AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Folk, trois temps. Ces deux critères pourraient bien résumer à eux seuls l'esprit de la bande originale du Voyage d'Arlo (The Good Dinosaur), du film aussi d'ailleurs. Débuté par Bob Peterson, il est achevé par Peter Sohn, touche coréenne de Pixar dont il est un grand ponte. L'idée est de rendre hommage à Dinosaure, sorti en salles 15 ans plus tôt, mais sous forme d'uchronie (façon de réécrire l'Histoire).

Une intro excellente nous montre le météorite arrivant à toute vitesse vers la Terre et... passer à côté. C'est bête, mais j'adore l'idée ! Les dinosaures évoluent avec les millénaires, et Arlo se trouve être le dernier né d'une famille... fermière. Son père meurt dans un accident en montagne en voulant le sauver de la rivière en crue pendant un orage, cette même rivière qui entraîne Arlo loin de chez lui. Il croise ensuite divers personnages plus ou moins gentils.

Mychael DANNA, compositeur canadien qui s'est déjà fait remarquer avec le road-movie Little Miss Sunshine de Jonathan Dayton et Valerie Faris, ainsi que le multi-récompensé L'Odyssée de Pi d'Ang Lee, entre autres, divise les trois mouvements de la bande originale en suivant les temps du film. Passée l'intro météorite, on a la partie "ferme des dinosaures", puis le long voyage d'Arlo qui est en fait celui du retour, et le final plutôt court. Ce dernier reprend, en fait, tout comme le décor, les mêmes éléments que la section "ferme", y compris en termes musicaux.

On parlait de folk et c'est précisément là que Mychael DANNA dévoile tout un savoir-faire country. Le fiddle (violon irlandais) règne en maître sur des parties mélodiques bien américaines égayantes, émouvantes. Car oui, la ferme près des montagnes, c'est l'évocation de l'Ontario ou de l'Alberta, de l'Idaho ou du Montana, du Kansas ou de l'Oklahoma, dinosaures ou pas. Une sorte de doux cliché qui fait autant de bien à entendre, comme à voir. Il n'y a pas de quoi sauter au plafond – encore que, l'aparté des lucioles, avec son thème nocturne, nous fait tellement penser à Mufasa et Simba, 21 ans plus tôt -, mais ça reste tout de même très plaisant.

Le voyage de retour reprend parfois les mêmes éléments, du côté du fiddle surtout et des guitares slide (celles qu'on joue avec un cylindre en métal posé sur l'index). Les musiciens ponctuent les scènes de résonances et autres effets sympathiques. Cette partie, cependant, plus contemplative met mieux l'accent sur les percussions ainsi que les flûtes. Il n'est pas rare d'entendre un "recorder" comme disent les Anglais, c'est-à-dire une flûte à bec, ou alors de façon surprenante, une flûte de pan. Le résultat est d'autant plus agréable que le jeu de percussions est lui-même diversifié, avec des tams-tams mais aussi pas mal de modèles métalliques, javanais ou extrême-orientaux en partie. Et puis ce piano-jouet, au son si particulier, miam... Quant au générique de fin, il sonne tout à fait comme celui de Rebelle - mis à part l'absence du chant -, re-miam.

Mychael DANNA a donc voulu donner une couleur tribale que l'on apprécie grandement à travers cette B.O. très colorée qui rappelle Life of Pi/L'Odyssée de Pi du coup et avec dignité, malgré quelques idées plus dispensables – l'alliage avec l'orchestre hollywoodien parfois –, à l'instar du scénario. En outre, il y a une empreinte folk séduisante, chose qui a rarement fait défaut à DISNEY. Ce film est beau, certains pourront toujours critiquer le rythme trop lent mais ce critère n'en est que plus précieux, à notre époque d'ultra-connectés depuis la plus petite enfance. En tout cas, Le Voyage d'Arlo dépasse clairement le précédent effort des studios consacré aux dinosaures !