AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

On ne va pas se mentir, Finding Dory/Le Monde de Dory par Andrew Stanton (seul cette fois), si beau soit-il en termes d'images, même en reprenant des personnages qu'on a aimés, même si certains moments nous font bien rire (certains citent Gérard l'otarie ou Claire Chazal, pour moi c'est la coquille Saint-Jacques qui a la voix d'Emmanuel Curtil) tandis que d'autres nous émeuvent, n'était pas indispensable. À la fin du Monde de Nemo, rien ne laissait présager une suite - contrairement aux Indestructibles -, que l'on est content d'avoir certes, et le grand écart de treize ans ne change pas la formule, ni visuelle, ni dans les sons, doublage et composition.

Pour l'histoire du poisson-chirurgien Dory, déjà "clou" du premier film, ici à la recherche de son passé et de ses parents (pas facile quand on a des "troubles de la mémoire immédiate" !), DISNEY/Pixar rappelle NEWMAN, Thomas et non Randy, le même qu'on avait déjà croisé en 2003. Il serait presque inutile de développer longuement une chronique d'une bande originale qui reprend les mêmes éléments, les mêmes fréquences et timbres, sans doute les mêmes mélodies aussi.

Pour celles-ci, NEWMAN utilise à nouveau largement le mode lydien, gamme de do à do que tout le monde connaît, sauf qu'à la place du fa normal on a un fa dièse, dissonance importante. Il était déjà revenu dans certains films plus récents comme Le Voyage d'Arlo et Zootopie ; c'est vraiment un schéma sonore typiquement cinématographique, et ça fait toujours son petit effet, surtout avec de telles instrumentations.

Après un début aux cordes, le piano prend le relais. Fébrilement, élégamment, il porte une valse parcourue de voix évanescentes. L'idée est de passer rapidement du timbre naturel d'un instrument à sa manière de sonner sous les profondeurs aquatiques, et on se laisse prendre, une fois de plus. À ce titre, le minimalisme des cordes reste particulièrement saisissant lorsque Dory nage seule dans le varech, juste avant de retrouver ses parents.

Calypso des tortues, ambiances de jungle et attaques sèches de l'orchestre pour la scène du calmar, hautbois et xylophone enchanteurs, la partition de Newman vient nous caresser l'oreille une nouvelle fois, pour un degré égal de qualité d'ensemble. Notons juste un thème jazz-fusion/funk bien sympathique, flûte en avant, lorsque Dory arrive enfin à Grand Large. Il est développé au générique de fin par un solo de trombone.

Puisqu'on y est, il y a aussi davantage de chansons dans cet opus, bien qu'en nombre infime. D'abord la ritournelle de Dory, "Nage droit devant toi" (ah, Céline Monsarrat, quelle voix adorable, les années n'y font rien !), et le banc de poissons au début a le rôle d'une chorale folk pour le morceau "Migration", fort agréable. À la fin cette fois, au moment où le camion tombe dans l'eau, on entend "What a Wonderful World" de Louis ARMSTRONG (sans être drôle, ça donne le sourire parce que... parce que !).

Pour le générique enfin, l'Australienne bien connue SIA, en association avec les paroliers norvégiens Stargate, écrit et interprète "Unforgettable". Du point de vue d'un non-amateur de cette chanteuse, on est loin de sa surenchère habituelle, heureusement, et c'est un très bel effort de pop jazz "smooth", douce et rêveuse. La batterie se distingue par sa discrétion et sa production. Voilà en ce qui concerne le chapitre des poissons, il se clôture momentanément, mais pour le prochain DISNEY, on va pouvoir rester encore un peu à la mer, chouette !