La Petite Sirène 2 : Retour à l'Océan par Jim Kammerud et Brian Smith est une bonne surprise. Avec un tel titre, on s'attend à ce que le scénario soit construit en miroir avec celui de l'un des plus beaux films d'animation jamais créés, mais ce n'est pas à Ariel qu'on le doit, enfin pas tout de suite ! On le doit à Morgana, la soeur d'Ursula tout aussi méchante qu'elle, et à Mélodie, fille d'Eric et Ariel, qui se sent mal en tant qu'humaine et se laisse prendre. La quasi-totalité des voix de 1989 est présente, même en France (Guyot, SALVADOR, sauf Jacques Deschamps/Roi Triton qui décède moins d'un an après la sortie du film).

Malgré une animation très connotée "DISNEY sorti en vidéo", on retrouve la beauté des couleurs dans certaines scènes, tandis que musicalement l'équipe a misé sur l'effet gagnant. Ce n'est pas Alan Menken directement, mais il demeure présent par le biais de citations plutôt bien tournées ("Part of Your World"/"Partir Là-Bas" en tête, évidemment), et ça, on le doit à Danny Troob, orchestrateur du Maestro sur plusieurs films ultérieurs. Et puis le couple Silversher, Patty et Michael, fournit aussi un effort honorable.

Une bonne idée de Troob est de revenir à la formule DISNEY à l'ancienne, en laissant à l'orchestre l'entièreté ou presque du champ musical. Sebastien le crabe, Samuel E. JACKSON en V.O et Henri SALVADOR en V.F s'arrange pour détourner les choses comme il aime, à deux moments : le début et la fin. Si pour nous qui avons encore bien "Under the Sea"/"Sous l'océan" en tête, la fin joyeuse, appelée "Here on the Land and Sea"/"La terre et l'océan", n'est pas tant surprenante, mis à part pour le plaisir d'entendre Ariel et sa fille se joindre au choeur, il se trouve que le début nous impressionne davantage !

Pour le baptême en bateau de Mélodie, Ariel chante une berceuse vite transformée en chant de marin, avec Eric qui se prête au jeu, bien accompagné par le choeur et l'orchestre, et ensuite, plongeant sous l'eau, en reggae mené par Sebastien et avec une toute autre forme de cuivres. Rarement DISNEY a mêlé tradition hollywoodienne et musique plus moderne de cette façon, et le résultat est à la hauteur. "Down to the Sea" est une belle entrée en matière.

Troob ensuite, organise les choses avec une certaine aisance, bande sonore accompagnante mais point forcée ni trop discrète, avec notamment un affrontement final brillant dans ses variétés de tons, jamais "lourd". Le reste du temps, on rencontre pas mal de quartes augmentées (la fameuse dissonance qui fait, elle aussi, le sel du septième art), de hautbois et cor anglais comme sur le film original (et le "Galop infernal" d'OFFENBACH aussi dans un tout autre genre). Les musiques les plus cristallines sont gardées pour Atlantica, la cité des sirènes et on nous sert de belles valses folk aux cordes.

Pas de quoi redire donc, ou si peu : il n'y a qu'une poignée de chansons et celle de Tip et Flash, le pingouin et le morse, n'est pas indispensable, tout comme leur séquence d'apparition. En France, on ne peut même pas dire que c'est au moins pour entendre Laurent Gerra dans son seul doublage d'animation. En revanche, le duo entre Mélodie et sa maman Ariel ("For a Moment"/"Ce grand moment") fait s'entremêler deux voix claires, non sans émouvoir fortement ! Sebastien devait chanter plus de chansons a priori, mais pas mal de reprises ("Octopus's Garden" des BEATLES, traditionnels) comme en témoigne le CD contenant la bande originale du film, en V.O seulement.

Le générique est vraiment très chouette, même si c'est une reprise de "Part of Your World" dans une couleur r'n'b. On y entend de vrais instruments et il n'y a pas un seul instant le côté factice des productions musicales de l'époque ! La batterie en cascade, les guitares grasses sont là pour en témoigner. De quoi donner presque envie de surnoter !