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Joseph HAYDN - Missa In Angustiis - Nelsonmesse (harnoncourt) (1798)
Par CHIPSTOUILLE le 19 Septembre 2013          Consultée 5128 fois

Nous avions déjà évoqué un héros militaire ayant prêté son nom à une symphonie de HAYDN en la personne du Maréchal Laudon. Ce dernier, fort de sa notoriété, avait surtout été un gage de ventes. Pour une raison que l'on peut supposer tout à fait différente, HAYDN n'ayant plus besoin de faire-valoir pour assurer ses ventes 25 ans plus tard, la missa in Angustiis est également plus connue aujourd'hui sous le nom de Nelsonmesse. Nom faisant référence donc, au Maréchal (1) Nelson, que nous connaissons tous de ce côté de la Manche pour avoir été l'ennemi juré de Napoléon Bonaparte.

Nelson, fort de sa victoire sur la flotte française dans la baie d’Aboukhir en cette année 1798, qui vit également l'écriture de la messe, fût accueilli en héros à Naples. Il y rencontrait Lady Hamilton, qui devint sa maîtresse. Les amants ne se cachèrent pas et le militaire prolongea ainsi son séjour dans le sud de la péninsule italienne. Son retour en Angleterre, effectué par la route en 1800, fut l'occasion d'un séjour à Vienne. Le couple y rencontra Joseph HAYDN et des relations se nouèrent, en particulier avec Lady Hamilton qui était douée pour le chant. Toutefois, aucune trace ne subsiste d’une représentation de la messe ou d’une quelconque réaction qui put justifier l'attribution de son surnom à cette occasion. En effet, le premier document qui associe le militaire à l'oeuvre ne date que de 1809, après la mort du compositeur.

La Nelsonmesse est aujourd’hui l’une des compositions les plus populaires de Joseph HAYDN, bien qu’elle ne soit pas connue du grand public, comme la quasi-totalité de sa production du reste. Le compositeur fit pourtant encore mieux la même année avec le premier de ses deux grands Oratorios (1), à savoir La Création. Pour une excellente mise en bouche, cela étant, vous sera conseillé en premier lieu la messe, bien plus accessible que l'Oratorio de 2 bonnes heures. Sans certifier qu'on a là le meilleur de la musique sacrée de HAYDN, on est celà étant dans le peloton de tête. Elle est assurément un cran au-dessus des deux précédentes, à savoir la missa St Bernardi Von Offida (Heiligmesse) et la missa in tempore belli (Paukenmesse), toutes deux déjà remarquables.

La Nelsonmesse combine en effet les qualités des deux précédentes. On y retrouve la générosité des chœurs de la première et le sublime des sopranos de la seconde. Plus encore, au-delà de la naïveté joyeuse qui caractérise ce retour pour HAYDN à la musique d'église après une longue pause, on y retrouve un panel d’émotions plus variées. La tonalité de ré mineur, la même que celle du Requiem MOZART, lui donne en arrière plan une saveur tragique, comme si HAYDN renouait avec ses vieux démons. Le Qui Tolis, à ce titre, et ses solistes qui se succèdent pourront vous faire penser au Tuba Mirum du fameux Requiem. Mais la grande force de cette œuvre, c’est son aspect de symphonie vocale. HAYDN après avoir peaufiné jusqu’à la perfection l’art de la symphonie classique, usait de son savoir faire pour l’appliquer au chant. Ainsi les voix, chœurs et solistes, fusionnent avec les instruments (cordes, orgue…) pour itérer un tout uni, ce qui par opposition, rompt avec le style du Requiem précité.

Le meilleur, également repris des traits symphonistes, se révèle être l’utilisation des solistes mis en valeur de manière succincte. On retrouve ainsi cette marque de fabrique du compositeur, à la manière des passages concertants de certains instruments régulièrement portés en avant dans ses symphonies. Généralement ceux-ci se disputent l’attention parfois se mélangeant, bien souvent se répondant, voir se chevauchant. Et, lorsqu’une soprano se détache de la masse pour aller atteindre des sommets dans les aigus, on touche les cieux du doigt. La messe se distingue également de par la vigueur des chœurs ainsi que de ses timbales, comme dans le Benedictus, qui annoncent d'une certaine manière le futur BEETHOVEN. Nous avons ici chez HAYDN une porte d'entrée que vous êtes promptement invité à emprunter. Les aventuriers pourront également tenter la messe de Sainte Cécile, moins représentative du compositeur, mais tout aussi, si ce n'est plus, remarquable.

Reste le choix de l’interprétation. On en évoquera deux, ayant chacune leurs propres qualités. Neville Marriner, avec la célèbre Barbara Hendricks, donnait une allure très romantique à l’ensemble, sans atteindre le hors propos. Choeurs généreux et voix puissantes rendent le tout symphonique, parfois avec une verve entrainante. Harnoncourt, de son côté, cherche la mise en valeur du détail, grande idée pour le HAYDN de la maturité. L’effectif plus réduit pourra en comparaison avec la version de Marriner sembler avare en consistance. Mais les solistes chez Harnoncourt ne manquent pas de piquant, on s’y retrouve. Le trémolo légèrement insistant de la version de Marriner, effet qui se ringardise avec les années, tend à faire pencher la balance côté Harnoncourt. Mais c'est peut être les autres oeuvres figurant sur les disques qui vous décideront. Tout dépend si vous optez pour le Harnoncourt en coffret (avec en particulier les magnifiques 7 dernières paroles du christ) ou simplement en duo avec le 2nd Te Deum, contemporain mais oubliable. Côté Marriner, se sont 3 messes homogènes en qualité comme en style qui accompagnent, sans jamais tout à fait atteindre le niveau de la Nelsonmesse toutefois.

(1) Nelson ne sera promu Vice-Amiral qu'en 1804, et n'a d'ailleurs jamais été nommé Amiral.
(2) Par grand comprenez long, d’autres oratorios plus modestes furent composés au préalable comme les Sept Paroles du Christ ou encore Il Ritorno Di Tobia.

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- Elisabeth Von Magnus (alto)
- Deon Van Der Walt (tenor)
- Alastair Miles (baryton)
- Arnold Schoenberg Chor
- Concentus Musicus Wein
- Nikolaus Harnoncourt (direction)


- missa In Augustis 'nelsonmesse' Hob Xxii:11
1. Kyrie
2. Gloria
3. Credo
4. Sanctus
5. Benedictus
6. Agnus Dei
- te Deum Hob Xxiiic:2
7. Te Deum



             



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