AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Bolt, en français Volt, Star Malgré Lui, réalisé par Chris Williams (scénariste depuis Mulan) et Byron Howard (animateur depuis Pocahontas), sorti en 2008, n'est certainement pas un chef d'oeuvre, mais il permet déjà à DISNEY de remonter la pente d'un point de vue qualitatif et suite au rachat de Pixar l'année précédente. Il y a certes une persistance dans l'emploi d'une 3D "obligatoire", mais il faut savoir que ce film est le premier DISNEY « chien » depuis longtemps, le seul sur une période qui semble ridiculement longue quand on y pense, et surtout quand on repense aux 101 Dalmatiens, La Belle et le Clochard etc.

Volt, un chien élevé par une demoiselle nommée Penny, tous deux devenus stars d'une série d'action, n'est jamais sorti des studios d'Hollywood. Lorsqu'il se retrouve accidentellement séparé d'elle et lâché en plein New York, il n'arrive pas à croire que la vie réelle est autre chose que la sienne jusqu'alors. Savoureuse histoire d'un acteur qui joue son rôle au point d'en être totalement imprégné, et sur le chemin du retour, la chatte Mittens/Mitaine et le hamster Rhino auront fort à faire pour l'épauler. Ce cher John Travolta incarne lui-même Volt en V.O. (en français, Richard Anconina), tandis que Mitaine a la fraîcheur juvénile de Miley Cyrus, star de la série Hannah Montana (en français Marie Vincent, la Castafiore du dessin animé Tintin, et tant d'autres).

John Powell, le compositeur, était plus habitué à Dreamworks auparavant (Fourmiz, Le Prince d'Egypte, Shrek), mais il redonne à DISNEY une couleur folk qui avait réussi à Cars, quoique de façon moins explicite. Le thème principal est une mélodie proposée dès le départ, franchement réussie et introduite par un célesta tendre, au moment où Penny adopte Volt. On la retrouve avant la fin, lorsque Volt et Mitaine se séparent. Lorsque Volt quitte New York, les cordes même orchestrales sont ouvertement country, idem lors de la dernière partie du voyage vers la Californie. Répétitions simples donc, mais efficaces. Sans oublier la guitare acoustique au moment où Volt va quémander.

Un effet rare (et pas vu depuis la Belle et le Clochard), c'est la mandoline utilisée pour Mitaine la première fois qu'elle apparaît. Il y a un peu de jazz également, le saxophone des pigeons à New York, la séquence de la SPA... Mais, quoique de bonne qualité, le reste demeure anecdotique. Quelques cordes façon péplum pendant le discours du réalisateur de la série et un instrumental drum'n'bass pour les épisodes de la série elle-même se laissent gentiment écouter, l'orchestre en fond sonore explosif de la scène incendie ne dérange point.

Cette bande originale manque peut-être de personnalité, tout comme le film lui-même a du mal à s'imposer face à d'autres sur le long terme (disons que ce n'est jamais le premier qu'on cite), mais il demeure un sentiment agréable et une réussite tout à fait convenable. Les chansons, rares, en font partie, dans un registre folk/country éclatant de nouveau. Jenny Lewis se réserve la très jolie "Barking at the Moon", traduite de manière hasardeuse en "Un Chat, un Chien et un Rongeur", mais de façon plus ouverte et collant au script que le texte d'origine. La Canadienne Pascale Montreuil (voix de Sarah Jessica Parker et Helena Bonham Carter dans son pays) l'interprète en français.

Quant à "I Thought I Lost You", laissé tel quel, il revient de droit aux deux stars du film, John Travolta et Miley Cyrus. Si la blondinette n'est pas aussi flamboyante qu'une Olivia Newton-John, le style pop californienne sied fort bien aux deux voix conjointes et pourtant bien écartées en âge. Une fraîcheur se dégage et offre un rideau seyant à cette partition comme à l'action sur les rivages de l'océan Pacifique. Sans viser haut, il n'y a pas besoin de plus, et tandis que DISNEY, guidé par un chien, relève la tête doucement mais sûrement au détour de la période 2008-2009, Pixar voudra se maintenir dans les airs, en vain.