Il y a des choses que l'on peut accepter avec le temps ; d'autres non. Quand on est passionné et entêté, s'il y a bien une chose que l'on n'accepte pas, c'est de se laisser influencer par quelqu'un (y compris Madame la Vie elle-même) qui veut vous pousser à être le contraire de ce que vous êtes depuis toujours, même si c'est soi-disant pour aller mieux. Ainsi, n'ayant jamais été fan de la série Toy Story qui connait ici son ultime chapitre (apparemment), sous la houlette du jeune réalisateur John Cooley, l'élément le plus marquant a toujours été Woody le cow-boy, preux chevalier du monde des jouets, grâce à sa fidélité hors-normes – surtout actuelles, les normes, comme au moment où Bo la douce bergère transformée en Wonder Woman plus habillée lui dit « des humains, il y en a plein d'autres ! ». La conclusion a beau être ce qu'elle est... Mais, on ne va pas spoiler !

Un autre décidément bien fidèle, c'est Randy NEWMAN (ils sont même deux, si l'on ajoute son chef d'orchestre Don Davis). Etant là encore trop peu adapté pour apprécier pleinement la cool-attitude naturelle que dégage sa musique quand elle est légère, c'est avec tiédeur (et un peu plus de courant froid) que votre serviteur reçoit une nouvelle diffusion de "You've Got a Friend in Me"/"Je suis ton ami", sans aspérité ni variation depuis 1995.

Les deux autres chansons originales pour ce Toy Story 4 sont plus intéressantes mais moins jazz New Orleans que country. Depuis Cars (2006), de toute façon, Maître NEWMAN verse d'un aspect à l'autre, mais il montre ici des efforts tout à fait honorables, d'abord avec "I Can Let You Throw Yourself Away", où les cuivres pétaradent gaiement aux côtés d'une bonne prestation de lui-même et des choeurs féminins (la séquence du début où Woody veille sur Forky/Fourchette). Ensuite, "The Ballad of the Lonesome Cowboy" (générique de fin), moins mélancolique que Lucky Luke, mais très chouette avec les arrangements de pedal-steel et de guitare baryton. Des années après Cars, ça fait toujours plaisir.

Le reste de la bande sonore est très variable, car si l'orchestre est dynamique, partageant moments rêveurs et ceux d'action pure, si les arrangements sont au minimum intéressants, c'est pour faire du réchauffé ou de l'automatique une bonne partie du temps. Dans l'action surtout, la superposition de scènes au rythme effréné avec des lourdeurs de cuivres et cavalcades de cordes tend à retrouver ses travers, à patauger et à fatiguer. Le début est chouette car il enchaîne les deux aspects, et on sait d'avance que les moments "émouvants" vont être forts. C'est qu'il y a deux grandes séparations dans le film, une qui l'ouvre et l'autre qui le ferme ! Chaque fois, l'orchestre est au sommet.

Le style New Orleans, toutes trompettes dehors, s'invite de nouveau au moment où la petite Bonnie crée Fourchette à la maternelle, et il y a pas mal de swing vers la fin du film, au générique. Le milieu garde quelques qualités, du pizzicato pour l'intrusion au magasin d'antiquités durant la mission sauvetage, une petite variation sur le Casse-Noisette de TCHAÏKOVSKI aux cordes toujours. On note aussi quelques accents de musique juive dans les regroupements de flûtes enlevées. Bref, ce n'est pas du grand art, mais on sent le travail et cela s'écoute. Les autres chansons, empruntées cette fois ("Midnight, the Stars and You", grand standard entre-deux guerres du chanteur Al BOWLLY ; "Don't Keep Me Waiting", groupe country de l'Arkansas) sont utilisées de manière purement anecdotique.

Je ne sais jamais trop comment noter une BO de Toy Story. Ça se tient, sans plus, voilà ! Et puis même dans le pire, c'est toujours moins ennuyeux qu'un personnage faussement drôle comme Duke Caboom, le motard cuir/moustache canadien. Autant en anglais on s'amuse de constater que c'est Keanu Reeves qui lui prête sa voix (de même pour Timothy Dalton et le jouet monsieur Labrosse), autant en VF on a envie de dire : "S'vous plait bâonnes gens d'France, stoppez-là d'toujours niaiser 'vec l'accent québecwô, tabarnak !". C'est en deçà du 3, mais au moins il y a toujours Darbois pour Buzz, Puymartin pour Woody, Guybet pour Rex et bien sûr, CharlElie COUTURE ; bref, les habitués depuis près de 25 ans.