AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Jusqu'en 2025, les suites de grands films DISNEY étaient réussies. Et puis arriva, comme un cheveu sur la soupe, Moana 2/Vaiana 2, déjà avec une différence certes, il est vrai. Le premier volet en 2016 reposait sur le talent de John Musker et Ron Clements, deux anciens qui avaient fait leurs preuves, alors que ce second marque une tentative de passer à la réalisation par David Derrick Jr., ancien scénariste pour Dreamworks qui est rentré chez DISNEY pour l'adaptation 3D du Roi Lion en 2019, et a continué pour Raya (2021), Encanto (2021), ainsi que le très dispensable Avalonia (2022). Avec Vice Versa 2 qui a précédé de peu sur l'univers Pixar, on commence à se dire que depuis La Reine des Neiges 2 (2020), cela commence à faire pas mal de suites en grande pompe. Si manque d'idées il y a, ce qui peut toujours arriver et on le comprend bien, tout comme savoir que l'entretien de grosses équipes doit se solder par le fait que ça doit bien tourner (et cela donne un milliard d'entrées heu, mérité ?), au moins, qu'il y ait un bon résultat artistique à la clé.

Vaiana 2 a beau présenter à nouveau le bel univers de îles océaniques et des légendes maoris, nous faire retrouver les personnages attachants que sont Maui (toujours doublé par Dwayne 'The Rock' Johnson) et la principale intéressée (par Auli'i Cravalho), légèrement grandie, ce n'est au final qu'une suite de gags sans queue ni tête et de dialogues tout aussi peu drôles entre personnages hyperactifs, sans jamais - ou si peu - de profondeur. Les quelques CGI tempétueux de la fin ne compensent guère cela, et ne parlons pas du manque de qualité des chansons... Ou plutôt si, tout de même, car c'est l'objet de cette chronique !

Là en revanche, c'est l'inverse des réalisateurs : autant en 2016 on avait Lin-Manuel MIRANDA comme 'petit nouveau' pour soutenir le vétéran Mark MANCINA, ce qui donnait un résultat franchement splendide, autant là, ce dernier est seul et nous déçoit. Surmenage ? Quand on sait qu'à côté de cela, il livre une partition sobre mais très plaisante à Juré N°2, le dernier Clint Eastwood lui aussi sorti en ce début d'année ! Bon, il a bien quelques mains diverses pour l'aider comme Opetaia FOA'I, à l'instar du premier film et pour toute la couleur d'Océanie, avec en prime le tandem Abigail BARLOW/Emily BEAR qui a composé une comédie musicale autour des Chroniques de Bridgerton en 2021, la seconde, pianiste ayant eu pour mentor feu Quincy JONES et accompagné BEYONCE.

Pour autant, ce nouveau souffle n'est pas aussi frais qu'on peut l'imaginer. Et sans faire de chichis, ce sont clairement les apports les plus proches de la musique traditionnelle maorie qui font l'intérêt musical de Vaiana 2. Ça pullule, il y en a dès le départ et jusqu'à la fin du générique de conclusion, sur les titres directement concernés et parfois même sur ceux en anglais même non pop ("My Wish for You", "Finding the Way"), plutôt courts dans l'ensemble. Ce sont souvent les voix féminines qui dominent, dès les premières secondes d'ouverture d'ailleurs, mais "Tulou Tagaloa (Sei e Va'ai Mai)" se termine après une belle montée lumineuse à l'orchestre par le choeur masculin, question d'équilibre. Le chant tribal-percussions festif du village, "Tuputupu (the Feast)" est court, mais à l'avenant aussi, et les voix planantes de "Mana a Vavau" font leur effet.

Et puis il y a donc les pop-songs, rendues assez fades par les éléments déjà mentionnés. "Notre Paradis" fait un instant illusion, aussi parce qu'on est contents de retrouve Vaiana, en français la voix-sourire de Cerise Calixte... Mais très vite les villageois s'en mêlent et la comédie musicale s'embourbe ; à part la petite accélération instrumentale suivant la course de bateaux, il n'y a plus rien à en dire. C'est toujours mieux que "Je Peux Avoir un Chee-Hoo ?", la chanson de Maui où seul le synthé solo offre une bonne surprise, "Invente Ta Route", soul-rock de pseudo-méchante qui au moins se démarque et nous fait profiter de la belle voix d'Ana Ka, ou, plus grave encore, "Aller Plus Loin", la 'ballade de princesse' plutôt bavarde que véritablement charmante, loin des canons DISNEY en cette matière.

En fait, quitte à radoter, les studios chéris peuvent bien nous abreuver de paroles positives, même d'épanouissement personnel tant qu'ils veulent, mais que ce soit bien fait. Et là, ce n'est pas le cas, avec une palme décernée à "Que Peut-on Rêver de Mieux ?" pour ce qui est de faire le mieux naître les convulsions névrotiques, entre l'absence de mélodie encore, le dialogue fatigant, même le rap féminin de Loto (celle qui construit le bateau) qui ne dure pourtant que vingt secondes. En termes de pop exotique, on préfère "L'explorateur", dernière chanson de l'ensemble au refrain le plus sympa peut-être avec ses 'ohé ohé'. Pareil pour la version de "Beyond"/"Aller Plus Loin" à touche r'n'b légère lors du générique de fin, histoire de profiter un peu de l'accent maori en anglais d'Olivia FOA'I, progéniture du compositeur Opetaia et membre du groupe familial TE VAKA, que l'on entend bien sur la BO donc.