AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

DISNEY geek par excellence, avec une esthétique japanisante moderne au début qui se mue en film Marvel, Big Hero 6/Les Nouveaux Héros de Chris Williams (co-réalisateur de Volt, Star Malgré Lui) et Don Hall (scénariste depuis Tarzan, animateur depuis Kuzco) est une surprise agréable. Le film est marqué par l'amitié entre Hiro, jeune inventeur, et Baymax, un gentil robot médecin créé par Tadashi, le grand frère et modèle de Hiro. Tadashi perd la vie dans un incendie en voulant sauver le directeur de l'école de surdoués à laquelle il appartient et dans laquelle Hiro vient d'être accepté. Quelques semaines plus tard, ce dernier et ses amis de l'école deviennent des super-héros en suivant leur talent d'inventeurs, pour contrer un homme masqué aux pouvoirs étranges...

Le film se tient, on ne voit pas le temps passer, l'idée d'un croisement entre Tokyo et San Francisco est sympathique, Baymax demeure la meilleure idée proposée, loin de certains personnages antérieurs du même style - Don Hall dit qu'ils voulaient un robot jamais vu avant -. Beaucoup de visuel donc, et naturellement, la musique n'est pas le coeur de l'intérêt, mais si on a apprécié le résultat pour Planes, ça devrait être pareil ici. Il est logique qu'elle soit l'oeuvre de Henry Jackman, qui a travaillé pour Les Mondes de Ralph deux ans avant, et qui a entre-temps commencé de travailler pour Marvel avec Captain America 2.

Pas de 8-bit pour le coup, mais en effet, on retrouve le mélange rock et orchestre qui a permis aux films animés de 2012 et 2013 d'atteindre un bon niveau. La basse, les toms et un gros son heavy-metal sont utilisés pour les combats de robots au début, après une entrée en matière pourtant très folk et douce. Ensuite, le jeu de la guitare électrique se trouve souvent agrémenté de cordes, et le mélange n'est guère plus lourd que d'habitude. Preuve d'une formule qui marche, on s'en délecte, même si certains éléments ne créent guère l'étonnement voulu, tel le riff ultra-connu de "Eye of the Tiger" du groupe SURVIVOR cité au moment où Hiro présente sa machine pour être admissible à l'école de Callaghan.

À d'autres moments, ce sont des éléments électro qui se joignent à l'orchestre, logique vu la touche cybernétique de l'histoire. Les plus remarquables interviennent au moment de la course effrénée sur les collines qui évoquent celles de Frisco, avec des silences bien placés. Autrement, les boucles modernes et orchestrales prennent une allure tribale, intonations funk et ajout de percussions compris, pendant les scènes de combats les plus importantes, ou au cours du générique de fin. La chanson des FALL OUT BOYS, "Immortals", la seule du film, se fond dans cet ensemble avec justesse (lorsque les héros deviennent super-héros), en plus d'être bien écrite et très agréable.

Ces effets rythmiques sont de beaux faire-valoir pour un orchestre qui domine la partition. Quelques variations sur les cordes, atonales dans l'usine des micro-robots, douces et saupoudrées de clarinette pour les plus tendres et dramatiques, sont aussi à relever. Le point culminant de ce style "rockorchestral", c'est l'un des thèmes principaux du film, celui qui rapproche Hiro et Baymax, aérien à souhait on peut le dire, puisqu'il correspond aux scènes d'envol du robot conjuguées à de superbes plans d'ensemble de la ville et sa baie. Le dernier morceau avant le générique, un folk serein aux influences sudistes apporte un supplément de magie ensoleillée.

Les Nouveaux Héros est à l'image de la plupart des bons DISNEY (hors-princesses) et Pixar d'alors, une oeuvre de l'instant plus que du long terme, en tout cas très chouette, même musicalement.