AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Pour la bande originale de Strange World (en VF Avalonia : l'Etrange Voyage), DISNEY fait appel de nouveau à Henry JACKMAN, longtemps après Les Nouveaux Héros (2014) et les deux Mondes de Ralph (2012 puis 2018). Ce n'était certes déjà pas la quintessence de la musique de film d'animation, mais le résultat se montrait plus ou moins convaincant.

Pour Avalonia, titre français déjà bancal parce qu'il met en exergue une région d'un monde fantastique que l'on ne voit qu'au début et à la fin (les héros en partent puis y reviennent), le summum de la fadeur est atteint. Bien sûr que cet orchestre est beau, que cette partition se laisse fort bien écouter en fond sonore.

Et c'est bien là tout le problème. Pendant l'heure et demie que dure ce long-métrage d'animation, il doit y avoir peut-être même pas cinq minutes de silence, et l'orchestre, inlassablement, se charge de meubler avec des ambiances et mélodies diverses, mais jamais réellement marquantes, ou si peu - à un ou deux moments héroïques dirons-nous.

Niveau coloration musicale, on n'est même pas au niveau du Voyage d'Arlo par exemple, puisqu'il faut quasiment attendre l'épilogue pour entendre quelques instruments exotiques, et remis un peu en avant durant les dernières minutes du générique final. Le reste du temps, les cordes se baladent en toute sobriété heureuse, les cuivres se réveillent quand il y a un peu d'action, mais cet orchestre-là est, plus que jamais, celui que l'on entend dans tous les films, rien ne marque l'amateur du genre (un comble, là où on nous parle de 'monde durable') et l'illustration sonore, si riche des DISNEY d'autrefois, n'est qu'un fort, fort lointain souvenir.

Alors si, pour la coloration, on décide, à un moment bien inutile (danse de famille) de mettre un morceau de CARAVAN PALACE ("Lone Digger"), effet purement 'happy' parce qu'il en fallait un de ce genre et exercice non répété, tout comme d'ailleurs celui de la chanson, unique de facto. Celle-ci, présentée dans la séquence BD de départ se nomme "They're the Clades!" ("Ce sont les Clades !"), pour dépeindre une famille de héros aventuriers.

Choeur d'hommes martial très à l'américaine et subsistant d'une époque jugée tout autrement old-régime, elle ne figure pas non plus au rang des réussites pour DISNEY. Par contre, et ça c'est très drôle, ils attendent la toute fin du générique de conclusion pour la remettre, quand il ne reste qu'une poignée de personnes dans la salle ou qu'on a oublié de couper le DVD. En VF, parmi le trio viril, il y a au moins Olivier Constantin, un de nos grands chanteurs jazz et d'une prestigieuse famille.

En revanche, dans le reste de la BO, quelque part, il y a le bassiste Tony Levin, nom anglais éminent de la profession, et si quelqu'un arrive à l'entendre, merci de le signaler. Merci également de nous faire part d'un quelconque enthousiasme concernant cette bande originale, le reste aussi. Pas mal, le coup de nous mettre une typographie à la Indiana Jones en exergue, mais au final, la musique est à l'image du film de Don Hall, son premier effort en seul maître après avoir co-réalisé Vaiana (2016) puis Raya (2021). Seul le personnage du grand-père, à un grattage de fesses près (heu, non rien, voilà), se hisse au niveau convenable de ce à quoi nous on nous a habitués.