Malaise. Tristesse. Ça fait mal... Il y a les remises en question, chose naturelle. Et puis il y a ce que Pocahontas 2, un Monde Nouveau est à DISNEY. Quelqu'un a dû débarquer avec ses gros sabots dans les studios un jour pour dire "Y en a marre des princes charmants !". John Smith, Shang, Aladdin, Eric, Philippe, la Bête, tous de gros machos et reflets abjects de la vieille société patriarcale, c'est bien connu...

Du coup, on se retrouve avec une Pocahontas qui vire totalement de bord, dès le départ. À nouveau chargée de sauver son peuple contre Ratcliffe et la couronne anglaise, elle traverse l'océan et change aussitôt d'attitude à peine débarquée à Londres pour goûter à la vie citadine, mais en plus, ce film secoue les bases même de la philosophie DISNEY au cinéma. John Smith en sait quelque chose, lui qui, mis à part deux ou trois sursauts d'héroïsme, est bien mis à mal, presque un pantin grotesque et que Pocahontas oublie vite, par deux fois. Ah non, c'est vrai, au début ils précisent quand même que ça fait "des mois" depuis le 1er film !

J'ai beau être ouvert, philanthrope, là c'est trop. Entre ce revirement scénaristique qui prend forme dans les moeurs de plus en plus couramment et l'esprit Rebelle, non pas le film mais le fait que Mérida est souvent vantée de nos jours comme la meilleure princesse DISNEY "de loin car elle n'a pas besoin d'homme, elle au moins !" (Cendrillon, Belle, Jasmine, Mulan, des êtres faibles, c'est bien connu...), je ne sais pas ce qui m'affecte le plus.

Le seul mérite du dessin animé de Tom Ellery et Bradley Raymond, c'est de se rapprocher de la réalité historique (John Rolfe a vraiment existé et épousé Pocahontas), et de mettre en scène le roi d'Angleterre, prétexte à un doublage soigné par Jim Cummings et, en français, Jacques Ciron. Quand on sait que ce dernier a fait également le Chapelier Fou d'Alice au Pays des Merveilles, le seigneur Pélinore dans Merlin l'Enchanteur, DISNEY anglais vraiment touchant pour le coup...

Parce que même musicalement, figurez-vous qu'il n'y a point trop de meubles à sauver. Pour une fois, la meilleure chanson proposée est celle d'un méchant, Ratcliffe bien sûr. "Things Are Not What They Appear"/"Méfiez-vous des apparences" est pleine de cette malice dont on se délecte habituellement dans ce style de morceau, interprétée par David Ogden Stiers (VO) et Patrick Rocca (VF, commissaire Darzac de Julie Lescaut).

La chanson de Pocahontas, "Where Do I Go From Here"/"Au seuil de mon avenir" n'est pas mal mais DISNEY a fait mieux, même dans d'autres suites à l'époque, sans parler de l'histoire... On préfère le duo réalisé en VO par la "princesse" (Judy Kuhn) et "John Rolfe" (Billy Zane), "Between Two Worlds", un slow bien sûr mais franchement bien interprété et arrangé, pour le générique de fin. Chose dont nous, Français, avons été privés puisque celui-ci se contente de reprendre d'autres chansons entendues dans le film...

Musique plus que moyenne, qui laissait espérer bien mieux au début, entre un port de Londres nocturne et mal famé qui évoque les débuts de Basil Détective Privé, même dans les notes choisies, et quelques effets mignons durant le temps court où Pocahontas reste en Virginie. Le reste du temps, on note une poignée de siciliennes et de thèmes royaux, flotte navale et couronne d'Angleterre obligent, visant à nous séduire sans trop y arriver, tout comme l'emploi du xylophone échevelé par trop récurrent dans les chamailleries entre Meiko et Percy, dose d'humour inévitable. Une flûte de pan s'invite à une ou deux reprises, mais cela marche mieux dans "Between Two Worlds", là aussi.