AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Peut-être, Frozen 2/La Reine des Neiges 2 est-il meilleur que le 1er.
Peut-être, la bande son de la Reine des Neiges 2 est-elle meilleure que la 1ère...

Toujours est-il que le film de Jennifer Lee et Chris Buck méritait une suite digne, comme l'ont été Bernard et Bianca au Pays des Kangourous (1990) en son temps et les Indestructibles 2 l'an dernier. Quand les suites sont travaillées ainsi, adaptées pour le grand écran, ça change la donne, ça crée l'envie d'être vu !

Nouvelle histoire pour Elsa, Anna, Kristoff et aussi (hélas) Olaf, moins centrée sur Elsa, moins glaciaire mais plus épique, avec un voyage dans Arendelle, transposition DISNEY du grand nord scandinave qui tire même jusqu'à ce qui peut sembler l'équivalent du Svalbard/Spitzberg, le grand archipel arctique, ici appelé Ahtohallan. Les décors restent magnifiques, l'histoire convaincante avec des pointes de discours écologique en filigrane, il y a de la musique tout le long. Kristoff est un peu plus transparent et Olaf un peu plus sérieux, bref les deux sœurs princesses sont toujours les locomotives.

Ce second volet, proche de surpasser le premier en termes de succès, se laisse quand même bien regarder, plutôt sur grand écran. Tout comme les réalisateurs rempilent, la même équipe est gardée pour la musique. Le couple Lopez et Christophe Beck tentent bien sûr de reproduire l'effet "Let It Go"/"Libérée, délivrée" avec la même chanteuse Idina Menzel pour Elsa (tandis que l'adorable Kristen Bell fait toujours sa sœur Anna). Cela s'appelle "Into the Unknown"/"Dans un autre monde", et malgré de superbes montées vocales ou orchestrales, le titre manque son objectif.

Peut-être est-ce dû à l'emploi de la voix de la chanteuse norvégienne AURORA, qui se contente de faire un "ah" sur quatre notes suraiguës (sol-fa dièse-sol-mi) pour incarner l'esprit qui appelle Elsa depuis le début de l'histoire. Avec le reste, ça donne un mélange mélodique intéressant mais cela nuit aussi un peu la chanson. Bon esprit blues-rock bien dilué dans la rythmique quand même, et de manière encore plus "électrique", la BO n'hésite pas à durcir le son à certains moments. Même au générique on entend un peu du metal, sans doute pour rendre justice à toute l'importante scène scandinave et finlandaise.

Tout comme le premier volet, ce sont les chants traditionnels qui ouvrent le bal, ces intonations très nasales dans les chants rythmiques ("nanahéiana") aussi bien féminins que masculins. Et toujours cette bonnes vieilles mélodies en lydien avec sa petite dissonance... Bref, on reste en terrain connu, de quoi se faire plaisir mais pas de quoi surprendre beaucoup. À la rigueur, c'est Kristoff qui s'écarte le plus avec "Lost in the Woods"/"J'ai perdu le nord", un gros slow d'homme typiquement 80's et vaguement rock comme en ont chanté Bryan ADAMS aussi bien que Patrick BRUEL. Gentillet, mais c'est tout, comme sa reprise du générique de fin par le groupe californien WEEZER, comme aussi "When I Am Older"/"Quand je serai plus grand", la chanson jazz d'Olaf. "Into the Unknown" par PANIC! AT THE DISCO se montre déjà plus dure à écouter...

En revanche, on se laisse emporter dès les premières scènes et les berceuses, "All is Found" chantée par la reine mère des deux sœurs encore enfants, avec la voix d'Evan Rachel Wood, reprise avec une superbe non moins marquée lors du générique par Kacey MUSGRAVES, chanteuse américaine de country. Le morceau collectif "Some Things Never Change" est très sympathique, et Anna propose un "The Next Right Thing"/"Tout réparer" assez joli dans sa tournure folk. Les parties purement orchestrales sont à leur tour très convaincantes, avec deux scènes en particulier : l'attaque de l'esprit du vent, ainsi que la course d'Elsa sur la Mer Sombre. Et toujours des choses mignonnes par-ci par-là aux cordes, hautbois, parfois plus sorties des claviers que d'une salle d'opéra, mais bon. Un beau travail, même si pas la meilleure BO d'un grand DISNEY princesse, une nouvelle fois.

Note réelle : 3,5