On a tous vécu les suites DISNEY différemment, et ce sujet demeure sensible. Néanmoins, Le Roi Lion 2 (Simba's Pride en VO, L'Honneur de la Tribu en français) figure, tout comme La Belle et la Bête sorti la même année, en bonne position et il y a de quoi. Question histoire, finition et même musique, une marge importante l'éloigne du premier, et pourtant il lui reste pas mal de qualités. Pour les lions de Simba devenu père, il s'agit encore de trahison, de lutte fratricide mais au niveau des enfants cette fois (Kiara, Kovu), et les esprits de Scar comme de Mufasa sont toujours présents.

Comme chaque suite, il n'a été publié qu'en vidéo alors que les studios ont vu certaines choses en grand, ne serait-ce que d'un point de vue musical. Une foule de vocalistes, choristes, qui du coup nécessite un équilibre rétabli par une direction instrumentale réduite. Nick Gleenie-Smith, claviériste de pop, est un proche collaborateur de Hans ZIMMER qui marche sur les traces du maître (la scène de l'incendie avec son envolée de cordes en particulier) et sans atteindre les sommets de 1994, la bande originale proposée quatre ans plus tard contient un bon lot de qualités.

C'est un mélange de musique pop et traditionnelle d'Afrique qui remet la flûte en avant, notamment pour le thème récurrent de Kiara, la fille de Simba, dans un ton léger et séduisant. À côté de cela et toute aussi présente, une basse fretless miaule à la moindre occasion, qu'elle soit ou non accompagnée de batterie réverbérée ou de programmations électroniques qui imitent les xylophones et autres percussions africaines. Cela forme une belle ambiance homogène, rarement troublée par d'autres idées qui peuvent elles aussi se montrer très bonnes : le piano lourd et grave des Terres Interdites, la première fois qu'on les aperçoit.

Pour respecter la partition musicale du film original, les chansons se devaient être de qualité, et c'est le cas. Inutile de retenter l'exploit de "Circle of Life"/"L'histoire de la vie", ç'aurait été trop voyant pour le même type de scène introductive, qui d'ailleurs commence la nuit. Mark Mancina et Jay Rifkin, en collaboration avec Lebo M. (voix swahili du film original), ont écrit cette perle appelée "They Live in You" pour la comédie musicale du Roi Lion à Broadway, dans la séquence où Mufasa explique à Simba ce que sont les étoiles pour lui. Devenue "He Lives in You"/"Il vit en toi", elle mêle choeurs, basse funky et semblant d'électro avec délice, car la mélodie le permet.

De même, celle de "We Are One"/"Nous sommes un", chanson de Simba avec Kiara qui, avec le thème de cette dernière, est l'air le plus utilisé pour les parties instrumentales de Gleenie-Smith. Refrain en accords de sol, la mineur, fa, do... l'enfance de l'art ! Ce titre, lumineux, au rythme délicieusement lent et chaloupé, est à préférer en VO, avec ses voix nasales. Toutefois, en français, Emmanuel Curtil (Simba adulte, comme dans l'original) fournit un bel effort qui tranche singulièrement avec ce qu'on connaît le mieux de lui, à savoir ses doublages de Jim Carrey. Ceux-ci peuvent facilement lui ôter toute prise au sérieux, mais Le Roi Lion 2, comme le 1, dit le contraire !

"À Upendi", chanson joyeuse des amoureux Kiara et Kovu menée par Rafiki le singe, est tout ce qu'il y a de plus kitsch visuellement, mais on ne sait pas pourquoi, on aime ! Ça doit être l'effet "Sous l'océan" en moins bon et en plus reggae. Le jeune couple a droit à son air langoureux aussi et sous les étoiles encore, "Love Will Find a Way". Si ça ne reste pas autant dans les mémoires que "Can You Feel the Love Tonight", Elton JOHN peut dormir tranquille, car le résultat est très beau.

Un des moments les plus émouvants du film est l'exil de Kovu : "One of Us"/"L'un des nôtres". Belle basse bavarde, beaux accords de claviers et surtout profusion de voix, toute en grandeur. "Trahisonnn, disgrâaaace...", meilleure en français cette fois ! En revanche et par rapport à "Be Prepared", la chanson de méchant, méchante d'ailleurs ici (Zira), "My Lullaby", est décevante, un rien victime de son pathos et de ses changements. Le générique reprend "We Are One" tout de suite après qu'on l'a entendue pour la fin du film, pourquoi ?! Et ensuite, le slow attendu, "Love Will Find a Way" reprise en version pop, n'égale nullement celle de l'histoire. N'est pas Elton qui veut...