Les 101 Dalmatiens 2 : Sur la Trace des Héros (2003) est le genre de suite un peu bâtarde (sans jeux de mots), qui vient tenter d'entretenir une flamme lointaine comme l'a fait (Belle et le Clochard 2, 2001), d'autant plus que là dans ce cas, Glenn Close venait de crever l'écran en interprétant une Cruella d'Enfer bien réelle dans les 102 Dalmatiens, deux ans plus tôt.

Rien pour égaler l'original de 1961 bien entendu, mais au moins on garde l'aspect DISNEY en 2D, le trait à l'ancienne, même si tout manque de profondeur, y compris au niveau de l'histoire, des personnages. Cruella faisait peur avant, elle est ici plus grotesque qu'autre chose, avec son Andy Warhol de pacotille, mais aussi bien sûr les brigands Horace et Jasper. Perdy et Anita, Pongo et Roger passent tous au second plan puisque c'est un de leurs enfants, Patch, qui est protagoniste avec son admiration pour Ouragan, le chien-star du feuilleton TV que l'on connaissait déjà. Leur rencontre mouvementée et les désillusions sont au coeur du scénario sans rien de très prenant au niveau émotion, quand cela devrait être le cas. Même l'effet 'appel à SOS' canin n'a rien de surprenant et passe vite sans amener d'ambiance réelle. Une suite DISNEY regardable, tout juste.

Finalement, le plus alléchant se situe d'un point de vue musical grâce à Richard Gibbs, sans doute remarqué par ses prestations pour Dr. Dolittle (1998) et La Reine des Damnés (2002). Voilà une bonne manière de faire dans la tradition sans trop se brûler, surtout lorsqu'on brandit une étiquette swing devenue bien rare chez DISNEY. Orchestre/big-band tout ce qu'il y a de plus clinquant, saxophones altos et trompettes bouchées en avant, piano, bongos et vibraphone rutilants, ce film d'animation est à contre-courant et ne dément pas les quelques plaisirs qu'il peut offrir en la matière.

Le générique d'ouverture est tribal à souhait, avec des sons imitant les chiens pour le thème sans trop de ridicule pour une fois. Le reste favorise l'illustration sonore mais en gardant un pied dans les thème mélodiques, le travail sur les reprises/variations instrumentales de chansons. Tout ce que peut comporter une bonne B.O à l'ancienne. Si l'on note une danse slave rapide dans la scène de repas des dalmatiens au début, et quelques touches latinos 'caliente' dans les moments avec Cruella, la part d'exotisme demeure limitée tant le swing se suffit à lui-même.

Il y a du meublage, comme toujours, notamment vers la fin, mais le tout s'écoute avec plaisir, sans égaler la dynamique et le déroulé de l'oeuvre originale, aidée par un meilleur scénario dans tous les cas. Quelques fééries de flûtes/hautbois ou même cors/trompettes pendant la nuit paisible des chiens rendent le travail de Gibbs plus riche qu'il n'y paraît et captent l'attention. Et les emprunts aux chansons du premier film sont rares, sauf peut-être les reprises trop régulières de la pub pour biscuits Kanine Krunchies. Sans oublier "Dalmatian Plantation"/"La maison du rêve", chanson de fin en 1961, largement développée ici.

Restent les chansons, moins bonnes de toute évidence, surtout par rapport à l'imparable "Cruella De Vil"/"Cruella d'Enfer". Elles demeurent cependant efficaces, dans le cas de "One of a Kind" (générique final) et "Try Again"/"Recommence", celle qui accompagne les péripéties de Ouragan et Patch dans les rues de Londres. L'interprète-star en est Will YOUNG, vainqueur de la première saison du télé-crochet Pop Idol en 2002 et nouvelle coqueluche de la chanson britannique, qui se plie plutôt bien au style, malgré le yodel un peu forcé sur "Try Again"/"Recommence" (en France, il est doublé avec autant de panache par Olivier CONSTANTIN).

Mis à part le métier de Roger Radcliff et un tube indémodable, les 101 Dalmatiens en 1961 ou en 2003 ne se retiennent pas pour la partie 'chansons', mais on peut toujours souligner l'effort réel et apprécier le reste de la B.O. Pour varier les plaisirs et puisque ça swingue à mort, il est dommage que les trois groupies d'Ouragan n'aient pas eu le droit de saisir le micro ensemble à leur tour en 'close harmony vocal'. Mais les PUPPINI SISTERS ne sont arrivées qu'en 2004.