines, ses contemporains et successeurs ont fait plus grandiose, plus volumineux, plus beau, plus énergique, plus romantique, plus, toujours plus. MOZART l'a pratiquement effacé en terme de notoriété au fil des années (après leurs morts respectives) et il n'est pas difficile de remarquer que celui-ci surpasse en bien des égards son inspirateur principal. Mais, j’aime HAYDN. Sa musique n’est pas particulièrement évocatrice d’émotions fortes (seulement de façon très succincte), mais elle m’a toujours fasciné comme l’amour d’un travail accompli.

Pour comprendre HAYDN, il faut savoir qu’il était un travailleur acharné et un fin diplomate. Du travail et de sa volonté naquirent des compositions très élaborées, aux finitions irréprochables. On ne déplore que très rarement de manques chez ce compositeur. Au tact et à la diplomatie se joint un aspect délicat et raffiné dans sa musique. La basse continue de l’époque baroque qu'il s'est tant employé à faire disparaître de même que l'absence de ronds de jambes, d'émotivité à tout prix et autres effets de modes le positionnent à une place rare et éphémère dans l'histoire de la musique classique. C'est sans doute de cette manière qu'il faut aborder l’oratorio "Die sieben letzen worte unseres erlösers am kreuze" plus connu sous sa traduction française, "Les sept dernières paroles du christ" (voir "de notre sauveur sur la croix"). La composition vit d’abord le jour sous forme de 7 sonates en 1786, puis en tant que quatuor à cordes (opus 51), pour enfin acquérir en 1795-1796 la forme que l’on connaît le mieux aujourd’hui, celle d’un oratorio.

L'oeuvre est très calme, chaque parole du Christ étant portée par un choeur narratif le plus souvent dominé par sa partie féminine. Celui-ci est voluptueux, sait se faire puissant, mais retient son souffle à chaque montée en puissance, comme pour caresser un silence dans un ultime moment de paix. Dès l'introduction instrumentale, on plonge dans un drame dont on sait déjà l'issue tragique et la portée conséquente. L'oeuvre entretient également un caractère austère malgré la luminosité de son chant. Clair obscur qui s’exprimait dans la mise en scène des premières exécutions sous forme de sonate : on drapait la chapelle en noir en ne laissant qu'une seule lumière pénétrer la pièce. Enfin, et la précision est de taille, il n’y a pas de récitatif, tous les mouvements sont donc mélodiques et l’oratorio ne souffre pas de temps morts.

L'ensemble fait prodigieusement bien son effet, on est comme touché par la grâce. HAYDN joue avec les contrastes, alternant ses solistes perdus dans de nombreux silences avec un choeur massif mais délicat, léger comme une plume d'ange. L'aspect tragique domine, on a l'impression d'être touché par peu de choses, comme une pureté musicale débarrassée d'effets faciles visant à charmer les auditeurs sans réel fond musical.

On remarque également que chaque parole traduit une avancée dans les évènements. Les quatre premières acheminent cette tragédie vers une souffrance à chaque fois accrue. La partie instrumentale située avant les trois dernières paroles permet une transition vers une souffrance moins présente. La musique traduit alors la résignation face à la mort et chaque parole se fait alors plus sobre.

Un tremblement de terre conclue le tout, et contraste de façon saisissante avec tout le reste. Il s'agit du seul mouvement vif, où le choeur terrasse tout en moins de 2 minutes (chaque parole en dure entre 6 et 8) avec tonitruance et sévérité. Les voix masculines jusqu'ici en retrait dominent alors l'ensemble qui s'écrase sous les coups de cors et de percussions, jusqu’alors absents.

Pour être totalement objectif, il me faudrait considérer un petit coup de moins bien dans les deux dernières paroles. Il faut également ne pas oublier que dans sa grande majorité, cette œuvre est lente et calme, ce qui pourra à ce titre en décevoir certains (du même auteur, je leur conseillerais dans ce cas la "Missa in angustiis" également appelée "Nelsonmesse"). Mais dans cet exercice de retenue, Joseph HAYDN est assurément un maître en la matière, les "Sept dernières paroles du christ" lui ouvriront d’ailleurs une voie toute tracée vers son premier grand oratorio "La création", également son plus grand succès.

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- Inga Nielsen (soprano)
- Margareta Hintermeier (contralto)
- Anthony Rolfe Johnson (tenor)
- Robert Holl (bass)
- Arnold Schoenberg Chor
- Erwin Ortner (direction choeur)
- Concentus Musicus Wien
- Nikolaus Harnoncourt (direction)


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