AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Wreck-It Ralph, en français Les Mondes de Ralph (2012), est un DISNEY qu'on aimerait détester. Il contient tout ce qu'un film d'animation en 3D peut contenir de fatigant pour un esprit traditionnel : anti-héros qui veut le devenir et personnages surexcités, placement de produits et univers hérité des jeux vidéos... Si ça ne vous dérange point de voir Pac-Man et Street Fighter II, Nesquick et Nintendo (aussi bons soient-ils dans leur branche respective) apparaître dans un DISNEY, Les Mondes de Ralph est fait pour vous !

Oui mais voilà, il se trouve que le film de Rich Moore, qui travaillait auparavant pour les Looney Tunes (Bugs Bunny, Daffy Duck...), est une réussite. Bon scénario, bon équilibre entre l'action, l'émotion, quelques répliques et frasques dessous-la-ceinture toujours déplorables mais moins que dans les productions de la période 2005-2008. Dans une salle d'arcade, Ralph est un démolisseur qui veut sortir de sa routine nauséabonde et vivre dans le luxe. On lui dit qu'il doit devenir un héros, mais c'est pour rire car les personnages de jeux vidéos connaissent leur condition. Pas Ralph, et du coup il passe d'un jeu à l'autre, rencontre une jeune fille appelée Vanellope qui rêve elle aussi d'avoir une médaille (en course de bolides), ce qui chamboule toute la salle d'arcade, déplaît aux clients et menace de désactivation les personnages et mondes virtuels...

Même si on s'éloigne plus que jamais du DISNEY d'antan, par un grand prodige, ça fonctionne bien, grâce à un rythme bien mené et pas trop énervant (pourtant, Vanellope n'y met guère du sien !), ce qui manquera beaucoup à Vice-Versa en 2015. Si on parle de nostalgie, c'est d'abord au niveau de l'esprit jeu vidéo précisément, et, en dehors de quelques scènes, la musique. Henry Jackman n'est alors réellement actif que depuis trois ans par le biais d'une poignée de blockbusters (Monstres Contre Aliens, Kick-Ass, X-Men Le Commencement), et il n'a pas encore signé une seule BO de jeu, ce qui n'arrivera qu'ensuite avec Just Cause 3 et Uncharted 4 & Lost Legacy.

Résultat, et l'on est tout de suite mis dans l'ambiance avant même le film, avec un swing traité en 8-bit, la forme musicale des premiers jeux vidéos ; pensez au son informatique du thème de Super Mario Bros. sur NES, la première console internationale mise au point par Nintendo. Lorsque Ralph va se renseigner au bar Chez Tapper pour savoir où trouver une médaille, on n'est pas dépaysés en entendant un morceau country du même acabit, mais ça reste sympa, comme le rhythm'n'blues placé à la fin du film pendant la narration. Tout cela s'enchaîne, voire se superpose avec la présence de l'orchestre qui livre son lot de fééries (Ralph rêvant chez lui au début, pour le dénouement), d'emportements, d'instruments solistes (clarinette, trombone basse), sans qu'on trouve à redire.

Ce n'est certes pas miraculeux, mais contre toutes attentes, on le considère de façon positive, ce mélange de 8-bit et de cinéma hollywoodien en musique. Bien que SKRILLEX soit de la partie, oui ! C'est lui, alors en plein triomphe durant ces années 2011-2012, qui signe le thème "Bug Hunt", mélange dance-electro-rock du jeu d'action Hero's Duty (dont le nom rend hommage à Call of Duty, évidemment) et de la course de voitures du royaume Sugar Rush. C'est boursouflé, mais en fond sonore et adapté à la scène, ça passe, à l'image du thème ultra-kitsch des lianes qui rigolent.

D'ailleurs, une autre raison pour laquelle on aimerait détester Les Mondes de Ralph, si l'on demeure modéré envers l'esthétique nippone, qu'elle soit informatique ou musicale, c'est la chanson "Sugar Rush" du collectif J-Pop féminin AKB48, qui souligne l'arrivée de Ralph au jeu correspondant et qu'on entend à nouveau pendant le générique de fin, avec toute la dose de bubblegumitude possible. Cependant, ce n'est pas ce qu'on peut entendre de pire dans le domaine. De même, l'autre chanson de conclusion, "When Can I See You Again" du groupe OWL CITY, singe l'intemporel "Video Killed the Radio Star" des BUGGLES, sans filles, mais de manière acceptable.

À cette liste, ajoutons l'excellent "Celebration" de KOOL & THE GANG pendant une fête, ainsi que "Shut Up and Drive" lorsque Vanellope s'entraîne, sans doute un des meilleurs tubes de RIHANNA. Sans parler de "Wreck-It, Wreck-It Ralph" de BUCKNER & GARCIA, troisième morceau d'un générique décidément bien "chantant" (il est rare qu'aucune place ne soit laissée à l'orchestre seul) à l'énergie pop quasi punk et qui fait du bien. De petites choses (mis à part le grand "Celebration") mais elles forment un bon tout.